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L’ordre nouveau arrive… en paroles

«J’ai trois priorités: rétablir l’ordre, rétablir l’ordre, rétablir l’ordre. Je crois à l’ordre, comme condition de la liberté. Quand il n’y a pas d’ordre, la liberté est menacée» a martelé le nouveau ministre de l’Intérieur dans la cour de l’hôtel de Beauvau. Une vraie baffe décochée à son prédécesseur qui n’a cessé depuis son arrivée de clamer qu’il avait été et probablement resterait dans son esprit le garant de la sécurité des Français. « Vous allez voir ce que vous allez voir, je vais mettre au pas de l’oie tout le monde ! » Le sous-entendu était tellement évident que les gueules de ses ministres délégués qui faisaient tapisserie derrière lui se sont figés.

Impossible d’en savoir plus sur les méthodes et les objectifs de ce « nouvel ordre » ou peut-être « un Ordre nouveau ». Il faut peut-être rappeler que « l’ordre nouveau » fut un mouvement politique français, nationaliste et d’extrême droite, actif entre 1969 et 1973 année à laquelle il a été dissout. Habituellement classé dans le courant néofasciste, il utilisait la croix celtique comme emblème. Les pires craintes existent en effet quand ce mot sort de la bouche d’un détenteur du pouvoir. Il y a dans l’Histoire tellement de proclamateur de la nécessité de remettre de l’ordre dans la politique, la société et… parfois même les mœurs que cette déclaration a des allures préoccupantes.

Qu’un Ministre ayant en charge justement le « maintien de l’ordre » annonce qu’il va faire son boulot n’a en soi rien d’extraordinaire, d’autant que tous ceux qui ont occupé le place Beauvau ont eu la même obsession. Sauf qu’ils l’ont habillé avec le mot sécurité qui dans le fond était plus rassurant. Chacun a utilisé les statistiques à sa sauce pour expliquer que la société était moins violente, moins irrespectueuse des règles de la vie commune, moins avide de fric facile et surtout formée à l’autonomie et à la responsabilité. Décréter sur le perron d’un palais de la République que « l’ordre » devait être rétabli ressemble à un roulement des mécaniques de celui qui qui n’a rien d’autre à proposer.

Le plus inquiétant c’est que cette incantation soit lancée par un représentant de l’ordre moral qui par ses prises de position antérieure a toujours refusé de voir évoluer les règles sociétales. C’est souvent au nom du combat contre le désordre que l’on a empêché des conquêtes sociales. Les exemples sont nombreux où le pouvoir a utilisé son droit à la violence légale pour réprimer des mouvements légitimés avec le temps par l’intérêt général. Il n’appartient absolument pas à un ministre de prétendre donc appliquer une politique qui reposerait sur des valeurs qui ne seraient pas partagées. En effet ce n’est pas que le Ministre de l’Intérieur qui œuvre dans le cadre de la préservation de la sécurité individuelle. C’est avant tout le rôle de la justice qui applique les lois votées par les représentants du peuple. Or déjà les ministres en charge de la justice  et de l’intérieur affichent un profond désaccord! 

Les idées de l’ex-Président du groupe de droite du Sénat pense-t-il avancer vers l’ordre sans ses collègues de l’éducation et de la justice ? L’ordre c’est le respect des droits que possèdent les citoyens dans une démocratie. Ce n’est pas nécessairement une affaire de présence d’uniformes partout et tout le temps. L’ordre nécessite une prise de conscience qui n’existe plus et n’existera plus. Alors ce n’est pas une déclaration devant micros et caméras qui bouleversera les données actuelles. Le tropisme des immigrés responsables de tous les désordres permet aux mauvaises consciences de se faire une virginité. En effet le désordre il est partout avec le saccage de la nature, les entourloupes financières de tous ordres, dans le travail au noir, à la sortie des écoles, dans les stades, dans les lieux publics enfumés, dans les mensonges politiques… Il se nourrit de l’abandon des devoirs citoyens. Le reste c’est de l’esbrouffe ! 

Le renoncement et l’indifférence deviennent au fil du temps les éléments moteur du désordre. Lutter contre les discriminations, contre le racisme, contre l’exclusion, contre l’injustice est aussi efficace que tout autre méthode. Or ce ne semble plus être au programme du pouvoir actuel. Quand le ministre de l’intérieur celui de la justice réclame quelques heures après son arrivée des moyens supplémentaires pour simplement permettre l’application des lois essentielles à la protection des individus. Bien évidemment cette justice ne s’applique pas aux citoyens exemplaires qui les enfreignent en permanence sous prétexte que les autres le font et qu’ils ne voient pas pourquoi ils ne le feraient pas.

Admirateur parait il du Vendéen Georges Clemenceau, le Ministre provisoire des cultes de la personnalité aurait dû citer sur les marches de son nouveau bureau cette phrase lucide du Tigre : « en politique, on succède à des imbéciles et on est remplacé par des incapables ». C’est dans l’ordre des choses dans ce milieu.

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Cet article a 5 commentaires

  1. Pc

    Encore un guignol de plus, digne héritier de guignol Sarkozy, des bruits de botte inutiles et inefficaces.
    Ton texte resume bien le pb et la citation de Clemenceau for à propos.

