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Les consommateurs ne sont pas tous à la fête

La fin d’année est celle de la tentation de changer l’ordinaire et de « s’offrir » des extras de telle manière que ces quelques jours réputés de fêtes marquent autant que faire se peut une différence par rapport au quotidien. Le vrai problème, c’est que pour accéder aux produits traditionnels, il faut avoir un pour voir d’achat que la majorité ne possède plus. On sent bien qu’il n’y a plus aucune insouciance et que désormais la fin du mois même celui de décembre, risque bien d’être difficile. La fracture entre cette France qui souffre et celle qui continue à vivre sur des bases légèrement dispendieuses se creuse.

La fréquentation des magasins ayant les prix les plus bas a augmenté en nombre d’acheteurs, mais pas en montant du panier moyen. Les habitudes de consommation changent. Les prix d’appel, les promotions, les produits issus des filières du distributeur constituent de plus en plus les achats. La vraie question reste celle de la qualité de ces productions de l’industrie agro-alimentaire. L’étiquette censée offrir tous les éléments permettant une analyse préalable à l’achat est vite escamotée par celle qui affiche le prix. Une réalité qui ne cesse de progresser.

En fait depuis de longues semaines quand les tarifs n’ont guère augmenté les quantités proposées ont diminué. On appelle ça la « shrinkflation » qui est une pratique marketing qui consiste à masquer la hausse des prix des produits en réduisant le poids des contenus dans un emballage semblable avec un prix de vente identique. Cette pratique est légale à condition que la mention du poids de la denrée soit modifiée. Mais qui la regarde vraiment quand le paquet est absolument identique ? Ces pratiques concernent aussi les ingrédients. Mais qui regarde quand il n’a point assez d’argent pour passer à la caisse la composition de ce qu’il acquiert ?

Et pourtant. Le poids des lobbies dans les couloirs du ministère de l’Agriculture conduit à des aberrations sanitaires. L’Anses, l’organisme indépendant sur lequel l’État s’appuie, a signalé par exemple qu’il y avait  » un lien de corrélation entre le cancer colorectal et le nitrite dans la charcuterie  » vient de rappeler Richard Ramos Député du Loiret. Or, il continue à être injecté parfois massivement dans les jambons, le saucisson et toutes les autres productions de ce type. Ce sont des additifs utilisés dans les charcuteries pour garantir leur conservation et un haut niveau de sécurité microbiologique.

Depuis 2022 le lien entre les cancers (prostate, colon notamment) ne relève plus de l’hypothèse, mais de la certitude. Or un seul pays européen (le Danemark) a baissé le seuil maximum autorisé. Une dose d’incorporation maximum de 150 mg de nitrites par kilogramme de charcuterie a été fixée par la réglementation européenne. Le nitrate n’est autorisé que dans les produits non cuits à la dose de 150 mg/kg (250 mg/kg pour quelques spécialités traditionnelles). L’Italie a interdit par contre les jambons cuits sans nitrites. Quand on sait que ce sont les enfants en bas-âge, les personnes âgées ou malades à qui est destinée cette alimentation il y aurait lieu de s’inquiéter.

Le pire, c’est que l’UE ligotée par le lobby de l’industrie de la charcuterie très active dans tous les pays, vient pourtant de prendre une mesure « drastique ». Incroyable, elle a décidé qu’il ne devait plus y avoir de nitrites dans… les croquettes pour chiens et chats ! Prétextant que la dose en lien avec le poids des animaux renforçait les risques de cancer. Pour les bébés, il n’y a soi-disant aucun risque. On prend son temps. A été actée une réduction de ces teneurs maximales applicables sur les produits cuits (jambons, rôtis, pâtés, saucisses cuites, saucissons cuits, rillettes, andouilles, andouillettes, …) fabriqués en France depuis juillet 2023.

En cette période pour tous les atouts de la fête, il faut être prudent et préférer simplement la qualité à la quantité. Tout a augmenté et il faudra vraiment modifier quelques habitudes. Les ventes de champagne s’effondrent. Le foie gras a du mal à trouver sa clientèle. Les huîtres restent sur les étals. La seule consommation qui risque d’augmenter c’est celle de l’alcool et les messages d’alerte se multiplient à l’égard des jeunes. Les saumons aux antibiotiques attendent des amateurs. On est loin, très loin des « Trois messes basses » et de la description du menu du réveillon que fait Garrigou à Dom Balaguer : dindes truffées, faisans, huppes, anguilles, carpes dorées, truites, vins de toutes les couleurs, desserts à profusion… Un autre époque sans nitrites ce qui n’empêchera pas l’officiant de succomber !

