S’il est une attitude strictement interdite lors de la Saint Patrick c’est bien celle de subir la pression. Se rebeller contre elle est vivement recommandé. Justement c’est quand tout s’agite autour de vous que l’environnement appuie lourdement sur votre qualité de vie, que vous devez absolument la laisser couler. Si elle vous envahit ne refusez surtout pas de l’accueillir en vous car elle vous procurera un immense bien-être. Soit la situation est très chaude et vous la faites disparaître d’un seul trait soit vous prenez votre temps pour l’éliminer et vous savourez la victoire. La soirée irlandaise demande un solide entrainement. Ne vous mettez jamais au verre sans échauffement !
En fait le meilleur moment reste celui où, par exemple, vous vous retrouvez face à la pression et que vous savez que d’une manière ou d’une autre, vous en viendrez à bout. La réussite réside dans votre capacité à prendre votre distance avec la réalité quotidienne pour vous offrir le droit d’étancher votre soif de liberté. Il existe cependant un traitement à respecter et des méthodes à mettre en œuvre pour réussir sa cure ! Pour ma part je fais des infidélités à la « pression » en raison d’un très vieux fantasme de mon adolescence.
J’ai toujours pensé en cette période que je ne deviendrai un homme libre que le jour où j’aurais en poche la somme nécessaire pour m’asseoir à une terrasse de café, ne rien faire d’autre que regarder passer les gens honnêtes en buvant une… limonade. Vous ne le croirez pas vous qui savez que je « carbure » au rosé mais je suis un inconditionnel de la limonade, celle des bouteilles fraîches avec une fermeture munie d’une petit caoutchouc rouge.
Comme les fabrications industrielles modernes ne me conviennent pas je noie mon chagrin de ne pas retrouver mes sensations dans une « pression panachée » ! Il doit y avoir deux tiers de limonade et un tiers de bière ! Ne criez pas ! Ne hurlez pas au crime de « lèse-bière « ! J’avoue, et je n’en suis pas fier mais je fais n’importe quoi pour rajeunir. Pour ma part c’est sur la parvis de la mairie, là, au milieu des « miens » à Créon, que j’aime bien commander enfin mon panaché plutôt que de me laisser submerger par la pression imposée par les autres.
Se mettre en retrait, dans tous les cas, constitue le premier élément de la mise à mal de la pression. Il faut ensuite un siège confortable permettant de tenir la distance et de se relaxer avant de demander l’aide du « croque-bock » le roi de la mise bière. En général il s’approche de vous pour s’enquérir de votre choix en matière de consommation tarifée de bonheur parfait. Comme pour les tranquillisants il vous proposera des « génériques » de mauvaise qualité ou des produits les mieux élaborés. Ne jamais répondre à la hâte car la chance ne repassera pas deux fois. Abusez de votre liberté de choix !
S’il y a plusieurs opportunités vous devez peser les avantages et les inconvénients de chacune. Il y a la solution de la « légèreté », celle de la « puissance », celle de la « couleur » ou celle de la « quantité ». En fait vous devrez vous fier à votre connaissance de votre plaisir pour vous décider. N’optez pas pour une « marque » à contre cœur car vous risquez d’être de fort méchante humeur quand la fin sera venue.
Dès que vous aurez devant vous votre « pression » sachez oublier tout ce qu’elle a de mauvais. Regardez là « droit dans les yeux ». Elle doit avoir des sueurs froides en vous voyant (c’est indispensable) pour que puissiez jubiler avant de l’attaquer. Parfois des larmes coulent le long du corps qu’elle habite et ne vous laissez surtout pas attendrir. Ne vous précipitez pas.
Même s’il est indispensable de la prendre par son col en mousseline blanche d’une exceptionnelle finesse ne témoignez d’aucune brutalité mal placée. Lentement, très lentement, en fermant les yeux comme dans un cours de relaxation avalez une gorgée de cette pression qu’il va vous falloir éliminer avec le maximum de précautions. L’erreur fatale serait de se précipiter ou de vouloir trop faire durer !
La « pression » doit retomber au bon rythme. La « descente » ou la baisse de niveau ne s’effectuera correctement qu’en se hâtant avec mesure. Entrecoupez chaque goulée d’un moment consacré à regarder celle et ceux qui n’ont pas votre chance, aux voisins des autres tables, aux passants qui passent, aux gens pressés de se rendre sur ces lieux où justement on va les presser. N’ayez surtout pas honte de jubiler… surtout si le temps vous accorde le privilège fabuleux de le prendre. Ne reculez surtout pas à l’idée de la mise en bière de votre pression car c’est l’un des secrets de la réussite de votre soirée.
Quand sera venu le moment de revenir au rythme normal pensez que la première pression est toujours la meilleure dans tous les domaines et que la dernière de l’été triste et amère sera forcément l’an prochain suivie d’une première ! L’égoïsme bien assumé vous demande de choisir votre moment pour mettre un terme définitif au verre galbé comme le corps d’une femme plantureuse ou fin comme celui d’un mannequin famélique contenant votre pression. Les préliminaires sont essentiels mais en aucune manière ils doivent s’éterniser. Plongez vos lèvres dans la mousse de votre partenaire et fermez les yeux ! A la Saint Patrick les tenanciers de pub se font du trèfle. C’est la seule certitude !
En savoir plus sur Roue Libre - Le blog de Jean-Marie Darmian
Subscribe to get the latest posts sent to your email.
Quel débit ce matin, Jean-Marie! En tout cas, il ne manque pas de panache et je veux bien m’y rallier. Au passage, je ne saurais trop recommander à tes fidèles « suiveurs » la lecture d’un mousseux petit livre intitulé « La Gueuse », écrit par l’Espagnol de Grignet avant sa mise en bière. Il se prénommait… Patrick.
Je voulais écrire « La Gueuze »…
….je ne deviendrai un homme libre (à dix sept ans, je suppose ?) que le jour où j’aurais en poche la somme nécessaire pour m’asseoir à une terrasse de café, ne rien faire d’autre que regarder passer les gens honnêtes en buvant une… limonade.
Un souhait « rimbaldien » :
…- Vous demandez des bocks ou de la limonade…
On n’est pas sèrieux quand on a dix sept ans
Et qu’on a des tilleuls verts sur la promenade….
Hors sujet, (comme d’habitude) mais inquiétant : l’affaire des Bassines dans les Deux Sèvres risque de tourner grave au vinaigre avec la mise en examen de Julien Legay, le porte parole du collectif, à quelques jours de la manifestation Anti Bassines interdite, le procureur de la République (?)et la préfète s’entendant comme larrons en foire.
On ne compte plus les entorses à la légalité républicaine commises par les autorités diverses et variées.
Le dernière d’un blague-bock: « Bière qui coule n’amasse pas mousse ».
Tout à fait hors sujet, mais on peut bien décoller un peu puisqu’il est question d’ale. Tournoi des VI Nations: Ecosse – Italie, 41 – 28; France – Pays de Galles, 26 – 14. La morale de l’histoire: Darmian penaud!
bonjour,
la blagounette du jour,
à l’âge de bière les hommes vivaient dans des tavernes.
Ou encore en plus politique :
Marine Le Pen ressemble à une bière :
– Elle est blonde
– Elle se fait mousser
– Elle nous met la pression
– Mais qu’est-ce qu’elle saoûle !
Anne Roumanoff
Bon dimanche, c’est ma semaine de cuisine
A boire sans modération et bonne tournée à toi!