Les anciens ayant une longue pratique des scrutins législatifs rappellent un principe clé de la vie politique : « au premier tour on choisit ; au second on élimine». Ce fut le cas dans pratiquement tous les rendez-vous des élections présidentielles depuis 2002. Qu’en est-il ce dimanche ? La grande majorité des votants seront déjà dans la seconde partie de ce principe. Ils auront du mal à ne pas exprimer un ressentiment à l’égard du Président et du pouvoir en place. Ils élimineront.
Dimanche soir si l’on se fie aux sondages réalisées huit suffrages exprimés sur dix ne donneront pas en effet leur soutien à celles et ceux qui se réclament encore du bout du bulletin de vote du camp présidentiel. Si la participation atteint 60 % on approchera d’un résultat catastrophique jamais encaissé par un gouvernement sortant avec un inscrit (ce qui serait un record) sur deux qui désavoue la gouvernance élyséenne.
Ce constat correspond à un vote de ressentiment et pas de raison. Le fait d’avoir contraint les partis à une campagne éclair et sommaire a conduit à ce phénomène désastreux : l’argumentation n’a aucune prise sur l’électorat. Globalement chaque opposant quel que soit son niveau social, en a simplement « marre de tout ». Il a emmagasiné des sensations dont on ignore si elles sont spontanées ou cultivées médiatiquement. Il suffit que le RN formule et donc révèle ce que l’opinion dominante pense sans oser le dire, pour augmenter son audience. Depuis de longs mois il répètent des slogans simplistes sans trop se soucier de leur véracité mais pour imprégner les esprits.
Le vrai problème réside dans l’impossibilité d’entamer un vrai débat autour de ces affirmations puisqu’elles sont irrationnelles. On n’a pas trouvé de prise sur ce qui est devenu une croyance quasi religieuse. N’essayez pas de convaincre ou de proposer une remise en cause de celle ou celui qui préfère croire que douter. Tous les tracts, toutes les réunions, tous les messages, toutes les publications ne changent rien. L’idée que seul le RN est en mesure de résoudre l’impact des peurs assaillant les individus a fini par instiller les couches sociales isolées ou en rupture de confiance. Toutes les réponses apportées par la Gauche « raisonnable » sont inaudibles. Elle est donc partie pour exisster dans l’outrance.
Cette stratégie a conduit à une dialectique imparable : la surenchère des mots. Avant le premier tour elle est montée au fil de la semaine écoulée, mais ce n’est rien à côté de ce que sera le second. L’affrontement verbal préparera (et c’est mon avis même s’il est pessimiste) l’affrontement physique. Il n’y aura pas de guerre civile mais une exploitation autour du 14 juillet des séquelles de la montée de la haine avec des éruptions de violence. Les débordements dans chaque bloc seront inarrêtables.
Si comme c’est certain le gouvernement actuel n’a plus de majorité, qui répondra au maintien de l’ordre tant que l’Assemblée n’est pas installée (elle ne le sera que le 18 juillet) ? L’équipe Attal réduite ? Une équipe Bardella qui selon ses dires n’existera que s’il a la majorité absolue ? Un assemblage technique provisoire ? Nul ne le sait vraiment. Quel que soit le bloc vainqueur il devra attendre le bon vouloir présidentiel. L’incertitude complète.
Les « croyants » n’admettront pas que leurs idoles ne soient pas portées en triomphe vers les temples du pouvoir. Il y aura une dizaine de jours terribles avec en point de mire la date du 26 juillet et l’ouverture des JO ! Comment et par qui sera gérée cette séquence ? Nul ne le sait. Pourtant l’échéance est inévitable. Il n’y a déjà plus personne dans les ministères où avec la gueule de bois, on fait les cartons. Les affaires courantes ne sont même plus assurées comme si par vengeance on voulait laisser l’Elysée se dépatouiller de la situation dans laquelle il a plongé le pays.
Tout est déraisonnable. Il n’a pas, chez les responsables politiciens un acte, une attitude, un propos qui soit digne et mesuré. Si elle existe elle est inaudible. Le trio Macron-Le Pen- Mélenchon a occulté toute dimension véritablement politique à cette période où il aurait fallu justement régénérer les débat comme ce fut le cas en 2005. Trois boules de billard n’ont jamais pu faire autre chose que se télescoper et se pousser vers les trous où elles disparaissent. La France en est rendue à cette extrémité. Celle qui est noire a de fortes chances de s’installer durablement sur le tapis. Une décision déraisonnable a eu des conséquences totalement déraisonnables.
Demain en entrant dans l’isoloir il ne s’agit pas comme l’on prétend dans certaines sphères d’opter entre la peste brune et le choléra rouge mais d’effectuer un examen de conscience citoyenne quand la situation locale le permet. Il sera encore possible de choisir ce qui ne sera plus possible le 7 juillet 2024 une date qui rentrera c’est certain dans l’Histoire de la République. Doit-on se sentir coupable de ne pas avoir eu la force ou la capacité de l’éviter ? Moi oui !
