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Panique à bord du paquebot  » Bercy  » qui coule

N’ayant jamais cessé de critiquer, d’expliquer, de démontrer et d’écrire que la gestion ultra libérale des finances publiques conduirait tôt ou tard au précipice car elle ne reposait que sur la baisse des dépenses sans tenir compte des conséquences sociales, je constate avec désolation que la catastrophe se profile dès 2024. Là encore, partout et tout le temps, je n’ai eu de cesse de répéter (1) que la réforme de la fiscalité indispensable au maintien de la vie collective obligerait les collectivités locales à diminuer leur action de proximité et favoriserait la montée de la haine et du populisme. Seul moyen de ralentir la chute: emprunter, emprunter, emprunter ! 

La stratégie de l’endettement pour assurer le financement des annonces, de la pluie de milliards annoncées avant les émeutes était encore possible quand elle était atténuée par des taux d’intérêt très bas. Baisser les impôts dans une période où les recettes ne permettent pas de faire face aux besoins dans les secteurs régaliens de l’État a constitué une faute de gestion qui pèsera durant des décennies sur la mise en œuvre des politiques régaliennes.

En effet, le mythe a consisté à proclamer que la suppression de la taxe professionnelle (Sarkozy) de la taxe d’habitation (Macron) ou de diverses autres ressources des départements, des intercommunalités et des communes seraient compensée à l’euro près. Bercy n’a déjà plus les moyens de le faire. De partout avant le départ en vacances les Ministres s’évertuent à utiliser des circonvolutions ou des litotes pour annoncer un serrage de vis dont on ne mesure pas très bien l’importance. La préparation du budget 2024 débute dans un climat angoissant car incertain.

La consommation baisse et malgré l’inflation des rentrées des taxes qui lui sont appliquées diminuent. Baser toute une politique de gestion sur des produits liés à l’économie relève de la méthode Coué. La déesse « croissance » très discutée car pas très respectueuse de la nécessité de préserver la planète se retrouve au ras des pâquerettes (1 % au mieux en 2023) ce qui conduira à un déficit record sur l’exercice en cours.

Les ministres ne se pressent pas pour appliquer la consigne de baisse de leurs budgets de 5 %. Dans la mesure où pèse sur leur avenir la menace d’un remaniement pouvant les renvoyer à la case départ en politique ou à celle qu’ils avaient quittée avec enthousiasme, la plupart ne sont pas pressés pour fournir une coupe sombre. Il se murmure aussi en revanche que les « partants » putatifs ont fait du zèle laissant à leurs successeurs les yeux pour pleurer. Bref il y aura un profond décalage entre les « plans » divers présentés et leur mise en œuvre.

En attendant privées de levier fiscal les départements confrontés à une hausse exponentielle de leurs actions de solidarité humaine (enfance maltraitée ou abandonnée, handicap, dépendance…) se retrouvent avec un effet ciseau déjà rencontrée en 2011 ! Quand tout repose sur une recette aléatoire et sur une fraction de TVA qu’il faudra forcément réduire, il sera totalement impossible de faire autrement que de réduire les prestations aux personnes les plus fragiles qui selon une étude sont plus d’un tiers dans une région comme la Nouvelle Aquitaine. Les communes et les communautés ont bouché tant bien que mal les trous constatés en 2023 mais elles auront de très grosses difficultés l’an prochain d’autant que des dotations baisseront. Certaines ne finiront pas l’année en cours.

Pour le projet de budget pour 2024 il n’y aura pas d’autres choix que de prévoir des milliards d’euros d’économies pour redresser des finances publiques exsangues ,Les rames sont de sortie et Bercy remonte le courant de la facilité. L’éventuel report des baisses d’impôts n’est plus à l’ordre du jour. La cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE) qui devait être supprimée et compensée ne disparaîtra pas complètement d’ici 2024 car elle représentait une perte de recettes fiscales de huit milliards d’euros. Un beau bénéfice pour les actionnaires. 

Concernant les ménages, le gouvernement avait aussi promis des baisses d’impôts supplémentaires pour les classes moyennes, à hauteur de deux milliards d’euros d’ici 2027. Adieu veaux, vaches , cochons ; couvées on attendra des jours meilleurs. Le discrédit de la contribution à la solidarité collective a causé des dégâts irrémédiables dans l’opinion dominante. Il sera difficile, voire impossible de régénérer la confiance. Le mal est fait ! Pour le moment au nom de « verdissement » une pluie de taxes va tomber dans certains secteurs. Rassurez-vous elles seront payées d’une manière ou d’une autre par le consommateur que vous êtes.

Profitez donc du soleil, des apéros entre amis, de votre famille, de la marche, du vélo, de la création ou de votre jardin si vous avez le plaisir d’en avoir un. Tous les bonheurs gratuits constitueront dans peu de temps des privilèges.

(1) Au mois une douzaine de chroniques en témoignent 

 

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Cet article a 2 commentaires

  1. Gilles J.

    Comme tu as raison Jean Marie et surtout ta conclusion car, comme le dit Sud-Ouest ce matin, même l’océan est pourri…
    Il y a de quoi s’inquiéter mais tout va bien Madame la Marquise, tout va très bien!
    Bonne journée quand même.

  2. J.J.

    À propos de milliards, les 400 milliards et des broutilles prévus pour la défense nationale dans es années à venir, où donc les prendra -t- on ?

    Enfin tant que l’on pourra montrer ses petits muscles sur les Champs Élysées, tout ira très bien en effet, Madame la Marquise.

    Avec l’été arrive la saison des fruits (chers, très chers : mangez au moins cinq fruits ou légumes par jour : une lentille, une graine de cassis, un petit pois, un grain de raisin et un haricot, une olive pour les nantis, le compte y est …) et des confitures, mais aussi de la déconfiture.

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