Les bulles remontent toujours à la surface du lac

Il y a maintenant plus de 8 ans, un jour, en se moquant de moi pour le caractère arriéré de ma communication, mon fils me défiait de créer un blog… il me proposa de me faire une maquette, ce qu’il fit en un tour de main et je me lançais dans l’aventure d’une chronique quotidienne… sur « L’AUTRE QUOTIDIEN » qui est devenu « ROUE LIBRE ». Au total plus de 2 700 chroniques quotidiennes ont été publiées puisque j’avais décidé (coup de folie) d’écrire moi-même un texte chaque jour. Un sorte d’exercice « journalistique » très exigeant puisqu’il faut être fiable dans l’engagement alors que souvent les journées ont été très longues. Souvent le sujet a du mal à émerger, les infos sont difficiles à retrouver et surtout il est inenvisageable de ne pas afficher une position polémique ou non fiable !
Je me suis souvent demandé si cette assiduité avait un intérêt pour les autres. En tous cas elle en a une pour moi car elle me permet d’avoir une bouffée de liberté qui me manque grandement dans le milieu politique. Sans cette respiration de l’écriture je serai « mort » intellectuellement depuis belle lurette et je serai devenu un aigri recroquevillé et misanthrope. C’est indispensable à mon équilibre personnel alors le reste je m’en moque. Il me faut bien avouer que le plus dur pour moi c’est chaque soir de fixer la limite de l’autocensure (et ce soir surtout!) ! Se lâcher totalement causerait trop de dégâts autour de moi et donnerait une idée tellement détestable de ce « milieu » sans foi ni loi que j’alimenterai ce populisme que je condamne farouchement. Pourtant il est impossible de ne pas reconnaître que, trop souvent la vérité dépasse la fiction… Chaque soir en comparant les valeurs qui ont toujours été les miennes et la réalité humaine que j’ai rencontrée dans la journée je prends un coup au moral. Admettre que la perception instinctive qu’ont les citoyens de ce monde n’est pas encore au niveau des agissements quotidiens nécessite un effort que je peux pas toujours faire. Je veux encore y croire !
En fait le « milieu » politique concentre tous les aspects de la société dans laquelle il se trouve mais comme il est relativement restreint il les concentre. Et en plus de 45 années de participation à tous les niveaux, de la cave du militantisme aux responsabilités nationales, je constate que peu de choses ont changé et que les comportements depuis les portraits de La Bruyère sont immortels. Reprenez chaque personnage et vous pouvez lui donner aisément un nom !
D’abord il existe une loi du silence à respecter en politique où pourtant on doit la ramener pour exister. Interdiction de témoigner d’un esprit critique avéré. La politique actuelle se résume par une adaptation de la fameuse phrase de Jean-Pierre Chevènement : « un élu ça ferme sa gueule ou ça s’en va ! ». Imaginez donc que ce blog n’a jamais arrangé mon sort au sein de la Gauche et ne m’a valu que de la haine féroce de la part de la Droite. Que je suis bête ! Le bilan est largement négatif. Et comme les bulles qui remontent du fond du lac les reproches finissent toujours par remonter à la surface chez mes amis. Souvent elles éclatent dans la discrétion mais souvent très souvent elles me pètent à la gueule en dégageant les odeurs nauséabondes de la jalousie ou de la trahison. Il m’est impératif de me désintoxiquer immédiatement en me persuadant que ce n’est que provisoire ou même accidentel.
Plus on accumule de l’expérience et plus on repère les « bulles puantes » qui n’ont plus d’effet déstabilisateur. Se méfier… se méfier… toujours se méfier…Usant et déprimant !
« Dis-toi m’avait confié André Labarrère que chaque fois que quelqu’un t’assure avec insistance de son soutien inébranlable c’est qu’il prépare une trahison. Le vrai ami sait que tu sens sa sincérité il ne te le dira pas ! » Il faut savoir qu’au fil des années l’amitié s’efface de toutes les manières car elle ne résiste pas aux ambitions personnelles. Pour la faire vivre il est indispensable que l’un(e) accepte de s’effacer devant l’autre et se mette à son service de manière désintéressée. Combien de fois m’a-t-on prévenu que « Roue Libre » était surveillée, scrutée, décodée et que donc, le moment venu je paierai la note de ma liberté ? C’est facile à voir avec l’utilisation de noms codés dans les abonnements… mais je crois que c’est encore plus excitant ! Inutile de se plaindre quand la note arrive. « Dire » ce n’est pas grave… « écrire » c’est une faute ! En politique plus qu’ailleurs.
Ensuite il est vraiment essentiel de se méfier de l’ombre sur les autres en ayant des idées, des arguments, de l’imagination. Toutes celles et tous ceux (et ils pullulent) qui sont persuadés qu’on leur doit une place au soleil n’aiment vraiment pas qu’on leur cache trop longtemps les places bien exposées. Les « carriéristes » arpentent des allées du pouvoir, prêts à se faufiler dans tous les entrebâillements des portes. Ils sont même spécialisés dans le pillage des « vieux »… qui ne s’aperçoivent pas qu’ils deviennent des proies faciles dès qu’ils ont mis un genou à terre. On les rassure, on les cajole, on efface l’ardoise qu’on leur doit pour vite tenter de les pousser vers la sortie. « Tu n’auras jamais pire ennemi que celle ou celui qui a bénéficié de ton soutien. Plus il te doit quelque chose, plus il sera impitoyable avec toi et si tu lui rappelles il te tuera encore plus vite ! » m’expliquait au cours d’un repas mémorable dans le restaurant scolaire du collège de Créon l’ex-maire de Pau. Combien de fois j’ai pu le vérifier. Alors en l’écrivant peut-être que je serai soulagé. Ce soir j’ai vraiment envie volontairement de tourner la page ! Ca m’arrive au moins jusqu’au lendemain !

