J’ai mal de tête tellement la cacophonie sur l’éventuelle vente de la filiale de Sanofi fabriquant du Doliprane est montée d’un cran dans la journée. Elle est même parfois parvenue sur certains plateaux à éclipser les frasques de Mbappé. Étonnante découverte du système médiatique que celle qui consiste à s’intéresser aux achats et donc nécessairement de ventes d’entités industrielles rentables. Dans le milieu des affaires ces pratiques sont tellement fréquentes qu’il faut qu’une marque symbole pour qu’on en remarque une. Deux hypothèses motivent ces sommes folles mises sur la table pour récupérer une activité rentable ou porteuse d’avenir : absorber purement et simplement un concurrent pour le réduire à néant et reprendre son activité pour dominer le marché ou l’exploiter tant qu’il est rentable avant de le dissoudre au moment opportun. Il n’y a jamais eu d’autres alternatives !
Depuis que la nouvelle du rachat par le fonds d’investissement américain CD &R d’Opella, qui commercialise le Doliprane, par Sanofi les solutions pleuvent et les menaces fleurissent. On a l’impression que chaque opportunité de se démarquer des concepts néo-libéraux pourtant mis en œuvre depuis une décennie soulage la Droite arrivée par effraction au pouvoir. C’est ainsi qu’après avoir creusé un déficit abyssal comblé par des emprunts, les soutiens antérieurs de la politique macroniste change sans vergogne leurs positions. Alors par exemple qu’ils ont gavé des entreprises durant la crise sanitaire et qu’ils ont distribué par des exonérations fiscales dont l’efficacité n’a jamais été contrôlée ils se posent désormais en censeurs zélés de ces décisions qu’ils ont parfois votées.
Lors de la séance de questions au gouvernement, le ministre Armand a été interpellé sur le sujet du Doliprane et il a répondu sans sourciller : « Oui, nous soutenons les entreprises, oui, nous soutenons l’emploi et l’industrie, mais cela ne peut pas se faire n’importe comment et à n’importe quelles conditions. » Mais c’est pourtant ce qui a été fait depuis des années. Une prise de conscience qui devrait l’amener à diligenter des centaines de contrôles car rien ne démontre que toutes les faveurs accordées au monde économique n’ont pas servi à engraisser les dirigeants ou les actionnaires. Chez Sanofi ou ailleurs. Pour s‘en convaincre le ministre a été jusqu’à proposer qu’on liste les cadeaux offerts à Sanofi… depuis dix ans ! Intéressant que ce soit publié au moment où l’on demande des efforts aux retraités !
Sûrement dans la nuit de lundi à mardi le Ministre il a aussi eu une illumination. Il s’est aperçu que certains secteurs essentiels pour la survie de la France pouvaient être… nationalisés ! Au moment où le Président de la République en lambeaux annonce qu’il faudrait privatiser la Française des Jeux, l’un de ses plus fidèles supporters veut entrer dans la capital d’un fleuron de l’industrie pharmaceutique. « Nous sommes prêts à demander des sanctions et l’étude d’une prise de participation publique pour que ces engagements soient tenus », a-t-il annoncé. Il a aussi évoqué une « possible présence de l’État au conseil d’administration » d’Opella. Par ailleurs « l’ensemble de la procédure de contrôle des investissements étrangers (Saint Montebourg priez pour eux!) » en France sera mobilisé si la vente devait être confirmée. Attention ce ne sont que des intentions ou mieux des effets d’annonce. Ils ont dû trembler du côté de Sanofi… et ils doivent se shooter au Doliprane !
Voici donc un gouvernement de Droite qui prend le contre-pied de tout ce qui a fondé le libéralisme prôné par Macron de manière certes soft et encore hésitante mais qui constate les limites de la libre concurrence et de la mondialisation heureuse. Monsieur Oudéa (époux de la célèbre ministre olympique) qui a navigué de l’Inspection des Finances au système bancaire privé, du rôle de conseiller de Nicolas Sarkozy à celui de PDG de Sanofi doit avoir une frousse terrible. Il connaît l’efficacité de l’État quand il s’agit de contrôler les multinationales. Il fournira au gouvernement actuel dont la durée de vie est de quelques mois toutes les assurances qu’il demande en sachant que ce que l’un a fait l’autre peut discrètement le défaire.
Opella vend déjà 90 % de sa production de son paracétamol à l’étranger au plus offrant. L’entreprise a son siège social en France et emploie plus de 11 000 personnes. Elle opère dans 100 pays et gère 13 sites de production de pointe et quatre centres de recherche et d’innovation. Avec un portefeuille de 100 marques leaders, comme Allegra, Doliprane, Novanuit, Icy Hot et Dulcolax, Opella est numéro 3 mondial des médicaments sans ordonnance, vitamines, minéraux et compléments alimentaires. Opella répond aux besoins de plus d’un demi-milliard de patients-consommateurs dans le monde. Ce n’est donc pas que l’histoire du Doliprane ! Ca mériterait en d’autres temps une lettre de cachet !
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Par ma Chandelle Verte ! Enfonçons les portes ouvertes : « Magouilles et carabistouilles sont les deux mamelles de la Phynance. »
Bonjour,
Juste une petite précision le coût de production de « chaque boîte de Doliprane, c’est 15 centimes. Le prix de vente, en pharmacie, c’est 2 euros. Donc, on voit que c’est très rentable. Eh bien cela, ça ne suffit pas à Sanofi », a dénoncé la n°1 de la CGT Sophie Binet. Sanofi a bénéficié d’ »un milliard de crédits impôt recherche en 10 ans » tout en divisant « par deux les effectifs en France, notamment des emplois de chercheurs », a-t-elle affirmé, appelant à « conditionner les aides publiques aux entreprises ». Comme c’est bizarre c’est toujours là où il pleut que ça inondé.
Bonne soirée