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Les périodes d’insouciance climatique sont révolues

Les dégâts dans les Alpes Maritimes provoqués par un nouvel aléas climatique ressemblent étrangement à ceux de 2020 par la tempête Alex, La nouvelle baptisée Aline, a touché encore de manière inquiétante certains sites comme Saint-Martin-Vésubie Plus 180 mm de précipitations dans cette commune ont causé des dégâts impressionnants : deux ponts ont emportés à nouveau par les eaux et 30 mètres de chaussée arrachés par la Vésubie, dont le débit a bondi de 60 à 200 mètres cubes par seconde. Deux bus vides garés à proximité ont été déplacés par le courant. Les mêmes causes produisent les mêmes effets et la commune se retrouve dans un situation similaire à celle d’il y a trois ans.

Désormais les événements du type de celui qui s’est produit dans les Alpes Maritimes n’auront aucun caractère exceptionnel puisqu’il découle d’une modification profonde et durable du climat.  Tenter de le dissimuler en ne prenant pas les mesures qui s’imposent dans l’urgence c’est se condamner à des sinistres incessants. En effet à l’intensité des pluies s’ajoutent les erreurs commises en matière d’aménagement de l’espace. L’eau est inarrêtable quand elle s’engouffre dans des zones pentues artificialisées.

L’intensité des précipitations constitue un paramètre préoccupant : il pleut beaucoup en peu de temps et les sols quels qu’ils soient, n’absorbent plus grand chose. Durcis par la sécheresse ou l’absence de cultures,ils reçoivent des quantités d’eau qui ruisselle vers les déversoirs que sont les ruisseaux ou les torrents dont le lit n’est guère délimité. Les rues se transforment en « affluents » et accélèrent le flot. Cette situation découle de la volonté générale du « tout goudron » avec des réseaux d’eaux pluviales sous-dimensionnés.

Partout ce phénomène de l’accélération du ruisellement par les aménagements urbains ou par l’absence de d’entretien agraire des terrains, cause des difficultés jusque-là très espacées. Les mêmes zones des Alpes Maritimes ont été touchées à deux reprisse en trois ans posant la question de savoir si les enseignements de la crise de 2020 avaient été tirés. En général quand une catastrophe se produit, des commissions avec élus et techniciens, se réunissent doctement pour pondre au bout d’un an un premier rapport demandant des crédits pour une étude. Le document proposera des travaux à réaliser, tous impopulaires ou fort coûteux pour lesquels on cherchera encore durant des mois les fonds nécessaires pour rectifier les erreurs commises dans le passé récent.

En France il faut face à l’accumulation de diktats en tous genres, cinq ou six ans pour espérer terminer un plan de sécurisation des sites fragilisés par leur situation. A Saint Martin Vésubie le maire constatait qu’il lui fallait tout recommencer puisque les réparations de la tempête Alex n’étaient pas terminées et ont été détruites. Deux ponts emportés et le provisoire des réparations n’a pas duré. Un ouvrage pérenne doit être réalisé une fois que l’État aura prescrit les nouvelles mesures hydrauliques afin de livrer une infrastructure résiliente. Il sortira après deux ans d’études et 1 an et demi de construction soit au mieux en 2026.

Lorsque l’on élabore maintenant un document d’urbanisme dans un secteur susceptible d’être couverte par une crue doit être pris  en compte ce que l’on appelle la crue centennale. Il s’agit d’un débordement historique du cours d’eau qui se produit, en moyenne, tous les cent ans. Un travail de mémoire et de recherche historique permettent de dénicher le pire des événements. Il est toujours fortement contesté par les propriétaires de terrain ou de maisons car leurs biens s’en trouvent dévalorisés. Maintenant il sera indispensable de revenir sur cette notion car les exagérations de Dame Nature se répètent à un rythme soutenu et pas tous les siècles.

Le constat est implacable : sur la décennie précédente, 24 000 hectares d’espaces naturels, agricoles et forestiers ont été consommés chaque année en moyenne en France, soit près de 5 terrains de football par heure. Tous les territoires sont concernés : mais en particulier 61% de la consommation d’espaces est constatée dans des territoires sans tension immobilière. Les conséquences sont écologiques (érosion de la biodiversité, aggravation du risque de ruissellement, limitation du stockage carbone) mais aussi socio-économiques (coûts des équipements publics, augmentation des temps de déplacement et de la facture énergétique des ménages, dévitalisation des territoires en déprise, diminution du potentiel de production agricole etc.). C’est indiscutable.

La France s’est fixée, dans le cadre de la loi Climat et résilience adoptée en août 2021, l’objectif d’atteindre le « zéro artificialisation nette des sols » en 2050, avec un objectif intermédiaire de réduction de moitié de la consommation d’espaces naturels, agricoles et forestiers dans les dix prochaines années (2021-2031) par rapport à la décennie précédente (2011-2021) Accrochez vos ceintures ça va tanguer !

Cet article a 3 commentaires

  1. J.J.

    « La France s’est fixée, dans le cadre de la loi Climat et résilience adoptée en août 2021, l’objectif d’atteindre le « zéro artificialisation nette des sols »
    Bel envol cocardier et simple vœux pieux !

    Mais ce déploiement de bons sentiments n’arrête pas des chantiers « scélérats » comme celui de l’A69, ou de la « Route Waukiez »(reportage dans le journal « Reporterre » https://reporterre.net/Des-bergers-entravent-les-travaux-de-la-route-a-Wauquiezs), vraies catastrophes pour l’environnement, l’agriculture, les milieux naturels, certains sites archéologiques, etc.
    Mais les « autorités » locales, en dépit des remarques défavorables des services environnementaux persistent dans leurs projets « naturicides », les opposants ou les simples auteurs de commentaires critiques étant considérés comme « terroristes ».

  2. christian grené

    « Accrochez vos ceintures, ça va tanguer ». Ou ça va-t-en guerre, si j’en crois les images des manifs des Verts et des pas mûrs?
    Juste une blagounette pour que JMD et JJ ne se sentent pas seuls!

    1. J.J.

      Merci Christian, c’est gentil de prendre soin de nous.

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