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La lettre de la dernière chance

C’est plus fort que lui ! Les élections législatives qu’il a provoquées par une réaction épidermique au vote de la moitié des électrices et des électeurs du pays qu’il dirige sans partage, ne sauraient se dérouler sans qu’il intervienne dans leur déroulement. Il ne peut pas avoir tort. Il ne saurait être question que ses choix soient erronés. N’ayant pas encore compris qu’il n’a plus aucune prise sur les événements politiques actuels, le Président des lambeaux de la République a pondu une « lettre aux Français ». Elle est publiée sur le site de l’Élysée et ressasse une fois encore les mêmes mots creux et les mêmes banalités. Un acte qui illustre la détresse dans laquelle il se trouve avec son entourage.

Comme toutes celles et tous ceux qui commettent un acte irréfléchi il tente d’expliquer qu’il n’y avait aucune autre solution. Il a plongé la démocratie dans le marécage nauséabond des peurs, des haines, des fractures sociales, des inégalités, de l’injustice et il continue à justifier l’intérêt de ses réformes verticales basées sur le seul principe qu’il a toujours raison. «  Alors oui, cette dissolution était le seul choix possible à la fois pour prendre acte de votre vote aux élections européennes, pour répondre au désordre en place (sic) et au désordre plus grand à venir (sic). Pour agir dans un moment où notre pays est confronté à des défis historiques. » Comment en sommes-nous arrivés là ? Surtout pas à cause de lui puisque tout ce qu’il a commandité ou cautionné a été parfait. Ou presque.

« Depuis sept ans, beaucoup a été fait : l’attractivité retrouvée (sic), les usines rouvertes, les plus de 2 millions d’emplois créés, les baisses d’impôts, les hausses de salaires notamment pour nos soignants et nos professeurs, l’écologie à la française qui permet de faire baisser les émissions six fois plus vite, le renforcement de nos services publics (sic) en Hexagone comme en outre-mer, l’action pour l’égalité entre les femmes et les hommes, l’accompagnement et l’inclusion des personnes en situation de handicap, la protection face aux crises comme le COVID, la guerre en Ukraine (sic) ou l’inflation. (sic) » bien évidemment pas un mot sur la réforme des retraites. Pas une trace de l’affaiblissement des collectivités territoriales. Pas une seul allusion au mouvement des Gilets jaunes, à la baisse du pouvoir d’achat, à la crise du monde agricole, au déficit des finances publiques, à l’explosion de la dette… Tout ce qui a profité à la montée du RN est totalement oublié et mérite seulement cette expression : « un bilan qui sans doute n’est pas parfait » Une litote condescendante.

Comme toujours en politique l’habitude de se référer aux effets visibles a pris le pas sur l’analyse des causes. Il tente de soigner les plaies de l’accident démocratique mais absolument pas les raisons pour lesquelles il s’est produit. Le Président désormais précaire pose des pansements sur ses blessures d’amour-propre à travers des propos généralistes que porte par exemple la gauche : « Vous avez exprimé une demande forte de justice sociale. Aujourd’hui en France, quand on ne grandit pas dans « la bonne famille » ou dans le « bon quartier », atteindre le niveau de vie de ceux qui sont bien nés est quasiment impossible. Même quand on a beaucoup de talent. Et même en travaillant durement. » Le réveil est tardif et alimente toujours plus la défiance. Il approuve donc le projet du NFP en matière de hausse des salaires et d’éducation ? 

Un petit clin d’oeil à la Droite sur son thème favori : « Je vous ai entendu sur l’insécurité, l’impunité. Sur les vies rendues impossibles par les délinquants, par les récidivistes, par la violence de certains mineurs dans nos villes et dans nos villages. » Il reconnaît des phénomènes sans cesse montés en épingle par mes médias et il légitime ainsi les rengaines du RN sans mesurer les conséquences de cet aveu implicite d’échec. « Le gouvernement (lequel?) devra donc apporter des réponses beaucoup plus fortes et fermes. » Une phrase dont se régalera le gendre idéal du RN ! Lui il a « LA » solution… 

