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La religion dans le sport : une liaison très dangereuse

Dans l’un de ces ouvrages contant sa jeunesse, Jean-Paul Pometan, qui fut un redoutable milieu de terrain de Le Taillan, ancien professeur à la faculté de médecine de Bordeaux, décrit la rivalité entre le curé et l’instituteur dans le village d’Aillas. Farouche laïque mais passionné de sport l’instit’ en cause n’était autre que son père… qui appartenait à cette génération des éducateurs sportifs exceptionnellement passionné.

Joueur, entraîneur, dirigeant, président Jean Pometan sorte de Don Quichotte des valeurs républicaines décidait de l’heure des entraînements du club de football d(Aillas en Sud Gironde que quand le prêtre avait le jeudi après-midi fixé les heures du catéchisme. Les gamins avaient le choix entre l’enseignement religieux et leur sport favori. Cruel dilemme !Jean-Paul rappelle que son père avait pris le contrôle du « patronage » en imposant une stricte laïcité. Il laissa un club de haut niveau en partant pour Le Taillan où il devint un Maire emblématique.

La guerre des patronages a longtemps animé les villages. Celle décrite par Jean-Paul n’a plus aucune existence. Elle correspondait à la volonté pour les uns de faire entrer la religion dans la pratique sportive et pour les autres de combattre cette influence. Les « patros » ont disparu totalement, les amicales laïques ont été dissoutes car soit-disant « dépassées » et manquant de militants convaincus. Les clubs sportifs ont été progressivement colonisés par les prosélytes religieux. L’islamisme dans le monde du football est infiniment plus développé que dans les autres secteurs de la vie sociale. Motus et bouche cousue puisque la fédération ne vit que grâce à un nombre de licencié.e.s et ne va pas être très regardante sur le respect des valeurs républicaines.

Médéric Chapitaux ancien gendarme devenu sociologue vient de sortir un livre « Quand l’islamisme pénètre le sport » (1) qui traite du sujet et constitue un brûlot dont la FFF évitera de s’emparer. Actuellement selon l’enquête de ce chercheur 127 associations sportives sont identifiées par les autorités comme ayant une relation avec une mouvance séparatiste. Le football et les sports de combat sont particulièrement touchés par le phénomène. Il chiffre à 11 000 enfants, adolescents ou jeunes adultes qui « s’entraînent dans un environnement séparatiste ».

Sur l’espace ou dans des locaux publics les signes ou les pratiques ostentatoires d’une religion deviennent monnaie courante sans que personne ne réagisse. Ce seront « des gens qui vont être dans le communautarisme. On ne se regroupe qu’entre coreligionnaires dans un club de sport, les autres n’ont pas le droit d’y venir. On bascule dans le séparatisme. Enfin, la radicalisation. » explique l’auteur du livre.  On en arrive à des demandes surréalistes de certains clubs : mise à disposition d’une salle de prières avant les matchs ou parfois des rassemblements de ce type dans les vestiaires.

Ces pratiques s’intensifient. Comme l’obligation de laïcité ne figure pas obligatoirement dans les statuts des clubs et qu’il n’existe aucun texte de référence, il n’y a plus de digues. Le prosélytisme se développe chaque saison davantage. Les « éducateurs » autorisent ou incitent à ces gestes revendicatifs. Il est vrai que sur les stades professionnels rien n’est fait en France (ailleurs ça paraît impossible) pour que les textes sur la place des signes religieux dans les stades soit réduite et qu’ils soient finalement interdits.

On ne voit pas un arbitre mettre un carton jaune à un joueur pour une signe de croix et même parfois plusieurs en sortant ou en entrant sur la pelouse. Pas plus que l’on sanctionne une invocation d’Allah avant le début ou à la fin d’une rencontre. La sphère privée intervient dans la pratique sportive de manière visible et donc condamnable. Les instances du football sanctionnent les fumigènes, les pétards, les banderoles soutenant les Palestiniens mais pas la pratique religieuse.  Médéric Chapitaux réclame « que la loi de 2004 interdisant les signes religieux ostentatoires dans l’Éducation nationale soit élargie au domaine du sport. ‘Ça permettrait aux dirigeants des clubs de sport d’avoir une base légale sur laquelle s’appuyer’ »

L’absence de culture laïque dans le milieu du sport en général et l’indulgence des fédérations ouvrent des perspectives intéressantes car le sport est un extraordinaire espace de socialisation. « Il a parfois des déviances. On l’a vu avec les violences sexuelles, on le voit avec le dopage et là, on le voit avec l’entrisme islamiste. » Tous les clubs devrait signer une charte en ce sens et les délégués des matchs pourraient en contrôler l’application. Trop simple pour être mis en œuvre.

Cet article a 4 commentaires

  1. christian grené

    Il y a bien longtemps, quand j’étais jeune, je jouais au football à Libourne. Il y avait trois clubs: les Rouges de Saint-Jean, les Bleus de Saint-Ferdinand et le FCL (plus tard ASL), et jamais il ne m’est venu à l’esprit d’endosser le maillot des deux premiers cités, quitte à être qualifié de « Pingouin », Emblème d’un club porté sur les fonts baptismaux par J.-A. Moueix qui avait le chic pour appâter les nouveaux alcidés avec quelques bouteilles de… Château Petrus, son domaine. Ajouterai-je que j’ai tapé dans mon dernier ballon (!) dans la club de Saint-Emilion?

  2. J.J.

    Dans mon quartier, nous sommes en avance sur le sujet : une des salles de sports , à côté du stade où les jeunes africains du quartier jouent et s’entraînent, est équipée de fenêtres qui ont une telle forme, évoquant plus ou moins un bâtiment exotique, que lorsque nous nous promenons dans les secteur, nous nous faisons la réflexion que cette salle pourrait très bien être transformée facilement en mosquée. Un peu stressant …

  3. Alain.e

    Bravo , il fallait que ce soit dit , même si ce n’ est pas entendu …
    le soucis , c’ est que la religion est partout , dans le sport , à l’ école , dans l’ espace public , au travail , avec son lot de revendications continues .
    Je préfères définitivement « les liaisons dangereuses  » de Choderlos de Laclos aux autres et je considères que tout ces religieux souffrent de lésions dangereuses , et je m’ assume
    laïcard intégriste sans complexe ….
    Cordialement.

  4. J.J.

    « et je considères que tout ces religieux souffrent de lésions dangereuses » , et ce qui est le plus grave c’est qu’ils veulent entraîner les « autres » dans leur « rêve héroïque  » et brutal de conquérants.
    Ce qui est grave également ce sont ces croyances parfaitement irrationnelles toujours en cours, dans un monde qui maîtrise et utilise des techniques et des connaissances parfaitement rigoureuses, et qui ne laissent pas de place à la fantaisie.
    En fait , les croyants, il faut appeler les choses par leur nom, sont victimes d’un trouble mental : la dissonance cognitive qui, dans un méli mélo de leur « moi » leur « surmoi » et leur « ça » ne leur permet pas de se débarrasser de ces aberrations.

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