L’urbanisme est devenu au minimum un casse-tête pour les élus et un cran au-dessus un nid à emmerdements. C’est la principale cause de recours devant le tribunal administratif et probablement le motif essentiel de leurs déboires judiciaires. Il est impossible d’éviter des situations conflictuelles pour de nombreuses raisons liées à la complexité démentielle des textes qui se sont empilés au fil des ans; la contestation permanente de toutes les décisions, même si elles respectent la loi; les contradictions politiques constantes en matière de gestion de l’espace. Tout explose. Tout devient affolant et une autre catastrophe se prépare. Entre le n’importe quoi, le n’importe comment et le l’outrance du plus rien il n’y a plus aucune solution.
Les documents réglementant la constructibilité ou même la non constructibilité ne traduisent plus du tout une volonté des élus d’aménager leurs territoires mais constituent le condensé des calculs sibyllins des bureaux d’études. Ces derniers ont pris le pouvoir car ils sont les seuls à pouvoir construire des plans d’occupation des sols respectant normes et quotas. On entre dans la dentelle administrative dont se gavent les techniciens de l’instruction des dossiers. Ils cherchent tous les moyens de refuser un autorisation. Les centimètres prennent alors une importance décisive pour bloquer des programmes entiers de logements sociaux. Et comme souvent pour éviter ces obstacles il est indispensable de redéposer la demande, les projets prennent des mois voire des années avant d’être accordés.
L’urbanisation est par ailleurs farouchement contestée par celles et ceux qui en ont bénéficié. Les recours portent sur des motifs collectifs ou individuels qui laissent rêveurs. Plus de nouveaux habitants ! Plus de renouvellement de population ! Plus d’équipements collectifs! Laissez nous vieillir chez nous. La commune peut dépérir on s’en fout ! Ils critiquent d’autant plus facilement un Plan Local d’Urbanisme qu’ils ne se sont jamais exprimés sur son contenu et n’ont participé à aucun des rendez-vous de concertation proposés. Ils veulent du travail près de chez eux mais ni usines, ni équipements susceptibles de leur en donner. Ils souhaitent des services mais refusent les inconvénients qu’ils génèrent inévitablement. Mieux des ‘écologistes » circonstanciels réclament des constructibilités sur des zones protégées quand c’est leur propriété mais le refusent logiquement chez les autres.
La mode est à la protection de tout. Une intention louable mais qui tourne à l’obsession. Quand on juxtapose toutes les obligations protectrices il devient vraiment impossible de construire. Personne ne donne une solution. Tout le monde se contente d’accumuler ses interdictions qui sont majoritairement nécessaires mais qui se stratifient dangereusement. Au point que désormais l’élu se contente d’approuver une décision qu’il n’a même pas analysée ou même comprise. Il signe en se réfugiant derrière les attendus délivrés par une kyrielle de personnes anonymes statuant depuis leur bureau. La décentralisation de l’instruction a été rendue nécessaire par la complexité manifeste de tous les actes d’analyse. Contrairement à ce que pensent les élus elle ne le préserve de rien puisqu’en définitive ils assumeront les contestations éventuelles et les déboires qui vont avec.
Le passage au Plan Local d’Urbanisme Intercommunal a donné une nouvelle impulsion à la concertation entre les élus pour tenter de bâtir un document cohérent. Sauf que les contraintes liées à la réduction de artificialisation des sols provoquent des situations intenables. Après de savants calculs de surfaces n’ayant aucun sens dans la mesure où ils sont globaux sur un espace élargi et ne tiennent pas compte des situations locales la « marge de constructibilité » se transforme en confetti irréaliste. Toutes les lois s’opposent. Par exemple des communes sont dans l’obligation d’avoir 25 % de logements sociaux sous peine de lourdes sanctions financières mais n’auront qu’une surface dérisoire pour les autoriser. Lors d’une réunion le représentant des services de l’État imposant les 25 % auquel on objectait que son collègue du même service refusait la modification du PLUI pour y parvenir a eu cette réponse laconique : « ce n’est pas mon problème ! » et plus tard son alter ego a lâché : « construisez sur 4 ou 5 étages ».
Le pire est à venir car les effets de ce patchwork de lois, de règlements, de circulaires, de plans, de schémas, de sur-plans, de modifications et d’ajustements font que les possibilités de construire se raréfient à une allure vertigineuse conduisant à un double effet négatif : la rareté augmente automatiquement les prix, la recherche de solution s’éloigne de plus en plus des zones d’emploi. On n’en mesurera les conséquences que dans quatre à cinq ans avec une crise du foncier et donc de toutes les professions liées à son utilisation. Mais d’ici là d’autres textes seront votés avec une volonté manifeste de déconnecter les élus de toute possibilité de gestion de leur territoire.
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On constate aussi des situations aberrantes : sur le plateau voisin , assez aride qui connut cependant la richesse avec l’exploitation de la vigne, pus le déclin avec le phylloxéra, la végétation est surtout composée de ronces et de buisons d’épine noire.
Un temps occupées par un pastoralisme incertain, les étendues les plus proches de la ville ont été ont été urbanisées avec succès et l’urbanisation s’étend : une bonne chose car la plupart des terres sont impropres à la culture. Malheureusement, le seul bois restant dans une partie du territoire, et non proche d’une voie de circulation, et que la population locale voudrait protéger a été déclaré parcelle constructible et doit être rasé, les zones incultes et broussailleuses voisines, abritant des sangliers ne seront pas touchées.
Un bel exemple de « bon sens administratif ».