Cette lettre se termine avec des remarques d’ordre général. L’une d’entre elles prend toute sa saveur. Elle revient à peu près tous les deux ans à la suite d’une crise : « la manière de gouverner doit changer profondément. » Une affirmation sans aucune précision complémentaire. Quelles méthodes (1)? Quelles réformes constitutionnelles ? Une décentralisation accrue ? Une confiance retrouvée dans les collectivités locales dont par ailleurs il veut « supprimer un échelon » ? La fin d’une hyper-présidentialisation ? Une réhabilitation profonde des corps intermédiaire ? L’arrêt des privatisations tous azimuts ? Un pacte national de gouvernance ?

Et à cet égard il se pose en rempart contre les extrêmes. Jusqu’au second tour des législatives où il lui faudra bien choisir. « Pour cela enfin, vous pouvez me faire confiance (sic) pour agir jusqu’en mai 2027 (sous-entendu je ne démissionnerai pas) comme votre Président, protecteur à chaque instant de notre République, de nos valeurs, respectueux du pluralisme et de vos choix, à votre service et à celui de la Nation. » Mieux vaut tard que jamais.

(1) je lui avais envoyé en son temps mon livre « Le Partage du pouvoir local » ce qui serait un vrai début. Ses « cloportes » m’ont poilment éconduit ! 

 

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Cet article a 5 commentaires

  1. J.J.

    Croit -il vraiment à ce qu’il raconte ?
    Si c’est le cas, c’est grave !
    Mythomane ou inconscient ?

  2. Christian Baqué

    Candidat au barrage de l’extrème-droite en 2017 et 2022 Macron a mis en place les lois les plus liberticides de ces dernières années, et joué la course à l’échalote avec elle sur la question migratoire.
    Nous avons eu les lois « Sécurité globale », « Séparatisme », « Immigration », ajoutées à la « Suppression du Droit du Sol à Mayotte ».
    Un cadre du RN déclarait récemment « Sur une échelle de 1 à 10, M. Macron est à 1, nous nous sommes à 10. » « Mieux vaut voter pour l’original que pour la copie » a-t-il ajouté.
    D’où la vraie question : avec la macronie l’extrème-droite n’est elle pas déjà au pouvoir ?
    Ni RN, ni Macron, je choisis le Nouveau Front Populaire.

  3. Gilles Baillet

    Il n’y a pas grand chose à rajouter à ce constat consternant. Et à la réflexion de Christian Baqué.

  4. LAVIGNE Maria

    Le traitre et le néant ! Nous étions prévenus. De plus, c’est un pyromane, il met le feu partout y compris en Nouvelle Calédonie

  5. facon jf

    bonsoir,
    un ami germanophone me transmet cette info que je partage avec vous.
    « Ce 11 juin, le journal allemand Bild crée la surprise en dévoilant ouvertement le calcul machiavélique d’Emmanuel Macron.
    BILD explique que lors d’une discussion secrète au sein de la direction de la CDU (parti chrétien-démocrate allemand), la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a révélé la discussion qu’elle avait eu avec Emmanuel Macron au sujet de l’annonce de la dissolution de l’Assemblée nationale en réalité bien préparée.

    Le calcul d’Emmanuel Macron est relativement simple. Prendre tout le monde de court en annonçant des élections avec un départ en campagne électorale immédiat. Le contexte ne sera pas le même que celui des élections européennes. Selon Macron, dans le meilleur des cas, la sidération générale va empêcher le RN de gagner ces élections. Et, toujours selon Macron, si dans le pire des cas pour lui, le Rassemblement National parvient à gagner les élections et disposer d’une majorité relative, il s’agira d’installer Bardella à Matignon et de « griller le RN » en l’impliquant dans une gouvernance sans qu’il puisse obtenir de résultats correspondant à son programme, le tout accompagné d’un chaos social, de façon à ce que Marine Le Pen perde ses chances de l’emporter en 2027. »
    Le machiavel d’occasion a donc prévenu Von der La Hyène avant même son premier sinistre …
    bonne nuit

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