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La détresse profonde des établissements médico-sociaux

Le système des EHPAD publics ou gérés par l’économe sociale et solidaire est en train de s’effondrer dans l’indifférence générale. Il y a eu pour le privé l’affaire Orpéa, le naufrage en cours de l’ex-Korian qui devrait avoir besoin d’un recapitalisation et maintenant le magazine « 60 millions de consommateurs » qui sort une enquête sur les repas dans les établissements réservés aux personnes dépendantes. Rien ne va plus partout et notamment dans le service public.

Le manque de places devient problématique et le prix du séjour ne cesse d’augmenter en une période où les retraites stagnent ou sont rongées par l’inflation. Le fameux maintien à domicile atteint ses limites faute de personnel qualifié. Les personnes dont la santé est très altérée restent chez eux et nécessitent une pléiade d’intervenants pas toujours disponibles. Bref il ne fera pas bon vieillir dans les années qui arrivent.

Hier matin j’ai assisté au conseil d’administration de l’EHPAD de La Peloue. Je suis resté personne qualifiée et je termine ma quarantième année de présence dans cette instance. Pendant onze ans j’ai ramé pour construire un nouvel lieu d’accueil dont tous les aménagements ont été pensé sur la base de la vie d’un village. Un énorme travail de conception du projet a été nécessaire pour arriver à ouvrir en 2008 la structure actuelle, classée à trois reprises dans les meilleurs de France. Malgré un prix de journée très bas, tant la maison de retraite de Créon puis l’EHPAD, n’ont jamais traversé de difficultés financières.

Les établissements médico-sociaux sortent de la période Covid extrêmement affaiblis et une avalanche de mesures gouvernementales leur met la tête sous l’eau. L’inflation les achève. Il faut savoir que ce matin pour la première fois le CA a adopté un budget 2023 avec une prévision de déficit de 550 000 € ! Absolument tous les EHPAD publics sont dans la même situation. Certains sont en cessation de paiement pure et simple. D’autres ne règlent plus les cotisations sociales. Les factures restent en attente. L’alerte est générale.

Premier paradoxe : il faut constituer un budget à deux mois de la fin de l’année alors que l’Agence régionale de santé n’a toujours pas signifié sa participation sur le volet « soins »… Il n’est même pas sûr que ce soit effectif avant le 31 décembre. L’État n’ayant plus un rond il joue la montre pour distribuer les subsides et obligent les administratrices de tous les établissements à voter un budget non sincère dans le secteur de ses recettes. Les marchandages vont débuter avec une seule certitude l’ARS ne comblera pas le déficit. Il y aura donc un « trou » sur l’exercice 2023 !

Il sera dû aux multiples revalorisations et primes accordées au personnel par le gouvernement. Souhaitable, logique, normal et vraiment mérité. N’empêche que le fameux « on annonce, on décide et vous payez ! » qui tient lieu de gouvernance provoque des ravages. Il manque plus de 260 000 € pour boucler le chapitre du personnel. Et dans quelques établissements les primes diverses allouées ne seront pas payées faute de trésorerie ou en raison des délais de versement des compensations promises.

En effet les trésoreries n’effectuent aucune opération après le 15 décembre. Si les fonds arrivent après cette date… C’est trop tard ! Dans le détail les hausses constatées par avance sont de Taxe sur les salaires : +17.92%; Cotisations URSSAF : +28.81%; Rémunération du personnel titulaire: +14.82%; Prime de service : +58.69%; Rémunération personnel non titulaire : +16.37 %

Les affirmations venues de Paris à propos de l’inflation n’ont aucun sens. Pour les énergies l’EHPAD dépensera +68.50%; pour les protections fournies gratuitement +34.43% et pour l’alimentation (tout préparé sur place) + 18,31 % . C’est la réalité puisque tout établissement public, l’établissement est lié par des groupements d’achat ou des marchés publics groupés ! Au passage il faut noter que l’assurance dommages aux biens a bondi de + 17 % et les impôts et taxes de 15 %. Une situation dont nul ne sait à quel niveau ils era pris en charge. La seule certitude c’est que le tarif journalier d’hébergement a… été fixé eu mois de juin par le Conseil départemental qui a fixé sa participation à + 2 % faute de recettes à la hauteur de ses besoins.

