Il ne fallait pas être un éminent politologue pour prévoir le résultat du premier tour des élections législatives. Il suffisait d’aller sur le terrain, d’écouter, de ressentir une situation démocratiquement insurrectionnelle pour le connaître. Dire que l’auteur de gâchis annonçait une « guerre civile » alors qu’il est totalement incapable de comprendre qu’elle était déjà là et dirigée contre lui. Une barricade idéologique se dresse contre le pouvoir central et plus encore contre celui qui l’incarne. Le monde entier commentera le « grand basculement » de la France comme étant son oeuvre personnelle. Le pays des Droits de l’Homme et surtout du citoyen, a simplement détourné le regard de ses valeurs pour se ranger dans la camp des démocraties en détresse. Il voulait entrer dans l’Histoire : il y est !
La guerre entre le rural et les métropoles que tous les spécialistes s’accordaient à reconnaître comme croissante ressemble désormais à un précipice dans lequel se sont englouties les illusions d’égalité de traitement. Des milliers de villages, de petites aggloméraations ont soutenu massivement des candidats RN qui n’ont jamais mis les pieds dans leurs rue ou sur leurs places et encore moins dans une manifestation. Par simple sentiment d’abandon par une élite incapable de jouer la péréquation ils ont répondu par une jacquerie démocratique.
Un conflit larvé existe. Il demeure souterrain et sourd mais il ne demande pas mieux que de grandir. Plus on stigmatise cette population appauvrie par un contexte économique défavorable, étranglée par des revenus faibles (retraites), esclave pour une part du triptyque « maison, gazon, télévision » plus on la contraint à se replier sur la haine d’un monde qui leur échappe. Une France à trois vitesses s’est formée : rural, rurbain et métropolitain. Les morceaux ne s »ajustent plus pour faire une Nation.
La guerre est enclenchée autour du lien social. Les communautarismes ne cessent de gagner du terrain constituant des blocs explosifs de toutes origines. Soudés par des considérations corporatistes, religieuses ou ethniques ils risquent très vite de démontrer leur dangerosité. La perte totale du respect dans la sphère sociale de la laïcité comme valeur essentielle du vivre ensemble renforce les risques d’événements incontrôlables.
La non prise en compte par une politique libérale outrancière de l’importance de l’économie sociale et solidaire et de l’importance du milieu associatif a généré des déserts citoyens existants ou en devenir. La nature politique ayant horreur du vide, le RN en a profité sans vergogne alors qu’il a combattu toutes les structures de ce type. Le bien vivre ensemble favorisé par les opportunités de rencontre, d’échange, de dialogue ou même de confrontations s’est dilué dans l’égocentrisme d’apparence.
La guerre débute toujours par le mépris des autres. Dans ce domaine le Président a maintes fois démontré son indifférence et sa suffisance à l’égard du corps républicain des élus locaux. Mieux il a fait des collectivités locales les boucs-émissaires des erreurs irréparables de gestion des finances publiques commises par Bercy. Le maillage républicain du territoire que représentent les maires, les conseillers municipaux, les conseillers départementaux et que ne possèdait pas (encore) le RN, a été laissé en jachère depuis une décennie. Il constituait pourtant un réseau actif, pragmatique et de proximité qui n’a absolument pas été mobilisé. Au contraire il a été affaibli et détruit par des réformes (exonération de la TH) qui se révèlent catastrophiques. Crache en l’air et ça finit toujours par te retomber sur la figure !
La guerre couve également depuis longtemps autour des « insécurités ». Elles ne sont pas toutes liées à la seule perception des faits dramatiques mais surtot à un sentiment confus que la disparition des services publics essentiels renforce partout sauf dans les secteurs les plus « rentables » la précarité de vie. Comment se sentir protégé quand la santé nécessite de plus en plus de moyens financiers, des délais d’attente inimaginables et des distances qui ne cessent d’augmenter? Comment ne pas se sentir isolé quand le courrier arrive épisodiquement ? Les distributeurs bancaires se raréfient. Les pharmacies souffrent. les commerces disparaissent. Et, dans le même temps la mobilité coûte de plus en plus cher.
Ce qui est frappant c’est que ces phénomènes qui stressent des millions de gens, touchent les quartiers déshérités et les campagnes. Les annonces multiples, contradictoires, irréalistes ne répondent absolument pas à ces problématiques. la lassitude de le répéter pour ceux qui peuvent s’exprimer n’a cessé de croître. L’isolement reste un problème non résolu. Même dans les « gros » villages l’électorat le ressent. Repliés sur leur télé et leur trajet domicile-travail qui leur mange les marges éventuelles de temps libre qu’il leur reste les foyers se sentent frustrés et déclassés.
