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Eté ou pas été : la nouvelle guerre du feu

Le feu… Le début de l’été dans les pays du pourtour méditerranéen illustre la fameuse phrase de Chirac voulant que «  « Notre maison brûle et (que) nous regardons ailleurs ». Elle date de 2002 soit il y a plus de 20 ans. Elle avait un coté généraliste alors qu’elle trouve une résonance particulière avec les flammes qui ravagent désormais tour à tous tous les pays en passe de basculer dans un climat subtropical. Les incendies désormais inarrêtables ou s’ils le sont, c’est au prix d’efforts humains et matériels exceptionnels. Bien évidemment entre la perception de cette nouvelle donne et la réponse qui lui est apportée il y aura des décennies de tergiversations.

Durant plus de vingt ans j’ai siégé au sein du conseil d’administration du service départemental d’incendie et de secours de la gironde (SDIS 33) et je n’ai jamais cessé d’alerter, de protester contre la manière dont été conçu dans notre pays le financement de cette structure qui prend une importance croissante dans la vie quotidienne. Grâce à de multiples subterfuges légaux, les responsables politiques nationaux n’ont jamais souhaité prendre l’évolution de ce volet de la sécurité en compte. Le citoyen ignore tout le complexité d’un fonctionnement dont on perçoit les failles lors des situations de crise.

En France ce sont les collectivités locales (départements, communes ou intercommunalités) qui doivent les moyens dont a besoin le représentant de l’État pour combattre les incendies les plus graves. Les élus ont l’obligation de trouver les budgets pour être à la hauteur des enjeux sécuritaires qui demeurent une compétence nationale. La Sécurité civile d’envergure nationale vient en renfort lorsque les moyens se révèlent insuffisants avec les fameux Canadairs, Dash ou hélicoptères porteurs d’eau… et des troupes spécialisées installées sur des bases spécifiques. Le retard pris en 20 ans alors que la menace augmentait entraîne des manquements dans la lutte contre le feu.

Les images terrifiantes de 2022 en Gironde ont provoqué des réactions officielles mais il reste à les concrétiser. La relance de la fabrication de bombardiers d’eau mériterait par exemple un programme européen d’urgence surtout quand on constate la pauvreté des moyens dont disposent les pays en proie aux incendies. Sur l’île de Rhodes, à Corfou et plus largement en Grèce, en Espagne, au Portugal et même en Algérie il y a une disproportion flagrante entre les réponses techniques et la violence des flammes. Le Premier Ministre grec a indiqué que « la guerre était déclarée contre les incendies » ce qui dénote la gravité de la situation après que 64 foyers nouveaux dans la seule journée de dimanche.

Le feu, malgré l’amélioration des dispositifs multiples destinés à le combattre, surtout quand il a comme alliés le vent et la sécheresse dévore avec un appétit féroce la nature et les constructions humaines. Par expérience pour avoir suivi de près au cours des étés 2011 et 2015 les événements de Lacanau et Saint Jean d’Illac j’ai pu vérifier sa puissance dévastatrice de plus en plus difficile à enrayer. Et ce n’était pas comparable un seul instant avec ce qu’il s’est passé l’an dernier ! Partout la menace plane sur des espaces gigantesques. Qui imagine qu’au Canada ce sont plus de 900 foyers qui sont en cours, dont 555 hors de contrôle et que pus de 115 000 km² (l’équivalent de la Nouvelle-Aquitaine et des Pays de la Loire) ont déjà brûlé à l’échelle nationale à ce jour !

En Russie, des feux de forêt, accentués par le dérèglement climatique depuis une décennie détruisent la forêt. Actuellement ils ne sont même plus combattus puisque les secours déjà maigres ont été démantelés par le conflit avec l’Ukraine. L’U.E. a vécu en 2022 sa pire année en matière de surfaces brûlées. Selon un bilan dressée le système européen d’information sur les feux de forêt (Effis) et le programme européen sur le changement climatique Copernicus, plus de 785.000 hectares sont partis en fumée du 1er janvier au 19 novembre. C’est plus du double de la moyenne d’un peu plus de 317.000 hectares entre 2006 et 2021. Ce qui était exceptionnel s’inscrit désormais dans la normalité.

En domestiquant le feu les premiers hommes ont avancé sur la route de l’évolution sociale. « C’est l’enfer » clamait un touriste non évacué de l’île de Rhodes mécontent de son sort. Tout un symbole que chaque été renforce. Encore une fois, comme le veut une éternelle habitude politique, la réponse concernera la lutte contre les effets de ces catastrophes pas toutes naturelles, et on continuera à détourner le regard des causes. Il a plu hier sur la Gironde. Une ondée provisoirement bienfaitrice.

Cet article a 15 commentaires

  1. christian grené

    A cause de tout ça, je n’ai pas pu déclarer ma flamme cet été à ma femmes. Etendue sur une plage de l’île d’Oléron, elle m’a repoussé et conseillé de retourner devant la télé où, pas de pot, France Info diffusait un reportage sur la parcours de la flamme olympique…

    1. Laure Garralaga Lataste

      @ à mon ami christian…
      Je sens chez toi… une envie de reprendre ta Liberté… Attention… « Mieux vaut être mal chaussé que de marcher pieds nus »… ! Ah ! Ah ! Ah!