  2. François

    Bonjour J-M !
    J’ai un gros problème. Oh, ce n’est pas catastrophique mais il paraît qu’il n’y a pas de remède : c’est la mémoire !
    Cette garce me rappelle qu’il y a quelques années, le maire (ou ancien maire?), voulant protéger du mobilier urbain, avait essuyé une branlée nocturne et se plaignait (à juste titre!) sur ces lignes de la mansuétude de la Justice accompagnées des encouragements des copains des délinquants … graciés !
    Or, que vois-je sur ce blog ? Tu t’élèves … par l’écrit contre un possible mais hypothétique retour de l’ORDRE … même si «  un bruit de bottes » déplaît à @Pc ! Et si c’était un entraînement à la possible rigueur future ? ? ?
    J-M, ta mémoire devient-elle passoire ?
    Le pardon « socialiste » a t’il tout effacé ?
    As-tu démissionné même de ton rôle de citoyen référant ?
    Je peux te paraître virulent mais , tu l’as compris, c’est dans le but d’encourager ta réponse ! ! ! !!!
    Si cela peut te rassurer, ce gouvernement n’est qu’en sursis car beaucoup de doigts s’approchent du bouton « censure » !
    Amicalement

  3. J.J.

    « Les pires craintes existent en effet quand ce mot sort de la bouche d’un détenteur du pouvoir. »
    Surtout lorsque l’on connaît les affinités, les antécédents et les convictions affichées du personnage.
    À vue de nez, il paraît vraisemblable que les LBD et autres tonfas ne prennent pas à l’avenir la poussière dans leurs râteliers.
    À part ça, peut on espérer quelque chose de positif venant d’icelui ?
    Je pense qu’après ces mâles et énergiques déclarations, les dealers et autres petits « commerçants » du même acabit tremblent de peur.

    Complétement hors sujet, mais je voulais quand même demander aux lecteurs et autres habitués s’ils avaient entendu ces propos (approximativement, je en les ai pas appris par cœur) qui vont certainement vous faire plaisir :
    « Les retraités, ces profiteurs, ces nantis, ces boomers qui se sont gavés, car ils se sont gavés, on va les traire comme des vaches à lait. Ce sont eux les responsables du déficit de l’état, etc. ».
    Et qui donc a prononcé ces propos pleins de bienveillance et d’humanisme, et surtout d’une grande véracité ?
    Monsieur Perico Legasse, 65 ans, qui apparemment n’en est pas à son premier dérapage(que l’on peut peut-être attribuer à un excès de conscience professionnelle dans l’exercice de sa profession de critique gastronomique et œnologique).
    Et où ai-je entendu ces folâtres propos ? Sur BFMTV, que j’ai regardé et écouté pour la première fois(mea culpa, mea culpa, mea maxima culpa), ayant été « interpelé » par cette délicate prise de parole : « Les retraités, on va les traire comme des vaches à lait ».

  4. JJM

    Voici quelques extraits,écrits de ses articles signés pour la revue commentaires de Leszek Kolakowski, philosophe Polonais et repris dans un volume « Comment être Socialiste + Conservateur+Libéral » »

    Un conservateur croit fermement: P.178 § 3
    Que l’idée de la Philosophie des Lumières-à savoir, que l’envie, la vanité, la cupidité et l’instinct d’agression ont toujours pour cause des institutions sociales défectueuses et disparaitront lorsque ces institutions auront été réformées- n’est pas seulement tout à fait invraisemblable et contraire à l’expérience, mais extrêmement dangereux. Comment toutes ces institutions ont-elles pu voir le jour si elles étaient tellement contraires à la nature profonde de l’homme ? Nourrir l’espoir que l’on pourra institutionnaliser la fraternité, l’amour, l’altruisme ,c’est préparer à coup sûr l’avènement du despotisme.
    Un libéral croit fermement 😛 179 §1
    Que l’idée ancienne selon laquelle la finalité de l’état est la sécurité garde toute sa valeur. Elle garde sa valeur même si l’on étend la notion de sécurité jusqu’à inclure non seulement la protection des personnes et des biens par la Loi, mais aussi tout un dispositif d’assurances garantissant qu’un homme ne peut pas mourir de faim s’il se trouve privé de travail, que les pauvres ne peuvent pas être condamnés à périr faute de soins médicaux et que les enfants ont accès à l’éducation gratuite. Ces obligations font également parties de la sécurité. Celle-ci néanmoins ne devrait jamais être confondue avec la liberté. L’état ne garantit pas la liberté par une action positive, ou en réglementant divers domaines de l’existence, mais en ne faisant rien. En réalité la sécurité ne peut se développer qu’aux dépends de la liberté. En toute hypothèse, faire le bonheur des gens n’est pas le but de l’Etat.
    Il ne représente aucun de ces courants de pensée;il sert La marine,donc une censure je n’y crois pas,elle a toutes les cartes en main.
    Maintien de l’ordre république de l’ordre??? cela conduit au despotisme!

  5. christian grené

    Merci Jean-Marie de me donner, à moi graine d’ananar, l’occasion de chasser l’heureux taïaut. J’ai mal au cor, mais je peux reprendre en choeur un couplet du grand Léo qui dort désormais en Toscane: »Le désordre c’est l’ordre… moins le pouvoir ».
    Voilà, y’a plus rien… à dire!
    Bonjour à tou(te)s.

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