La dernière journée des compétitions professionnelles françaises de football a été cataclysmique. Une illustration parfaite de la situation de la société actuelle faite de violence gratuite, d’irrespect total des règles, d’intolérance justifiée par le statut de supporter, la tricherie institutionnalisée et l’incapacité à gérer des situations d’une désarmante banalité. Comme le veut désormais une tradition nationale… tout va se terminer sous la houlette de la justice. Le sport n’est plus qu’une affaire de procédure et de contestation devant les tribunaux. S’ouvrira ensuite le savoureux épisode de la DNCG chargée de vérifier des budgets démesurés ou vérolés.
Comment ne pas être consterné par cette avalanche d’événements relevant des faits divers et pas des pages sportives sur 48 heures ? De Bordeaux à Paris en passant par Le Havre et Ajaccio la collection des outrances débiles mériterait de constituer l’exemple type de l’évolution d’un sport que j’ai tant aimé. Depuis quelques années je ne suis plus allé quelles que soient les affiches m’installer dans le tribunes d’un stade… afin de ne pas être trop déçu. J’ai trop de belles images en tête pour les gâcher avec un spectacle d’une désolante pauvreté.
Tout a débuté à Bordeaux vendredi soir avec une scène de grand guignol montée et remontrée sur les chaînes de télévision. Des dizaines de photos de la « grave blessure » (sic) infligée par un individu bien sous tous rapports, chef d’entreprise, 45 ans venu spécialement d’Annecy, descendu des tribunes pour s’en prendre au buteur ruthénois ayant douché les maigres espoirs de sauvetage financier d’un club vivant sur des tours de passe-passe financiers. Quel que soit le verdict des instances juridico-sportives les Girondins vont droit vers le précipice !
Tout a été mis sous le gazon du stade Matmut (encore pour quelques mois) avec l’hypothèse d’un retour miraculeux en D1. Les dettes de la location du stade remises à des jours meilleurs, le déficit croissant de la société d’exploitation, les prêts américains qui seront impossibles à rembourser, les fonds propres des sociétés actionnaires évaporées démontrent qu’il est extrêmement dangereux de tabler sur des résultats sportifs pour assurer une solidité financière. Depuis l’ouverture du stade Matmut et même avant tous les observateurs lucides savent que le club bordelais dans sa configuration actuelle n’est pas viable. Mais bien entendu les « croyants » veulent croire au miracle !
L’illuminé a accéléré ce constat avec une poussette malvenue. Aucun geste de ce genre n’est excusable mais il faut bien avouer que des doutes peuvent exister sur la « neymardise » de celui qui a heurté le gazon probablement extrêmement sec et dur à cet endroit. Plus que la perte du match, cette idiotie individuelle risque d’avoir des conséquences en cascade étalées sur de longues années. L’imbroglio qui en découle entre Rodez et Annecy, la pagaille prévisible ne changeront rien à cette réalité. Dans le fond tout est plié pour les Girondins.
A coté de cet épisode condamnable davantage sur les valeurs et les principes que pour son importance physique Dijon engage une procédure contre Le Havre dont le terrain a été envahi par la foule avant le coup de sifflet final. L’équipe elle aussi condamné au National n’est pas revenue pour trente secondes à jouer prétextant que sa sécurité n’était pas garantie. Arrêt à Bordeaux. Non reprise à Le Havre : deux cas et probablement un casse-tête pour la commission de discipline de la LNF.
A Ajaccio un gamin malade et son père ont été agressés dans une loge parce qu’ils arboraient un maillot de l’OM qui les avait invités au match. Une bande organisée a pénétré de force dans la pièces et a arraché la tunique de l’enfant, roué de coups son accompagnateur et terrorisé la mère. Une enquête est en cours… mais les faits sont encore plus odieux que ceux du Matmut Atlantique.
Au Parc le Prince milliardaire a été copieusement conspué. Messi a subi les foudres des supporters qui attendaient monts et merveilles de ce génie démobilisé au carnet de chèque garni de pétrodollars. N’empêche que l’Argentin a fini meilleur passeur décisif du championnat et avant la Coupe du Monde avait réalisé une saison conforme à son talent vieillissant. Il y a eu bien plus médiocre que lui. En fait on consomme de la vedette, on consomme du football et on veut des résultats ! Le PSG battu par Clermont reste un club sans âme et sans tenue. Au Real Ascensio et Benzema sont partis sous les ovations dans les mêmes conditions et les chants du socios.
Durant des semaines l’écume des faits alimentera les débats. Des dizaines de situations similaires (matchs à huis-clos, tribunes racistes fermées, agressions de joueurs, insultes envers les dirigeants ou les cadres…) ont émaillé la saison qui est close. La liste en serait interminable. Tous les vices de la société actuelle y figurerait et on fermera les yeux car l’essentiel, là comme ailleurs, c’est les enjeux financiers.
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Comme toi, Jean-Marie, j’ai écumé les terrains de football. Sur la pelouse d’abord, dans la tribune de presse ensuite. Au risque de parler comme un vieux con… dotierre, tout ça m’afflige et me dégoûte. Il y a bien quelque chose de pourri au royaume du football, un sport où le fric – mais pas que! – a tout pourri. Les supporters? Rien que des gens footre!
Vu depuis Sirius, le comportement de ce monde footballistique, des dirigeants comme des supporters confondus, évoque les querelles et guerres de religion.
Elles rappellent également le personnage de Picrochole et son comportement mégalomaniaque.
On accuse souvent les religions de cultiver le fanatisme, ce qui très souvent est vrai, mais ce qui est peut être encore plus vrai, c’est que le fanatisme apparaît comme consubstantiel à la nature humaine.
Tu oublie Rolland-Garros et son public débile et xénophobe
bonjour,
sur ce sujet je réagi à retardement en utilisant les citations de G. ORWELL.
« Il y a déjà bien assez de causes réelles de conflits sans qu’il soit nécessaire d’en créer de nouvelles en encourageant des jeunes gens à se flanquer des coups de pied dans les tibias sous les clameurs de spectateurs en furie. »
« Au niveau international le sport est ouvertement un simulacre de guerre »
« Dès lors que l’on suscite un violent sentiment de rivalité, l’idée même de jouer selon les règles devient caduque. »
Bonne journée