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La France est plus que jamais en lambeaux

Le personnel politique installé à la tête des partis constitue une « ethnie » particulière dont les coutumes et les attitudes variables diffèrent totalement de celles de ce que certains appellent encore le peuple. Il passe son temps à décevoir, à trahir, à renoncer au nom du principe éternel voulant que ses intérêts individuels constituent selon lui, l’intérêt collectif. Et d’ailleurs ils ne cessent d’invoquer des grands principes pour justifier ce qui n’est que la défense de leurs ambitions ou la mise en évidence de leurs egos surdimensionnés. Ils oublient majoritairement très vite d’où ils viennent et à qui ils doivent leur poste. Rassurez-vous c’est valable à tous les échelons de la démocratie.

Tout en France est en lambeaux. La République n’a jamais été autant malmenée, dépecée, méprisée. Tout le monde s’en fout… royalement. Elle n’a cessé de s’étioler, de se diluer, de se fracasser sur des comportements de « dirigeants » en complet décalage avec la volonté affichée de préserver la liberté, l’égalité, la fraternité et la laïcité. Ils exigent de la majorité de leurs mandants une loyauté et une mobilisation pour défendre ces valeurs mais s’exonèrent de leur respect dès les élections passées. Pour l’élite politique la seule chose qui compte c’est de savoir comment elle peut conquérir le pouvoir qu’elle n’a pas ou préserver celui qu’elle a. Et dès qu’elle regagne ou gagne les ors des palais de la République ses membres influents  se querellent comme les chiens d’une meute face à la dépouille de l’animal qu’elle a poursuivie.

Le spectacle de l’Assemblée (je l’avais anticipé dans cette chronique) n’est que le reflet de la réalité politique française. Les prises de position relèvent de principes sectaires avec des groupes essentiellement destinés à soutenir la volonté d’un gourou convoitant une place au soleil. Chaque grand prêtre cherche à se constituer une cour dévouée qui aura pour mission de lui rappeler qu’il a toujours raison et de flinguer celles et ceux qui en douteraient. On ne parle même plus de « groupes » mais de conglomérats hétéroclites avec des quadrias destinées à épater les spectateurs des arènes. Personne ne renoncera à ce qu’il pense âtre son destin ou celui de son chef ! L’Assemblée nationale est en lambeaux et le restera pour quinze mois (prochaine dissolution en septembre 2025).

« Même pas peur ! » clament les Députés sauvés par justement ce qu’ils sont incapables de concevoir : la solidarité au service des autres. La dissolution a simplement mis en évidence la « clanisation » de la vie politique. Des groupuscules gravitent autour d’un mentor se pensant indispensable, d’un prétendant à une charge dispensatrice de bienfaits potentiels  ou de gratifications putatives liées à un ralliement ou un vote. Ils se multiplient offrant une image détestable de l’action publique. Oh ! Aucune ou aucun de ces affidés dociles ne l’admettra car des arguments de vierges effarouchées par ce type d’accusation, sont toujours opposées aux critiques. Les médias jouent avec délectation de ces comportements d’une étrange médiocrité et passent des heures et des heures à évoquer le jeu eds acteurs plutôt que le texte de la pièce. 

Le pays se trouve pourtant en lambeaux dans les secteurs de la santé, de la sécurité, du lien social, de l’action publique et il regarde avec indifférence ou de plus en plus avec dépit ce bal des prétendants continuant à mettre le « rejet » avant le « constructif », les « rivalités » avant « les consensus », la « confrontation » avant le « partage ». Ces Rastignac ou ces Machaivel affirment encore et toujours avoir gagné à gauche, au centre, à droite alors qu’une analyse objective les classe parmi les survivants d’un Titanic s’étant fracassé sur l’iceberg du RN. Il ne leur reste que quelques centaines de jours pour en prendre conscience ! Alors autant les gaspiller et donner encore à celui qui aura dilapidé la confiance dans la République , une nouvelle opportunité de rendre toujours plus la France ingouvernable, traversée par des haines de plus en plus violentes et appauvrie par un libéralisme effréné. L’application de l’article 16 de la Constitution reste une hypothèse. Dans combien de temps ?

La raison est en lambeaux. Elle a été déchirée par l’irrationalité des comportements, des idées, des systèmes sociaux, par une religiosité dévastatrice, par un contexte planétaire angoissant. La tentation de faire appel à la haine deviendra de plus en plus pressante. Ce samedi 13 juillet veille de fête nationale le rassemblement semble impossible. La nuit risque d’être agitée. L’exaspération des uns, l’habileté de l’exploitation pour les autres accentueront le délitement qui menace une société parcellisées. La dissolution aura été une bombe à fragmentation républicaine. Des années seront nécessaires pour effacer des dégâts qui s’aggravent d’heure en heure.

