La mascarade du club des Girondins de Bordeaux se poursuit et il n’y a pas grand monde pour faire autrement que de jouer au plombier mettant ses dix doigts pour boucher les trous dans une « canalisation » financière percée depuis plusieurs années. Dans n’importe quelle autre activité économique il serait impossible de rester en cet état sans être immédiatement placé en liquidation judiciaire. Les collectivités locales qui s’évertuent donc indirectement à sauver ce club qui n’a pas le statut d’une association loi 1901 mais d’une activité d’intérêt économique lucratif sont à la limite du « soutien abusif ». En effet la définition en est simple : en jouant sur les actes (remises, report, allègement, gratuité, non respect de la réalité des sommes dues…) elles effectuent en effet indiscutablement un soutien abusif par le fait de la soutenir artificiellement (en lui accordant des concours financiers ou un crédit ruineux) tout en ayant connaissance de sa situation financière irrémédiablement compromise.
La Cour des Comptes devrait se rappeler ses injonctions relatives au Contrat PPP signé par un certain Alain Juppé avec l’accord de tout le monde hormis celui qui avait eu raison et qui a été cloué au pilori : Matthieu Rouveyre. Elle qui est prompte à scruter les moindres dérives de gestion devrait se saisir du sujet. Comment peut-on poursuivre sur la voie de la confiance dans une structure qui dépasse 130 millions minimum de dettes ? Comment continuer à ne rien voir, ne rien entendre alors que les très bonnes enquêtes journalistiques de Sud-Ouest dézinguent une gestion erratique ou « intéressée » du club depuis trois ans ? Comment faire comme si un redressement était certain alors qu’il est tributaire de résultats sportifs aléatoires ?
On apprend en plus qu’avant son nouveau passage devant le tribunal de commerce lui aussi très arrangeant le club aurait besoin de toute urgence de quatre millions supplémentaires pour maintenir à flot ce qui ressemble au radeau de la Méduse. L’actionnaire qui a récemment licencié des dizaines de membres du personnel n’a pas le choix : où il paye et accroît les sommes qu’ils espèrent un jour lui être remboursées (c’est uniquement son objectif) ou il coule définitivement la boutique et s’assoit sur ses remboursements potentiels. Jusqu’à quand durera l’hypocrisie du sauveur passionné par le club ? Le bal des vampires est ouvert depuis longtemps.
En Gironde le Président de la Chambre de Commerce a récemment alerté l’opinion sur les défaillances de commerces qui se multiplient. Avec 1 666 procédures de liquidations judiciaires pour les trois premiers trimestres de l’année 2024, contre 1590 sur l’ensemble de l’année 2023, la hausse culmine à 32 %. Il semble que la mansuétude soit moins grande pour eux que pour un club de football qui divague avec aplomb, arrogance et hypocrisie. Sans aucun patrimoine, sous le coup d’une réactualisation de la location du site d’entraînement du Haillan, obligé de jouer certains matchs à huis clos faute de forces de sécurité suffisantes pour séparer ses « supporters » (qui évoque les affiches sur Longuépée?) qui manifesteront unis si le club est expédié ad patres: avec des recettes en chute libre : le club part au naufrage. Qui est en mesure de donner un motif de satisfaction ou même une virgule de caution morale à ce qui se déroule à la manière d’un feuilleton relatant un lente chute aux enfers ?
Paradoxalement c’est cette situation apocalyptique qui sauve le club. La chute du PPP relatif au Grand stade représente un risque « politique » que personne ne veut assumer. Il n’y a qu’une seule solution qui a d’ailleurs été évoquée par des repreneurs éventuels : vendre le club et le lieu où il joue pour assainir une situation qui ressemble au fil d’une canne à pêche emmêlé et que l’on serre de plus en plus en tentant de tirer sur les extrémités. « La seule façon d’intéresser des investisseurs est d’avoir un actif sur lequel se baser a déclaré récemment le leader des repreneurs. Le stade est un actif immobilier sur lequel on peut faire beaucoup de choses, dont de l’événementiel, ou du développement économique autour. Cela intéresse des gens. Sans cela, le club n’intéresse personne. La seule façon d’attirer un ou des investisseurs c’est d’avoir un actif. Et le seul actif que nous pouvons attacher aux Girondins (sic) est le stade.« Ont-ils été entendus ? Je me souviens ne jamais avoir conseillé autre chose ! Mais est-ce possible? J’en doute tellement le contrat du PPP est sibyllin.