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Bonjour,
aujourd’hui le temps est à l’image du climat politique, chacun consulte soit les prévisions météo agricole pour mesurer les risques orageux, soit les sondages avec les projections en sièges avec les risques associés. Dans un cas comme dans l’autre Alea jacta est . La fameuse locution latine signifiant « le sort en est jeté », ou « les dés sont jetés », que Jules César aurait prononcée le 10 janvier 49 av. J.-C. avant le passage du fleuve Rubicon.
Nous voici à la croisée des chemin, où la foule la plus compacte se dirigera ? Les cartes divinatoires sont tirées fiévreusement avec une précision aussi faibles que les prévisions météo pour les orages.
Je vais tenter le numéro acrobatique de la projection politique, aidé par l’institut OPIF ( Office de Projections Incertaines de France). L’hypothèse c’est pas de majorité absolue alors il faut se contenter des deux solutions: une chambre un peu trouvable ou une chambre introuvable. Une chambre un peu trouvable consiste en un mécano astucieux et très fragile qui fonctionne sur compromis et compromission, la peur de l’effondrement tenant lieu de ciment. La chambre introuvable conduit le maître supposé des horloges a passer à l’action ou à démissionner. L’égo démesuré du Méprisant, incapable d’imaginer son impopularité, réduit à peu de chances sa démission. Ne pouvant dissoudre le peuple, il ne peut qu’envisager de changer les règles du jeu. Ce qui pourrait se faire en changeant la constitution, le Docteur en Constitution Mac-ronds ( expert en tout!) se verrait bien, aidé par les Mac-Kinesairien, se faire tailler un costume à sa mesure d’une VI ème République à sa botte. Le chemin qui mène au coup d’état façon Badinguet ne sera pas une aimable promenade. – Badinguet est un surnom satirique donné à l’empereur Napoléon III (son épouse, l’impératrice Eugénie, était surnommée Badinguette) –
L’argument massue du Méprisant consiste en son expression fétiche » nous sommes en guerre » associée dernièrement à civile pour agiter son arme préférée qui est la peur.
Si cela ne fonctionne pas alors après tout. Des « mecs à Odessa » ? Pourquoi pas ? La seule hypothèse réaliste, confronté au Méprisant , c’est qu’il est capable de tout, et que de lui il faut s’attendre à tout.
En fait c’est comme l’orage lorsque les cumulonimbus obscurcissent l’horizon on sait que ça va taper, mais on ne sait ni où ni quand ni avec quelle violence. Les moustiques tigres sentent l’électricité dans l’air et comme les merdias ils piquent!!
Bonne journée
Pourquoi en sommes nous arrivés là ? Une réponse est entendable et la voici:
« Dès lors que nous n’avons plus de presse libre, tout peut arriver. Ce qui permet à une dictature totalitaire ou à toute autre dictature de régner, c’est que les gens ne sont pas informés ; comment pouvez-vous avoir une opinion si vous n’êtes pas informé ? Quand tout le monde vous ment en permanence, le résultat n’est pas que vous croyez ces mensonges mais que plus personne ne croit plus rien.
C’est parce que les mensonges, de par leur nature même, doivent être modifiés, et donc un gouvernement menteur doit constamment réécrire sa propre histoire. En tant que citoyen, vous ne recevez pas seulement un mensonge – que vous pourriez continuer à croire pendant le reste de vos jours – mais vous en recevez un grand nombre, selon la façon dont le vent politique souffle.
Et un peuple qui ne peut plus rien croire ne peut se faire une opinion. Il est privé non seulement de sa capacité d’agir mais aussi de sa capacité de penser et de juger. Et l’on peut faire ce que l’on veut d’un tel peuple. »
Hannah Arendt entretien avec l’écrivain français Roger Errera. Tourné en octobre 1973 (soit 2 ans avant son décès) et diffusé le 6 juillet 1974.
Bien que nous ne soyons pas en dictature totalitaire, nous pouvons hélas constater les mensonges mille fois répétés par les merdias et la difficulté d’obtenir une information sincère et vérifiée.
Vous pouvez retrouver l’entretien ici https://www.les-crises.fr/une-archive-exceptionnelle-un-certain-regard-entretien-avec-hannah-arendt-1973/
Commentaire (tardif) sans commentaires :
https://qg.media/2024/06/17/la-guerre-civile-a-deja-commence/
À mettre en parallèle avec le lien de Facon j f et une calamiteuse interviouve de Boris Cyrulnik.
https://www.lecho.be/opinions/general/boris-cyrulnik-nous-vivons-non-pas-un-ensauvagement-mais-une-decivilisation/10495939.html
JMD
Quel travail ! Tu devrais être remboursé par la sécurité sociale.
Mais il ne faut pas creuser le déficit…