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Cet article a 3 commentaires

  1. J.J.

     » La République n’a jamais été autant malmenée, dépecée, méprisée. »
    Bien sûr que si, c’est déjà arrivé : dans les années trente, des organisations factieuse et antirépublicaines (Cagoule, CSAR etc.) œuvraient dans ce sens avec « l’apothéose », le 10 juillet 1940 la fin de la Troisième République et la mise en place d’un régime ultra autoritaire et collaborationniste.
    Beaucoup de responsables de ces faits à la Libération échappèrent à un juste châtiment, les factieux ayant plus ou moins noyauté les services chargés d’une épuration qui n’a jamais eu lieu : Maurice Schuman, le cardinal Suhard, Daladier, j’en passe et des meilleurs, ou des pires.
    Et que penser des magistrats et autres hauts fonctionnaires qui prêtèrent serment de fidélité au ci devant maréchal et continuèrent après la Libération à exercer leurs fonction ?
    Les victimes principales de l’Épuration furent surtout les femmes, battues, tondues, parfois exécutées, à juste titre pour certaines(les plus coupables et mieux placées ayant elle aussi échappé à la justice), mais souvent de quasi innocentes victimes.
    Triste époque, tristes souvenirs.

  2. STARCK

    Entendu hier sur France Inter l’émission « Le débat de midi »

    « Faut-il trahir pour réussir en politique ? »

    C’était très intéressant.

  3. facon jf

    Bonjour,
    nous vivons une triste époque où le sens des mots fluctue en fonction des intérets de la classe dominante. Ainsi la confusion voulue entre république et démocratie. Confondre République et Démocratie c’est déjà tromper le peuple.
    De part le monde il existe de multiples formes de « République »:
    république populaire, république démocratique, République socialiste , république islamique république aristocratique, …. Ces diverses formes de républiques sont-elles démocratiques ?
    La confusion se poursuit en confondant la volonté populaire ( qualifiée abusivement de démocratique) et le régime politique définit par la constitution à savoir un régime semi-présidentiel*. Le peuple et le corps électoral exprimé est-ce la même chose ?
    Mac-ronds s’apprête une nouvelle fois à bafouer la souveraineté populaire pour imposer sa conception de la République, la conception bourgeoise, sa conception de l’intérêt général et même de l’état de droit dont on a vu ce qu’il en faisait ! La République n’est pas la Démocratie, loin de là, car en république il y a des gens qui définissent l’intérêt public, ils le confisquent et ils prennent le pouvoir pour l’imposer, pour imposer leur gouvernance aux autres.
    Le Méprisant outrepasse ses prérogatives en définissant seul et à sa manière le champ Républicain dans sa lettre :
    « C’est à ce titre que je demande à l’ensemble des forces politiques se reconnaissant dans les institutions républicaines, l’État de droit, le parlementarisme, une orientation européenne et la défense de l’indépendance française, d’engager un dialogue sincère et loyal pour bâtir une majorité solide, nécessairement plurielle, pour le pays. »
    Vous avez bien noté, ceux qui n’ont pas une orientation européenne sont exclus. C’est une démocratie et même une République bien définie, limitée uniquement déterminée par la grâce de sa majesté Mac-Ronds.
    La perversité du méprisant transparaît dans son propos  » Les 30 juin et 7 juillet derniers, vous vous êtes rendus aux urnes en nombre pour choisir vos députés. Je salue cette mobilisation, signe de la vitalité de notre République dont nous pouvons, me semble-t-il, tirer quelques conclusions. » L’utilisation du  » nous » cache mal SES propres conclusions qu’il nous inflige en discréditant le résultat . « Personne ne l’a emporté » et pan sur le bec du NFP et surtout de LFI.
    Les élus ne sont pas très légitimes: « élues grâce aux voix des électeurs de leurs anciens adversaires ». Autrement exprimé on peut comprendre  » je vous ai donné l’occasion de vous défouler, maintenant c’est MOI qui décide! « . Oubliant au passage que ce sont les castors qui ont sauvé le c.l de son clan de playmobil.
    Conscient de la faiblesse de ses soutiens il appelle à la trahison des électeurs auprès de ceux qui sans honneur vont se prostituer pour un plat de lentilles. Tout en sachant que la colère des exclus de ses choix ( ceux qui voulaient virer les playmobil) va se déchaîner contre ceux qui franchiront le Rubicon décision hasardeuse irrévocable et lourde de conséquences. [le Rubicon petit fleuve formant la limite entre l’Italie et la Gaule Cisalpine qu’il était interdit de passer à la tête d’une armée et que César franchit avec ses troupes]
    Le pari de Mac-ronds mise sur la trahison attendue de Mollande (présidant l’assemblée contre son ralliement) entraînant ainsi les faux-cialistes avec lui dans le déshonneur. L’effondrement du « nouveau » cartel des gauches désarmerait les opposants à la gauche de Mac-ronds et provoquerait l’adhésion des amis de Wauquiez tout en ressuscitant le « en même temps ».
    Je signale que l’ogre Larcher est sur la même ligne que le Méprisant, il y a fort à parier que Mollande est du même avis.
    Si la ficelle est trop grosse, le Méprisant enfilera le costume de constitutionnaliste pour se forger une constitution le rendant indéboulonnable.
    bonne journée
    * selon Duverger ( constitutionnaliste) Le régime semi-présidentiel peut se définir par les critères suivants :
    un président élu au suffrage universel direct ;
    un chef d’État ayant des prérogatives propres ;
    et un gouvernement responsable devant le parlement.

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