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Cet article a 6 commentaires

  1. Gilles Jeanneau

    Merci Jean-Marie pour la « shrinkflation » qui me fait hurler de rage mais dont je ne connaissais pas le terme exact et qui devrait être interdite. Oui, je sais, il est interdit d’interdire! Mais quand même!
    Quand on en vient à ne plus pouvoir déguster un vrai café parce que on te le sert dans un dé à coudre, c’est quoi?
    Allez bonne journée quand même.

    1. François

      Bonjour @ Gilles Jeanneau !
      La « shrinkflation » ! ! Même si Google/traduction m’indique « contractionflation », ce mot, apparemment pas français (pour l’instant !) semble plus explicite … sans être linguiste ou latiniste ! Je l’associerai plutôt à fourberie ou escroquerie …tolérée !
      Notons que si ce terme est récent dans le paysage commercial, les « effets » ont déjà quelques décennies : je me souviens des colères de ma belle-mère grugée (il y a cinquante ans !) par des promotions … qui n’avaient rien de promotionnelles quand on observait le poids ou le nombre contenus dans le « paquet cadeau ». La plus surprenante opération fut relevée dans le Super … magasin de la bastide : le même paquet de PQ était plus cher en bout de gondole (produit d’appel = méfiance … à associer aux appeaux de palombière !) que dans l’étalage intérieur !
      Cordialement

  2. J.J.

     » Le vrai problème, c’est que pour accéder aux produits traditionnels, il faut avoir un pouvoir d’achat que la majorité ne possède plus.  »
    Et pourtant à en croire certains « médias autorisés » , les négociants en jouets sont très optimistes, même si paraît-il le marché de l’occasion, pardon, de la « seconde main » tend à se développer.
    Et l’on n’a pas honte de nous rappeler que chaque année, environ 100 000 tonnes de jouets finissent en décharge.

    Modeste, par rapport aux 150 000 tonnes de pain non consommé : donné à des éleveurs, jeté à la poubelle(environ 9 baguettes de 250 g par consommateur et par an). Il est vrai que cela ne représente que 13% du gaspillage alimentaire en France. (là, il ne s’agit plus vraiment d’un scoop des médias autorisés).
    Quelle est la responsabilité , dans cette gabegie, des consommateurs et des industriels et distributeurs du secteur alimentaire ?

  3. facon jf

    Bonjour,
    la lecture de votre billet du jour vient se télescoper avec mon actualité personnelle, aujourd’hui un vieux monsieur que j’ai assisté depuis le décès accidentel de son épouse est allé la rejoindre rue de l’égalité. Quel rapport ? Ce brave homme, ancien charcutier, disparait peu de jour avant son 97 éme anniversaire. Combien de fois il m’a confié être consterné par l’effacement du savoir faire dans son métier d’origine ? Il enrageait de voir la disparition des bons produits traditionnels qu’il décrivait avec passion tout en fustigeant la tambouille industrielle. Homme d’une grande sagesse il cultivait encore son jardin jusqu’à ses 90 printemps, il ne faisait aucun excès et avait adapté son alimentation au diabète héréditaire apparut vers sa quarantaine.
    Il était en fait son meilleur médecin.
    Les choses se sont dégradées très vite lorsqu’il a été contraint de rejoindre la  » prison » de retraite, la nourriture simple et variée a fait place aux repas préparés par une sombre officine de tambouille tarifée. Jeté dans un fauteuil roulant dès son arrivée ses fonctions motrices ont rapidement décliné entraînant des problèmes circulatoires dans les membres inférieurs et sa dépendance s’est accrue .
    A chacune de mes visites il maugréait en me racontant comment la nourriture était élaborée et le résultat déplorable arrivé dans son assiette. Il a cherché longtemps à faire avancer les choses sur le gaspillage alimentaire résultant de la piètre qualité, tout cela en vain face à une machine économique dont le seul objectif est l’âpreté au gain. Tant et si bien que lors des réunions famille direction résidant on lui imposait de ne pas intervenir sur ce sujet !
    Lors d’une de mes visites j’avais interrogé l’infirmière sur l’absence de menu adapté pour les diabétiques. La réponse a été  » chez les personnes âgées on préfère une glycémie élevée  » .
    Dans ces conditions à quoi sert la diététicienne rémunérée par l’établissement ??

    La raison économique balaye d’un revers méprisant toute objection aussi étayée soit elle.

    Je suis bien triste devant ce constat et par la perte d’un ami qui voyageait immobile dans son fauteuil à roulettes. L’esprit vif et la mémoire intacte j’ai parcouru au gré de ses souvenirs les chemins et les histoires de ma région d’adoption. Merci à lui.

    bonne journée

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