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Un vrai basculement se profile

Le suspense sera entretenu toute la journée. Radios et télés ne sauront pas grand-chose du rendez-vous de 17 heures, mais il leur faudra absolument meubler en persuadant l’opinion dominante que c’est un moment politique essentiel. En fait le huis clos qui se tiendra dans une salle du Palais Bourbon n’a qu’un intérêt limité : jusqu’où peut-on dans le contexte actuel renoncer aux valeurs fondatrices de la République pour des calculs politiciens ? C’est-à-dire la CMP parviendra-t-elle à détourner toujours plus de citoyens de la démocratie représentative ? En fait, il n’y a aucune incertitude compte tenu de la composition de cette commission.

Pour sauver ce qui pourrait encore l’être la majorité minoritaire dans les deux assemblées vendra-t-elle son âme à la droite extrême ? Aucune référence depuis des semaines à la fraternité, à la solidarité, à la liberté ou même tout simplement à un brin d’humanité. L’affrontement portera de manière totalement cynique sur des mots répressifs ou d’exclusion pour sortir d’une manière ou d’une autre vainqueur d’un obscur combat électoraliste. La majorité des quatorze membres présents à l’Assemblée nationale ne parviendront à un accord qu’au prix d’un renoncement des représentants du parti présidentiel.

Si c’est le cas, le gouvernement basculera définitivement dans le camp de la Droite. Et rien n’assure que les votes qui suivront confirmeront un accord éventuel. Le piège pour Matignon se refermera immédiatement et il deviendra alors certain que dès la trêve des confiseurs passée, on changera de locataire. En prenant le leadership des négociations la première des ministres a soulagé son collègue de l’Intérieur désavoué au Palais Bourbon et surtout, elle dédouane l’occupant de l’Élysée qui leur a simplement donné comme conseil dans un langage plus châtié de se démerder. Tout le gouvernement retiendra son souffle toute la journée… car son avenir se jouera sur le dos des immigrés.

Le procès du ministre de la Justice a failli avancer la chute. Raté. Il reste cependant celui du possesseur du ministère du Travail qui n’aura pas l’indulgence d’un tribunal exceptionnel. Il y a aussi quelques autres maillons faibles qui branlent du manche. Seul un profond remaniement changerait la donne d’autant que la rustine de la dissolution a été écartée (pour le moment ?). Le « château » a lancé la course par élimination qu’il regarde avec une froideur dans le style actuel de la gouvernance.

« Nous voilà tous solidaires, fraternels, unis, concitoyens d’un pays qui fait face […] Cette certaine idée qui a fait la France est bien là, vivante et créatrice. Et cela doit nous remplir d’espoir. » avait déclaré le 13 avril 2020 le Président. Depuis il a coulé bien de l’eau sous les ponts de la Seine. Il y aurait bien d’autres engagements verbeux et verbaux qui n’ont jamais effleuré la réalité politique. Pour le moment, il a annoncé au journal Le Monde : « le moment est venu d’un rendez-vous avec la nation », rappelons qu’il avait déjà avant la pause aoûtienne, le Président avait promis une « initiative politique d’ampleur » qui aboutirait un mois plus tard aux « rendez-vous de Saint-Denis », où il convia les chefs des partis politiques. Un échec total !

La salle de la CMP ressemblera étrangement à ces nasses à rats où la lutte pour la survie est dérisoire. Les partis politiques se sont suicidés au poison de l’électoralisme. Ils ont perdu toutes leurs bases et sont devenus des écuries de courses pour les listes à la proportionnelle qui arrivent. L’immigration n’est vraiment pas le problème essentiel de la France. Une lutte contre ses causes, une politique ferme contre ses abus, une appréciation réaliste de ses avantages et ses inconvénients peuvent être menées sur la base des textes actuels. Ils méritent d’être ajustés ou révisés, mais la course inconsidérée à leur « durcissement » aura des conséquences pour chacune et chacun d’entre nous.

Le cœur du projet du ministre de l’Intérieur était de faire de cette loi “la plus ferme avec les moyens les plus durs de ces trente dernières années“. Il s’agissait de renforcer considérablement les dispositifs destinés à précariser, réprimer et expulser les étrangers, comme de s’attaquer au droit d’asile et au droit du sol. Sans qu’aucune solution de régularisation ne soit apportée à la situation des centaines de milliers de personnes sans-papiers, qui vivent, travaillent et payent des impôts en France. Ce soir, ce sera probablement pire… et quatorze citoyens réputés « éclairés » scelleront le sort de centaines de milliers d’êtres humains ! 

