Existe-t-il vraiment encore une possibilité de débat citoyen dans la société française ? Chaque jour cette possibilité essentielle pour la démocratie disparaît : l’invective, le mensonge érigés en principe de vie sociale, l’approximation ou simplement la désinformation ont envahi l’espace dans lequel se déroulait autrefois la confrontation de faits et d’idées. L’anonymat qui fait la fortune des grandes entreprises portant les réseaux sociaux accentue en plus la disparition de la confrontation courtoise sur les bases de la raison et de l’intelligence. Désormais un tweet ou un post résument la pensée et suffisent à conquérir l’opinion.
Le débat n’existe plus puisque les idées toutes faites ou le prêt à porter idéologique se sont installés sur les plateaux des télés où des grandes gueules sont censées porter la parole d’entités sociales représentatives. La confiscation des médias de référence par les puissances ultra-libérales aux desseins plus ou moins extrémistes. Ils ne soutiennent pas ces supports pour sauver la liberté de la presse mais pour simplement en faire des outils au service de la diffusion d’une opinion qu’ils souhaitent dominante. Il devient impossible d’accéder à un système de plus en plus verrouillé ou squatté par une pseudo élite de tous bords dispensatrice de « vérités » établies.
L’arrivée des réseaux dits sociaux, a porté le phénomène du dénigrement du débat à un degré de violence inédite, en permettant à quiconque de relayer et diffuser sans grand risque les pires rumeurs et médisances. Les « penseurs » sont alors jetés en pâture à partir de quelques clichés malveillants diffusés sur les réseaux sociaux. Il n’est plus nécessaire d’écouter ou de lire un acteur de la vie sociale pour « juger » de ses qualités et de ses défauts ou du bien-fondé de son rôle ou de ses décisions : son image suffit à le projeter dans une posture pré-déterminée.
La politique n’existant plus car tuée par des partis qui se sont sclérosés pour devenir des « écuries » de course aux postes électifs, toute tentative d’intéresser les citoyens aux choix qui les concernent devient utopique. Si quelques personnes y viennent ce n’est pas pour apprendre ou comprendre mais pour protester ou hurler son opposition. La majorité restante ne participe à l’opposé que pour renforcer ses certitudes.
Les élus de tous niveaux porte une grande responsabilité dans cette situation puisqu’ils subissent les situations plutôt que de les devancer. « Ils ne viennent pas ! » ; « C’est toujours les mêmes qui se déplacent ! » ; « ça ne les intéresse pas ! » : tous les arguments sont bons pour ne jamais affronter le débat ouvert. La mode actuelle consiste à le circonscrire dans des instances à géométrie variable supposées être de concertation alors que souvent l’information cruellement manque à celles et ceux qui y sont conviés.
Ces situations dites de « vase clos » que tous les pouvoirs utilisent pour faire exprimer leurs soutiens ou donner l’impression qu’ils écoutent les critiques ont leur base dans le constat de Clémenceau « quand on veut enterrer une décision, on crée une commission ». On peut même le moderniser en précisant que l’on crée un numéro vert !
Avez-vous vu organisées des réunions, des rencontres, des débats sur le thème des conséquences de la réforme de la fiscalité locale sur la vie communale ? Les feuilles d’imposition locale sont tombées dans un silence généralisé avec comme victimes principales les retraités propriétaires. Soit un certain fatalisme, soit l’indifférence, soit la résignation, soit la certitude que c’est inexorable conduisent à préférer gueuler sur les effets sans vraiment vouloir en comprendre les causes. C’est ainsi que le populisme fait son lit sur l’ignorance et la faiblesse dramatique de la culture civique.
Débattre serait insulter, gueuler, vitupérer, délivrer des messages simplistes ou ressasser des mensonges qui finissent par paraître être des vérités. Plus aucun intellectuel se risque à montrer le bout de sa langue ou de son stylo tant ils sont agressés illico quand ils osent expliquer que tout ne se résume pas en « pro » ou « anti ». C’est ainsi que sur les sujets qui nourrissent la droite extrême et plus encore l’extrême droite (insécurité, immigration, identité) ne peuvent plus être abordés de front sans déchaîner des réactions surdimensionnées ou se trouver affublé des qualificatifs de fachos, des réactionnaires ou de traîtres.
Une démocratie qui ne cultive pas le débat serein et permanent se condamne à la dictature. Le chemin pris depuis déjà deux ou trois décennies n’est guère rassurant. On aura probablement l’occasion d’en débattre… quand il sera trop tard.
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« Quand il sera trop tard », « ce n’est pas quand on s’est fait dessus qu’il faut serrer les fesses » dit le dicton…
On se demande qui, comme toi JM, serre encore les fesses les yeux ouverts.
à mon ami phillips Conchu
Je rajoute au dicton : très juste car alors…
» l’urgence devient de trouver du papier ! »
à mon ami Philippe Conchou
Mes excuses : Philippe.