Mardi le Tribunal de Commerce maintiendra encore le club sous respiration artificielle car il n’a pas trop le choix. Licenciements massifs, réorganisation interne à minima (Un ami footballeur des années soixante aux Girondins me rappelait que le club alors en D1 et une réserve en D 3 fonctionnait avec deux entraîneurs et deux personnes administratives), injection de fonds venus de paradis fiscaux et un peu de promesses intenables l’affaire durera encore quelques mois.
La Mairie et la Métropole sont dans le collimateur des ponctions gouvernementales sur les collectivités majeures pour renflouer les finances publiques. Les choix pourraient donc devenir cornéliens. Mais dans le fond le plus important c’est de savoir si Les Girondins battront… Médoc Océan en Coupe de France. A huis clos sans chants homophobes ou racistes. C’est certain. C’est déjà ça !
Si vous êtes intéressé : Audition sur les relations collectivités locales clubs professionnelles au Sénat il y a bientôt 13 ans. rien n’a changé !
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Voilà qui évoque quelques points de convergence avec la gestion de nos Phynances nationales.
Insouciance, forfanterie et imprévoyance sont les trois mamelles de nos « élites » dirigeantes.
Bonjour,
je connais rien au foot et je m’en vante… C’est dire!
Le gaspillage de l’argent public, vous savez ce pognon qui n’appartient à personne et qui est bandant à gaspiller par des élus » pas nous, pas nous » si fiers de leurs méfaits, ça, ça m’intéresse!
« Ce stade, c’est ce qu’on appelle un « éléphant blanc », c’est le principe même du gaspillage de l’argent public : un gros investissement pour des manifestations sporadiques, avec des financements qui reposent sur trente ans. Car le deuxième scandale, c’est ce financement en PPP. Plus personne n’en fait. On a hérité cela des modèles anglo-saxons, et tout le monde sait que les collectivités perdent beaucoup d’argent dans ces PPP, en s’endettant sur trente ans.
Ce stade est mal né, il était parfaitement inutile. L’UEFA et Michel Platini étaient venus convaincre le maire de Bordeaux de l’époque [Alain Juppé] que pour accueillir l’Euro 2016 de foot, il fallait obligatoirement construire un nouveau stade. Et qui plus est un stade de 42.000 places, gabarit calculé uniquement en fonction de la fréquentation des matchs de l’Euro, mais totalement démesuré au regard de la fréquentation pour les matchs des Girondins, qui était de 25.000 spectateurs par match à l’époque. » Pierre Hurmic (EELV) maire de Bordeaux, et premier vice-président de la Métropole 24/08/2024 dans le gratuit 20 mn.
Le tour de passe-passe du tandem UEFA/Juppé consistait à vendre aux électeurs un stade 180 millions d’€ en lui cachant que le coût réel du PPP (qui dure jusqu’en 2045) a été évalué avec l’entretien et l’exploitation à 310 millions d’euros, une toute petite omission. Mais sans doute des grosses commissions. ( le coût réel serait de 350 millions, on va pas chipoter pour quelques millions)
Aujourd’hui l’exploitant SBA estime que trouver un repreneur ( pigeon bien venu) à 140 millions serait une aubaine!
Avec les loyers impayés que la métropole n’exige plus du club résident [4,7 millions d’euros par an], cela coûte une dizaine de millions par an à la collectivité compte tenu de l’entretien qui tombe aussi dans les charges.
Le marché immobilier est en crise, l’économie est en crise, les finances locales sont en crise donc si un client veut acheter le stade le hold-up est possible. Pas grave ce sont les contribuables qui paieront, c’est ça ou payer les bulldozers pour tout raser.
Une fois que le stade a été construit, tout fier Alain Juppé, en conseil municipal, avait lancé : « Monsieur Hurmic, vous êtes obligé de reconnaître que ce stade, il est beau ! ».
Le fiasco complet du montage financier est lui magnifique tout comme les promesses mirifiques de l’ancien Inspecteur général des finances Juppé Alain.
Décidément nous avons l’élite politique que nous méritons.
Bon repos de fin de semaine
Pourtant, normalement, la Matmut , elle assure….
A ce stade , il faut le renommer d’urgence, je propose « le fiasco atlantique » .
Tout comme un député ne veut plus qu’ on utilise le terme » travail au noir » trop discriminant pour une partie de la population, je propose de supprimer l’emploi du terme « girondins de bordeaux » trop négatif pour tout les girondins vu l’état du club .
Je suggère » Les jacobins de bordeaux » et ainsi , l’ état pourra reprendre la dette ….
Cordialement.
Bez, Chaban, sortez du trou ouvert par Jean-Marie en ouverture de sa chronique quotidienne et venez sortir les Girondins de l’ornière où ils semblent se complaire. La nostalgie n’est plus ce bel été… Bof!