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Cet article a 3 commentaires

  1. J.J.

    « Je me suis souvent demandé si cette assiduité avait un intérêt pour les autres »

    Oui, au moins pour un lecteur, mais je ne suis certainement pas le seul !

    Quand le matin j’ouvre le courrier, c’est « Roue Libre » sui sort en premier, avant de regarder l’actualité dans les journaux.
    Les infos de 7 heures sur France Musique sont plutôt succinctes mais je ne veux pas m’infliger dès le matin France Info où ça tourne en boucle, ni la logorrhée épuisante et gesticulante de France Inter.

    Et de temps à autre, je lâche ma bile en faisant un commentaire plus ou moins subtil et bienvenu sur le sujet du jour.

    Continue, Jean Marie, continue, tant que tu y trouves satisfaction.

  2. Fourny

    la plus grande difficulté après un article « un billet d’humeur de Jean-Marie Darmian ,c’est que dire que rajouter?
    le ressenti et l’analyse que je partage bien souvent, l’écriture incisive, claire, brillante, dans lesquels je me retrouve souvent, malgré une génération, une formation, une origine géographique différente, (la ruralité par rapport à un urbain né et élevé dans une banlieue ouvrière) me poussent à soutenir ces propos, sans flagornerie et sans la qualité de rédaction,
    Uniquement pour montrer que cette réflexion va plus loin que celle d’un seul homme, elle résument ce que beaucoup partagent me semble t il mais sans l’exprimer, coincés dans des contraintes dans le politiquement correct, dans le quand dira t on?
    la société devient cynique et le carrièrisme exacerbé, mais j’ai toujours connu cela depuis mon début de ma carrière professionnelle et en arpentant les alles du pouvoir politique, je ne suis donc pas surpris mais a contrario je ne suis pas fataliste, je crois et Jean Marie en est la preuve qu’il existe des hommes et des femmes qui ont des ambitions pour les autres même si ces ambitions passent et c’est normal par des ambitions pour eux-mêmes car comment peut on mettre oeuvre son idéal sans prendre les positions qui permettent de le réaliser dans un contexte concret et en faisant preuve de réalisme.
    les paroles de Labarrère que je n’ai pas eu l’honneur de connaître résonnent à travers l’histoire et la trahison à tojours été présente dans les enjeux de pouvoir.
    L’histoire est un éternel recommencement et je suis surpris par l’inculture historique de nombre de notre élite qui ne sait pas que l’avenir trouve son analyse dans le passé.
    ce savoir permettrait d’éviter bien des erreurs.
    Mais sous le prétexte de la modernité des technologies d’avenir, de la force des communications ont fait fi du passé alors que les évotuions techniques actuelles ne sont rien par rapport à celles de nos anciens.
    La révolution du moteur à explosion ou de l’électricité ou encore du chemin de fer ont bien plus entrainé le changement sociétal que la 4G.
    PAR CONTRE LA TENUE DE CE BLOG n ‘a pas que des cotés négatifs, elle permet de dire ce que tu es de ce que tu ressens loin de la pensée unique et surtout de montrer que des façons d’être differentes existent et rien que pour cela tu dois en être remercié.

  3. Vent d'est

    Vu de Nice, ce blog est un grand bol d’air quotidien !
    Continuez, c’est indispensable.

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