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Qui n’en veut de mes voeux ?

Citoyennes, citoyens,

Lectrices et lecteurs de Roue Libre

Pour les vœux du nouvel an qui a pointé son nez, j’ai décidé de ne pas les adresser, comme un naufragé lançant une bouteille avec un message dans un océan déchaîné, à tout le monde. D’abord parce que je n’ai plus aucune obligation à les partager avec des personnes qui ne voudraient pas les lire ou les entendre. Ensuite je crains que ce ne soit vaniteux de prétendre que ce que je vous souhaiterais, aurait une mince chance d’être réalisé. Par les temps qui courent en zigzags, il est préférable d’être prudent dans les souhaits. Il n’y a aucune certitude d’un jour à l’autre alors sur une année c’est véritablement présomptueux.

Je demande donc à celles et ceux qui souhaitent se rassurer en avalant à toute heure du jour les diarrhées partisanes des télés dopées au fric des réactionnaires du monde du profit de se détourner de cette première séquence en Roue Libre de 2024. Si par le plus grand des hasards vous êtes des racistes, des haineux qui vous dopez à la peur de l’autre et au dédain pour ce minimum d’humanité que nous devons aux autres, changez vite de page. Les intoxiqués de la propagande officielle appelée communication gouvernementale ne trouveront aucun intérêt à participer à ce moment d’espoir dans un autre monde. Toutes les religions, toutes les croyances, tous les cultes (et surtout celui de la personnalité) ne sauraient accompagner les lectrices et les lecteurs de ces vœux. En fait vous ne serez pas nombreuses et nombreux face à votre petit écran… C’est mieux ainsi : il y aura moins de déçus.

Selon Pierre Dac « l’avenir n’étant que du passé en préparation », il est inévitable de revenir sur l’année qui a bouclé ses valises. Bien évidemment compte tenu des désastres démocratiques, environnementaux, économiques, sociaux et humains, vous avez remarqué que les porteurs de vœux officiels ont tout oublié. Il est toujours passionnant de comparer les annonces enthousiastes des cérémonies de 2023 avec les réalités qui ont suivi. Inutile par exemple de lancer des appels à l’unité nationale quand tout a été mis en œuvre pour la faire voler en éclats. Inutile de promettre de régler les conflits en cours alors que l’on s’incline ou on oublie notre impuissance, devant tous les fauteurs de guerre.

Pour ne pas courir le risque d’être démenti, la technique de la mémoire sélective prend alors toute son utilité. Et pour éviter d’être désavoué par les faits autant célébrer le passé pour raviver la nostalgie et le « c’était mieux avant » qui sommeille dans le cœur des générations nostalgiques d’un temps qu’ils enjolivent pour se rassurer. On commemorera beaucoup en 2024. Je sais pourtant que la poignée d’entre vous qui acceptera que je lui délivre des vœux n’est pas dupe et sait bien que les lendemains qui ont déchanté ont été beaucoup plus nombreux que ceux qui étaient éclairés par un rayon de soleil d’espoir. En s’appuyant sur cette expérience il me paraît bien difficile de ne pas afficher un certain scepticisme sur tout ce qui ressemble à de « l’officiel ».

Alors je me garderai de vous souhaiter une « belle et heureuse année » comme le voudrait la tradition. Je préfère vous prévenir qu’elle sera « belle et heureuse » si vous savez le concevoir ainsi. Il y a forcément dans la bâtée que l’on retire du sable du ru d’une journée, quelques paillettes susceptibles d’offrir l’illusion que l’on est riche d’émotions heureuses. Un regard, un sourire, une bonne nouvelle, une lecture, un partage amical suffisent parfois à chasser les idées noires. Savoir les dénicher n’appartient pas à tout un chacun. Je vous souhaite d’apprendre à être l’orpailleur de votre année nouvelle. Ne comptez pas trop sur les autres pour vous aider à collecter ces brindilles de bonheur. Placez les ensuite dans le petit sac où vous entassez vos souvenirs afin de les ressortir les jours où la récolte n’existe pas.

La révolte et la résistance appartiennent aussi aux ingrédients qui, à tout âge, figurent dans la « recette » d’un avenir réussi. Je suis certain qu’elles maintiennent en bonne santé car même si celle-ci décline, ces deux attitudes vous aident à lutter contre le mal qui vous atteint. Si en plus vous les accompagnez du doute vous êtes certain de tenir bon. Pas facile certes puisque toutes les victoires que vous obtiendrez ne seront que provisoires.

Comment souhaiter la paix quand dans ses vœux le Président de notre République anémiée parle de « réarmement » ? Comment espérer en 2024 plus de justice sociale quand les propos effacent du paysage la fracture qui s’aggrave entre le monde grandissant de la pauvreté et celui du profit ? Comment espérer une bonne santé quand les hôpitaux et les EHPAD publics s’effondrent ? Bref tenez bon et avancez en roue libre tant que vous le pouvez. A l’an prochain ce qui ne serait déjà pas si mal pour vous et pour moi.

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En savoir plus sur Roue Libre - Le blog de Jean-Marie Darmian

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Cet article a 2 commentaires

  1. Cazalet

    Très bien, d’accord avec toi, meilleure année possible.

  2. christian grené

    La préséance m’oblige, cher Jean-Marie, à te dire bonjour avant bonne année. L’occasion pour moi de m’essayer sur le nouveau Lenovo qui m’a été offert à l’occasion de mon anniversaire conjugué au jour de Noël.
    Tous mes voeux, bien sûr, accompagnent les fidèles de la Roue Libre que je souhaite, moi aussi, un jour rassemblés autour d’un repas festif et… à rosé.

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