  2. Philippe CONCHOU

    Vieil héritage familial, je suis l’inquiet propriétaire de 10 Ha de bois répartis en 30 parcelles sur 3 communes et 2 départements. Entretien quasi impossible, la plupart étant situées dans des zones devenues inaccessibles.
    Pour éviter les incendies, la plupart d’origine humaine, je ne vois que l’éducation, ne pas jeter de mégot, ne pas faire de moto quad ou 4×4 dans les bois etc, les campagnes à la télé vont dans le bon sens, mais malheureusement un abruti suffit à créer une catastrophe.
    Quand aux pays du sud, ils ont le pire des fléaux, le touriste, et comme ils sont d’un laxisme coupable en matière de prévention, ils payent durement leur inconsequence.

    1. J.J.

      « 10 Ha de bois répartis en 30 parcelles sur 3 communes et 2 départements. »
      Situation classique : le morcellement, grand problème de la forêt privée en France : un bien foncier très difficilement exploitable et quasiment invendable .

      1. Philippe Conchou

        Sachant que les 5 plus grandes représentent 50% du tout…

  3. J.J.

    Le feu, un des « quatre éléments », qui est devenu incontrôlable parfois n’est pas le seul à nous préoccuper.
    Récemment nos voisins de Charente Maritime ont été frappé par un tremblement de terre aux néfastes conséquences : certains habitants dont la maison a été détruite ou est inhabitable peinent à trouver un abri, d’autres sont ruinés, leur entreprise qui assurait leur gagne pain n’étant plus en état de fonctionner, et la plupart sont en attente de problématiques aides. Et là , on ne parle que « local ».
    Chaque jour les informations nous montrent dans notre propre pays les méfaits de chutes d’eau diluviennes ou de grêle aux projectiles d’une taille démesurée, dévastant les récoltes, les véhicules, les habitations, les infrastructures.
    Chaque jour aussi des images nous montrent la désolation qui suit le passages de tornades impressionnantes.

    Nous constatons les effets funestes des quatre éléments traditionnellement considérés depuis l’Antiquité comme constituant l’univers.
    D’aucuns y verraient une punition divine, ou une révolte de la nature.
    L’explication est sans doute plus simple : nous sommes les témoins impuissants d’une évolution du climat, comme il y en eut sur la terre depuis qu’elle existe, peut être passagère, peut être durable, et toutes les gesticulations et chattemites discours demandant hypocritement la réduction des gaz à effet de serre(une des plus grandes escroqueries du siècle) n’y feront probablement rien.
    Les immenses destructions de forêt qui dégagent du CO2 et en conséquence ne produisent plus d’oxygènes auront ou ont déjà un effet négatif considérable dont on n’entend jamais parler.

  4. LAVIGNE Maria

    Lorsque nous avons acheté un lot sur un lotissement bordant la forêt, nous ne savions pas que nous devions débroussailler sur une largeur de 50 m la forêt qui ne nous appartient pas. De quand date cette loi ? Trop facile de faire prendre en charge ce travail par les riverains qui n’ont rien demandé. Nous entretenons déjà un espace de plusieurs mètres afin que les engins de secours puissent passer mais ne pouvons faire plus. Que dire des festivaliers qui sortent du bois avec la cigarette à la main et qui s’insurgent lorsque nous faisons la remarque de la gravité que leur geste peut avoir. Pourtant, les pompiers et autres responsables font preuve de pédagogie et attirent l’attention de tous pour éviter le pire qui n’arrive pas que chez les autres. A tous, je souhaite un bel été mais RESPONSABLE. Gardons notre forêt si belle, les animaux qui la peuplent et l’air que nous respirons. Merci aux pompiers !

    1. J.J.

      « nous ne savions pas que nous devions débroussailler sur une largeur de 50 m la forêt qui ne nous appartient pas.  »
      Un rétablissement de la corvée due par les croquants avant 1789 ?

    2. Philippe Conchou

      Petit erreur, c’est à 50 mètre de la maison qu’il faut débroussailler, ce qui si votre terrain est suffisamment étendu, ne peut représenter que qqes mètre au-delà de votre enclos

      1. J.J.

        Et si la maison est en bordure de propriété ?

        1. Laure Garralaga Lataste

          @ à mon ami J.J.…
          Quand le feu « est aux portes de Rome »… Est-ce le moment de mégoter… ?

        2. Philippe CONCHOU

          Demandez donc la réponse à votre assureur

  5. Laure Garralaga Lataste

    Les quatre éléments vitaux sont : l’eau, l’air, la terre et le feu… sans eux, nous ne serions pas nés.es… Mais ces éléments vitaux peuvent aussi se transformer en vecteurs de Mort, telle est notre destinée, à méditer pour nous rendre « plus sages »!

  6. Alain.e

    Au vu des événements actuels , il semble plus prudent de ne pas faire feu de tout bois .
    Il semblerait que les incendies augmentent le réchauffement climatique , et que le réchauffement climatique augmentent les incendies .
    En clair , on est mal , et puis s’ il s’ agit d’ un petit feu de forêt , pourquoi n’ écrit t’on pas un naincendie …..
    Ayant également percé pas pas mal de trou avec des mèches et des foret , je n’ ai pour autant jamais déclaré d’ incendie de foret .
    J’en veux aussi à Johny d’ avoir interprété cette chanson  » allumez le feu  »
    il eut mieux fallu  » éteignez le feu , voir pour lui , éteindez le feu ….. mais je m’ égare de Bordeaux et déraille un peu du sujet de fait .
    Cordialement.

    1. Laure Garralaga Lataste

      à mon ami Alain…
       » … ne pas faire feu de tout bois. » J’y vois-là… « mère Prudence ! » à laquelle j’ adhère avec enthousiasme… !

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