Miracle… Les médias nationaux découvrent avec la stupéfaction qui caractérise leur envie de donner une tournure sensationnelle aux événements, que les élus locaux sont à la peine. Près de 1300 maires ont pour des raisons diverses, jeté l’éponge… Tous leurs départs n’ont pas donné lieu à des débats, des pétitions, des manifestations, des témoignages de sympathie. En première ligne comme serviteurs quotidiens de l’État républicain ils cristallisent avec plus ou moins de virulence les évolutions sociétales. Il n’y a plus une seule commune de France dans laquelle pour des raisons plus ou moins futiles, la contestation tourne à l’aigre.
J’avais en 2014 lors de l’annonce de ma volonté de transmettre la fonction élective que j’occupais depuis presque une vingtaine d’années, tenté de sensibiliser aux difficultés déjà croissantes du rôle. Quasiment né dans une mairie et en osmose constante avec le fonctionnement municipal, je considérais qu’il y avait eu une période où le pouvoir de régulation sociale reposait sur trois mousquetaires républicains : le curé, l’instituteur (souvent secrétaire de la Mairie) et le Maire. Depuis la fin du siècle dernier les deux premiers ont quitté le devant de la scène et ne régule plus localement leur part de « clientèle ». Au contraire parfois il l’excite. Le premier magistrat communal devient alors le seul en butte aux oppositions circonstancielles ou institutionnelles.
Comme depuis quelques temps pour exister ou survivre, il est indispensable de récupérer les mécontentements du quotidien de franges de la population aisément manipulables il n’y a plus de projets ou de réalisations qui ne suscitent pas indignation, réprobation et exploitation populiste. Et ce n’est pas l’apanage de la Droite extrême. Le croire c’est masquer la réalité. Les exemples foisonnent. Tout est prétexte à s’opposer pour son confort personnel, pour sa haine de l’autre, pour des raisons purement mercantiles, pour sa notoriété, par pur égoïsme. Manifestation hostile à la construction d’une école maternelle. Contestation de l’implantation d’un collège. Attaque contre un lycée. Refus des constructions d’intérêt général de tous genres et notamment les logements à loyer modéré. Mobilisation contre une implantation économique. La liste du quotidien s’allonge sans cesse. Les exemples foisonnent.
Tous ces équipements réclamés par les uns et dézingués par les autres, finissent toujours par mettre le Maire sur la sellette et donne au juge le vrai pouvoir de décision. S’il respecte à la lettre les lois, les textes, les règlements, les normes, les circulaires ce n’est pas suffisant et admis : le maire est un tyran. S’il essaie de rechercher des solutions de compromis, il devient un magouilleur ! Si en plus dans son équipe municipale la solidarité est élastique pour des raisons d’ambitions personnelles plus ou moins avouables, le piège se referme très vite. Il tourne en rond comme le poisson rouge dans l’aquarium.
Depuis des années, l’État joue à chat perché. Il a transféré des pans entiers de sa responsabilité régalienne vers des communes dénuées de tous moyens de l’exercer. Comme il n’y a une ignorance civique grandissante, le premier qui passe constitue alors le coupable idéal. Dans les secrétariats des hôtels de ville où l’on établit les demandes de passeports ou de cartes nationale d’identité les mises en garde fleurissent. Les insultes, les remarques désobligeantes à l’égard du personnel atteignent une telle fréquence qu’il faut exclure des rendez-vous les protestataires. Refuser un permis de construire provoque un déchaînement de violence. En accorder provoque chez les voisins la même réaction. Avouer que les finances communales ne vivent pas à crédit et que tout n’est pas possible soulève des tempêtes. Rappeler simplement les règles du code de la route (stationnement, sens interdit) prend des allures de combat rapproché.
Actuellement l’exploitation des considérations environnementales ou plus encore la hantise d’une frange de la population de l’immigration souvent totalement absente des territoires , donnent deux secteurs exploitables avec une part d’espoir pour des agitateurs exploiteurs de mettre les élus locaux en difficulté. Il fut une époque où les taux d’imposition, les crédits pour les écoles ou les trous dans les routes participaient à la vindicte populiste. C’est oublié. On se reporte sur la chasse aux sorcières. Les conseils municipaux se délitent sous la pression de ces groupes. La cohésion vole en éclats. Un(e) Maire devient alors soit un autocrate despotique soit une personne sans autorité et il attend avec impatience la fin de son mandat.
Un État censeur. Un État inefficace. Un État qui se planque quand la situation arrange ses intérêts politiciens. Un État sans moyens. Un État qui tangue. Un État exigeant sauf pour lui. Un Etat qui laisse la justice prendre les décisions à sa place. Des médias qui cassent les élus , Des médias qui les snobent. Des médias nationaux qui ressassent à satiété des poncifs, des approximations,, du prêt à porter anti-démocratie. Des médias qui ignorent la réalité du quotidien car il l’invente. Des partis politiques dépassés et sans colonne vertébrale. Des partis politiques ne vivant que sur la réponse opportuniste aux ressentiments de minorités réputées silencieuses. Des partis qui ont lentement transformé les citoyens en consommateurs. Des responsables politiques au plus haut niveau qui discréditent le rôle d’élu par leur comportement. Et au milieu l’élu quasiment bénévole qui est sous le feu croisé.
Il faut repenser la démocratie locale. Il est indispensable de relancer la formation citoyenne dès l’école élémentaire. Les extrêmes n’attendent que le renoncement des bonnes volontés pour occuper le vide. La démocratie représentative pourrit de la racine.
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Vous inquiétez pas M’sieur, on sera à vos côtés dimanche 4 juin pour la Fête des Maires.
» Miracle… Les médias nationaux découvrent avec la stupéfaction qui caractérise leur envie de donner une tournure sensationnelle aux événements, que les élus locaux sont à la peine. »
Et qu’est-ce que ça va changer puisque demain on n’en parlera plus ?
Enfin c’est toujours bon que quelques uns en prennent conscience.
« État qui laisse la justice prendre les décisions à sa place… » quand elle ne lui souffle pas la réponse pour éviter de prendre ses responsabilités. Courageux, mais pas téméraires.