Voici la situation réelle du pays. Des tonnes d’annonces, de promesses, de baratin mais une incapacité à fournir les crédits nécessaires. Tous les jours des millions voire des milliards jaillissent de la fontaine de Bercy qui sonne creux. Les services publics de santé ou médico-sociaux auraient un déficit cumulé de un milliard d’€ que personne ne sait comment combler… Il y a bien la solution miracle : augmenter la part des résidents et des familles.

Cette hypothèse conduirait à une augmentation de 37 % du prix de journée créonnais et de le faire passer de 2 000 € à 2 750 €… certains résidents artisans, commerçants, agriculteurs, ouvriers ou n’ayant jamais occupé un emploi salarié ne dépassent pas 800 € de retraite. Ah ! Au fait je vous rappelle que l’évasion fiscale des multinationales c’est en France

Cet article a 3 commentaires

  1. J.J.

    « Bref il ne fera pas bon vieillir dans les années qui arrivent. »
    Il n’a semble-t-il jamais fait vraiment bon vieillir, mais là ça devient grave.

    N’assisterait-on pas par hasard à une opération de torpillage du service public pour privatiser un secteur de plus ?
    Une habitude que ce régime compte parmi ses activités scélérates favorites, dans la grande tradition de l’Europe du fric.
    Afin que la concurrence soit libre et non biaisée, on massacre la concurrence, ça facilite les profits confortables et sans compétition à mettre à l’abri grâce à l’évasion fiscale.
    Mais que font « ils »‘(ou subsidiairement « elles »), nom de dieu avec tout ce fric ? « Ils » bouffent dix fois par jour ? « Ils » circulent dans trois voitures à la fois ?
    Ce qui console quand même, c’est que lorsqu' »ils » auront cassé leur pipe, même dans un cercueil plaqué or, ils ne pourront pas en sortir.

    « Sic transit gloria mundi. »

  2. Gilles Jeanneau

    Oh combien je partage cet avis!

  3. facon jf

    Bonjour,
    l’incendie dans les caves de Bercy est attisé par une inflation galopante et les ministres courent dans toutes les pièces où les flammes se propagent armés de … verres d’eau.
    Depuis 2022 les alarmes retentissent dans tous les établissements publics et non lucratifs. les budgets non sincères sont bricolés. Les 7 500 Ehpad de France subissent une crise économique qui menace la qualité d’accompagnement de leurs 600 000 résidents. Leurs recettes chutent. Le nombre de lits inoccupés atteint un niveau record : 20 000 places sont vacantes, soit 4 % du parc. Une désaffection qui découle de la perte de confiance des familles depuis les révélations sur les pratiques du groupe privé d’Ehpad Orpea – maltraitances, irrégularités financières, etc. –, en 2022, et la pandémie de Covid-19, responsable du décès de 29 300 résidents entre 2020 et 2021. Leurs dépenses, elles, sont décuplées par l’envolée des coûts de l’énergie, des denrées alimentaires, des produits d’hygiène.
    A la question posée au sujet de l’urgence financière par une sénatrice le 15/01/2023 la ministre des solidarités et des familles a répondu le 25/10/2023. Armée jusqu’aux dents avec son verre d’eau la ministre a répondu avoir obtenu la mise en place d’un fonds d’urgence de 100Md’€ pour 2023, destiné aux établissements et services pour personnes âgées en difficulté. Les deux notions d’urgence dans sa réponse et d’urgence financière semblent s’être échappées de sa réflexion.
    En attendant les résidents devront se contenter des 6 €/jour attribués généreusement pour leurs 3 repas + la collation … Pt1 c’est Byzance!!!
    Pas grave si ils sont dénutris des compléments alimentaires sont servis au petit déjeuner, ça coupe l’appétit , ça remonte les indicateurs sanguins et en plus c’est la sécu qui paye. Youpi !! double ration.
    « Nous n’avions jamais connu une telle situation, qui met en jeu l’existence même des établissements », alerte Marc Bourquin, conseiller stratégie à la Fédération hospitalière de France (FHF), qui représente environ 3 000 Ehpad publics. Son diagnostic est sans appel : « 80 % des établissements (publics) sont déficitaires ». Nombre d’entre eux ont vu leurs réserves financières fondre comme neige au soleil. Si bien qu’ils sont obligés d’emprunter, pour faire tourner la machine. « Plusieurs directeurs me disent qu’ils ne pourront pas payer les salaires de novembre et de décembre. »
    Familles des résidents sortez vos lits pliants et vos serpillières vous allez devoir suppléer aux carences d’un gouvernement en faillite. Et surtout, surtout n’oubliez pas votre carte bleue.

    Bonne journée quand même.

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