Voici ce qui arrive quand… « on tire plus vite que son ombre ! »
« Fatalisme, indifférence, résignation » ce sont bien les mots qui conviennent quand on voit que l’on ne peut que subir sans s’y opposer à de plus en plus de décisions idiotes pour ne pas dire suicidaires…
Et ça continue encore et encore, comme dirait le chanteur d’Astaffort!
A quel saint se vouer? se disent les braves gens.
Lorsque l’on voit qu’après le coup de la réforme des retraites, Macron veut piquer les réserves de l’AGIRC-ARRCO, c’est à se taper le cul sur un pain de glace, comme disait un humoriste.
Et ce n’est que le début, d’accord, d’accord!
à mon ami Gilles…
En réponse à ta question : « à quel saint se vouer… ? »
La mienne sera : à aucun ! Continuons à nous informer, à agir.… et ne nous abandonnons pas à l’abstention quand on a encore la chance de pouvoir donner son opinion. J’ai connu une époque européenne où cette opportunité de voter était bannie!
Tellement juste…. et si tellement angoissant, car comment faire un chois avisé, lorsque que menteur « un » est face à menteur « deux » et que chacun déploie des arguments lamentables et inexactes pour convaincre les citoyens que nous sommes, comment faire « confiance » alors que le seul but de « ceux là » est d’être élus, d’avoir le « pouvoir » pas pour servir ….non… mais pour « se servir ». Il sont peu nombreux ceux/celles qui gardent en mémoire que ce CDD (d’élu..) n’est ni un emploi, ni un job, qu’ils sont à ce poste par la volonté d’un peuple, qui attend d’eux/elles le respect de leur propre parole, car c’est sur celà qu’ils ont été élus/es, peu nombreux qui portent la parole des citoyens qui les ont élus, raririssime ceux/celles qui prennent le temps de vous répondre, ou de vous recevoir quand vous les sollicitez….ils « disparaissent » des places de marchés des que le poste leur est donné, et montent au chateau…ça y est ! ils s’y sont ! mais quel parcours ! ils peuvent être fiers/fières ….mais de quoi?…. que feront ils de ce mandat?… car ce qui leur est demandé n’est pas de donner leur avis…NON…mais de donner l’avis de ceux qui les ont élus… ils sont, quelques soit le barreau de l’échelle ou ils/elles se trouvent, nos représentants, et rien d’autre. Mais voilà…. la plus part ne donne « que » leur avis, ne prennent pas le temps de nous consulter, alors que chaque jour, ils prennent des décisions, votent, pour nous. Le pompon?…c’est tout ceux élus/es sur le « ni ni » et qui vire à droite toute….. et leurs électeurs/trices, il comptent pour quoi???….. s’ils avaient voulus une politique de droite, ils auraient votés à droite…non??????…. j’aimerais écrire la politique, en majuscule, parce qu’il y a des hommes, des femmes, qui ont été ( et sont…il en reste..si, si!) de grands/es Politique, qui ont « servit » le peuple…. Il serait temps que ça change… comment…peut être juste en le disant, en « leur » disant….
à mon amie Fabienne…
Pour illustrer ton menteur « un » et menteur « deux », voici ce que je répondais quand j’étais jeune à mes copines qui me chantaient : « pince mi » et « pince moi » sont dans un bateau… « pince mi se noit » qu’est ce qui reste ?… Pince-toi. Et nous éclations de rire ! Merci de m’avoir rajeunie.
@ à Fabienne…
Oups ! Mes excuses… « Pinces-toi »!
Bonjour,
Les Anglais disent » the less people think, the louder they are » ce qui se traduit approximativement « moins les gens pensent, plus ils sont bruyants ». C’est devenu la règle d’or des merdias « faire un maximum de bruit pour empêcher de penser ».
Ce qui ne fait aucun bruit et favorise la pensée c’est la lecture et on constate l’effondrement de la presse d’opinion. La baisse du lectorat de presse s’accompagne du rachat massif des organes de presse par des milliardaires dont le but n’est pas philanthropique mais bien de manipuler l’opinion à leurs profits. La prise de pouvoir concerne tous les merdias Télé et radio dont la plupart des programmes privilégient la dimension « populaire ». Populaire étant dans leurs esprits totalement simplifié pour éviter le décrochage pendant les juteux carrefours de pub. Et là encore le « moins les gens pensent et plus c’est bruyant » est leur appât pour drainer l’audience. Tout est bon pour amplifier le » buzz » qui transforme le bourdonnement ( traduction littérale du mot Anglais) en bruits, insultes et fureurs… Prenant exemple sur les ludions des débats arrangés, les discussions prennent la même tournure devenant aussi bruyantes que dénuées de sens. De tout cela découle une grande difficulté à discuter sereinement de sujets importants. Je dois ajouter que de mon point de vue cela encourage la violence qui s’enclenche très vite devenant le relai pour obtenir le dernier mot.
Et si nous réapprenions à écouter ?
« Savoir écouter, c’est posséder, outre le sien, le cerveau des autres. »
Léonard de Vinci
Bonne journée
à mon ami facon jf…
Et le grand Leonardo savait « de quoi il parle »!
Bien, Jean-Marie. Le sujet du jour et ses commentaires ont suscité des ho! et débat.