La guerre se développe avec l’accès au numérique qui va de pair avec une complexification du quotidien. Perdus dans les dossiers, les normes, les obligations auxquelles ils se savent pas répondre, les électrices et les électeurs ont appliqué le principe de Lincoln : « un bulletin de vote est plus fort qu’une balle de fusil ». Ils ont voulu traduire leur envie de détruire un système en lequel ils ne croient plus. La grande majorité n’a pas d’attaches idéologiques avec le RN (et c’est dramatique de ressassser cette fausse certitude) mais elle souhaite simplement manifester son mécontentement, sa colère de ne pas être entendue, sans se soucier des discours moralisateurs que ne cessent de leur distiller des donneurs de leçons étrangers à leurs préoccupations.
Le vote RN n’est en rien fasciste mais il entre dans le processus de fascisation de la société en accréditant l’idée qu’en se débarrassant des AUTRES (chacun à le sien : arabes, fonctionnaires, francs-maçons, cultureux, patrons, enseignants…) la vie serait meilleure. Le résultat du premier tour confirme les lourds dégâts commis par des politiques libérales inspirées par une mondialisation que tout le monde présentait comme la panacée, par le mythe de la croissance à tous prix, par l’oubli absolu de l’Humanisme tolérant, par la prééminence du profit sur toutes les autres considérations.
Un Président égocentrique, erratique, obstiné, suffisant, déphasé a joué à la roulette russe l’avenir du pays. Il a déclenché une « guerre » par mégalomanie : jusqu’au ira-t-il ? Nul ne le sait. Mais le mal est fait. Et il sera durable.
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« Ils » ont joué avec le feu, une fois ça a marché, La deuxième, j’avais compris, d’autres aussi. J’ai pensé que la troisième, ça ne « marcherait » pas, et je ne me suis hélas pas trumpé.
Très dur à vivre que de voir revenir 80 ans plus tard la même fanfaronnante peste de nouveau plébiscitée.
Le « Leader Maximo » sénile et égrotant, pour une fois avait vu juste : « Les français ont la mémoire courte ».
Je suis heureux de ne plus être jeune.
Ma fille et son mari vivent en Suède où ils ont trouvé un havre de paix, et où on apprecie leurs qualités de chercheur et sans se poser de questions sur leur origine.
Autant dire qu’on n’est pas prêt à les revoir en France.
Laure
Je complèterai ce cri de désespoir par :
« les Français, hélas, ont la mémoire courte… et à cela s’ajoute la méconnaissance de leur Histoire !
Résultat : les années 40 seraient-elles de retour ? »
Comme vous dites très justement Laure, les Français (âgés comme moi ??) ont la mémoire courte,mais plus grave, nos petits enfants qui feront la société de demain ont la méconnaissance de notre histoire.Comment se peut-il que ma petite fille,qui votait pour la première fois,s’interrogeait sur son vote? Pourtant les réseaux « asociaux » ne l’intéressent pas et nous sommes une famille classée à gauche.
Je vous rejoins J.J.,heureux d’être un ancien.
Cher JJM
à qui la faute… ?
Bonjour,
je suis dans une circo où j’ai maintenant le choix entre le député sortant Mac-Roniste et le parachuté RN. Un choix cornélien entre un soutien playmobil de la politique de Mac-Ronds et un « cadre » lyonnais du RN, mauvaise nuit pour moi.
Ce matin tout s’éclaire la bonne parole est venue de la lumière du palais de Bercy emboîtant ses pas dans ceux du maire du Havre déclarant NiNi au RN et LFI. Chez les rescapés LR c’est aussi la même chanson en maintenant leurs candidats ou en appelant eux aussi au NiNi lorsqu’ils ne peuvent se maintenir.
Le dimanche précédent j’avais discuté avec le candidat écolo soutenu par le NFP lors d’une réunion publique, l’ambiance n’était pas à la fête et ses positions molles et sans enthousiasme rappelaient un certain Mollande. Hier il rate la marche de quelques voix en se classant 3 ème il refuse de se maintenir pour faire barrage au RN. C’était déjà difficile de donner ma voix à un écolo qui restait bien silencieux en entendant les propos non filtrés à destination de la Méluche.
Les limites de l’union étaient allègrement franchies, même si je considère que la cible des critiques (Méluche) aurait gagné à se faire oublier. Je considère que lorsque on est investi, on fait parti d’un groupe et on se doit d’avoir un minimum de solidarité.
Je le réaffirme ici, personne n’est propriétaire de ma voix donc dimanche prochain moi aussi je voterai NINI et advienne que pourra.
Marre de jouer les castors édifiant des barrages pour que ceux qui exigent la construction de ces barrages les contournent sans scrupules (voir ce qui s’est passé à l’Assemblée) . Le front « républicain » à géométrie variable merci c’est fini pour moi.
Soyons enfin démocrates, respectons le résultat des urnes, respectons les lois, respectons l’opinion de chacun si ce chacun respecte aussi les mêmes règles.
bonne journée
En 2002, Chirac récolte 82% des voix avec le front républicain. En remerciement, aucune ouverture, que de l’entre soi, le mépris le plus total pour le peuple de gauche qui l’avait soutenu.
En 2024, on ne m’y reprendra plus avec Macronéron qui met le feu à la France en s’alliant avec la mélenchonie pour que le RN ne survive pas.