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Cet article a 4 commentaires

  1. Pc

    Dans leur grande intelligence, les LR, à l’image de la betasse interviewée tout à l’heure sur France Inter (je n’ai pas noté son nom), ne sont pas capable de comprendre que rien n’a jamais freiné l’immigration et ne la freinera jamais.
    On rira bien quand les restaurateurs, empêchés de trouver du personnel, défileront dans la rue pour protester contre la future loi…

  2. facon jf

    Bonjour,
    dans le cirque merdiatique habituel je demande la loi immigration, une loi destinée à faire un brouillage de communication pour masquer l’effondrement économique de notre pays.
    « La France est bel et bien en train de rejoindre le camp des démocraties «illibérales» juge Jean-François Bayart, professeur à l’IHEID, pour qui Emmanuel Macron vit dans une réalité parallèle et joue avec le feu. Emmanuel Macron se réclame de l’ «extrême centre» qu’incarnèrent successivement, dans l’Histoire, le Directoire, le Premier et le Second Empire, et différents courants technocratiques saint-simoniens. Il est le dernier avatar en date de ce que l’historien Pierre Serna nomme le «poison français» : la propension au réformisme étatique et anti-démocratique par la voie de l’exercice caméral et centralisé du pouvoir. »
    Le en même temps de Mac-ronds se résume à ce que fondamentalement il est, un  » national libéraliste » . National pour le peuple et libéraliste pour les riches qui l’ont hissé sur le trône. Le professeur Bayart analyse ainsi : « Il n’imagine ( Mac-Ronds note personnelle) pas autre chose que le modèle néolibéral dont il est le pur produit, quitte à le combiner avec une conception ringarde du roman national, quelque part entre le culte de Jeanne d’Arc et la fantaisie réactionnaire du Puy-du-Fou. Son exercice du pouvoir est celui d’un enfant immature, narcissique, arrogant, sourd à autrui, plutôt incompétent, notamment sur le plan diplomatique, dont les caprices ont force de loi au mépris de la Loi ou des réalités internationales. »
    On comprend alors nettement mieux son attachement à cette loi scélérate qui flatte l’opinion de droite extrema et d’extrême droite et qui favorise les libéraux en pesant sur les salaires des métiers en tension.
    En observant les évènements des années Mac-ronds on est consterné de voir la France rejoindre le camp des démocraties «illibérales». Durant la crise Covid le piétinement répété des droits individuels. Durant l’épisode des GJ l’usage immodéré de la force. Et récemment l’interdiction de l’ «usage de dispositifs sonores portatifs» pour éviter les casserolades des opposants, le bouclage policier des lieux où se rend le chef de l’État, le lancement de campagnes de rectification idéologique contre le «wokisme», la «théorie du genre», l’ «islamo-gauchisme», l’ «écoterrorisme» ou l’«ultra-gauche» sont autant de petits indices, qui jalonnent la démarche vers un régime autoritaire.
    Tout est fait pour étouffer les cris du petit peuple qui croule sous les manques chaque jour. Le grand mamamouchi de Bercy qui vient mentir devant la France entière pour masquer son échec à mettre l’économie Russe à genoux et son incurie à redresser les comptes de notre pays. Le jeune godelureau* qui veut mettre les enfants en uniforme en laissant entendre que c’est un retour historique. Historiquement, le port de l’uniforme n’a jamais été obligatoire dans l’ensemble de l’enseignement public Français. Tout ce mouvement a laissé penser au sinistre de l’intérieur que son heure de gloire était arrivée, que le nationalisme renforcerait sa position. Dommage pour lui, il s’est fait fesser d’importance et l’onction des saintes huiles par le Méprisant n’effacera pas la cruelle blessure à son amour propre.

    Tout ce cirque pourquoi faire ?

    bonne journée

    * godelureau : Jeune homme qui fait le galant auprès de la gent féminine. ( sans commentaire)

  3. facon jf

    Pour ceux que cela intéresse la tribune de Jean-François Bayart « où va la France  » professeur à l’IHEID (Genève), chaire Yves Oltramare «Religion et politique dans le monde contemporain»
    Publié le 08 mai 2023
    https://www.letemps.ch/opinions/debats/va-france

  4. Alain . e

    Ah , la France , un problème , vite une loi , un autre souci , vite une loi ….
    Je voudrais donc saluer l’ abnégation , la persévérance et le dévouement des 14 de la CMP
    Bien sur , comme souvent , la loi sera inappliquée , ou inapplicable , ou modifiée .
    Je suggère de signer cette loi dans l’ étable à Moïse , au moins , on s’ en rappellera .

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