Tout à coup dans l’actualité dévale un sujet repris en boucle par tous les médias avec la sensation pour celui qui les suit qu’il s’agit d’une révélation extatique. Bien évidemment tous les efforts des lanceurs d’alerte effectués pendant des années pour mobiliser le maximum de citoyens sur le thème passe aux oubliettes. Jamais en cette époque de l’événementiel triomphant la principe voulant qu’il ne faille jamais avoir raison avant les autres n’a été aussi patent. Quand hier toute la France s’affole car une énième crise se profile, celle de la pénurie en eau de toutes sortes, on finit par (presque) oublier un tragique accident de la route.
Quelques élus locaux n’ont eu de cesse de prévenir que la ressource viendrait à manquer dans les années futures. Des avertissements jugés pessimistes, fantaisistes et inutiles puisque le précieux breuvage continuait à couler au robinet pour tous les usages. A maintes reprises dans ce blog j’ai pourtant décliné l’évolution angoissante du niveau des nappes profondes.
Le rappeler ce n’est pas avoir le melon ou devenir donneur de leçons. C’est simplement avoir le sentiment que dans la société actuelle il faut attendre que la situation soit, dans tous les domaines, catastrophiques pour avoir une réaction punitive ! Tout le monde considère que les efforts ce sont le autres qui ont à les accomplir.
D-s 2005, lors dans le cadre d’une rencontre citoyenne toute la population avait été informée des déboires du forage alimentant la commune. Le pompage dans la nappe de l’éocène surexploitée générait un eau impropre réglementairement à la consommation car sur-fluorée selon les normes européennes. Une période extrêmement difficile qui fut réglée avec la fermeture du puisage locale et une interconnexion avec les producteurs voisins pour réaliser un mélange acceptable. Une politique d’économie accompagna ces mesures de coopération positive.
La première avait consisté à éviter tous les pompages non essentiels sur le réseau d’alimentation destiné aux populations. Ainsi le stade municipal de Créon fut l’un des premiers de France a être arrosé avec l’eau de récupération des drains, celle de ruissellement et une petite source d’appoint. Tous les robinets publics furent temporisés dans les écoles et ailleurs. Une réserve de récupération pour les usages municipaux fut installée… Un plan global avait été progressivement mis en œuvre entre 2001 et 2008.
Une commission municipale regroupant des citoyens volontaires travailla sur une tarification communale adaptée au nouveau contexte. Le principe en fut de considérer que plus on consommait et plus le m³ serait élevé. L’eau essentielle pour une famille respectueuse de s consignes d’économie serait bien moins chère que celle gaspillée dans le remplissage de piscine, le lavage de véhicules ou l’arrosage outrancier de pelouses. Cette mesure par tranches fut adoptée en une période où les tarifs n’étaient pas ceux de maintenant.
La chasse au puisage illégal sur les bouches à incendie, le suivi de l’état du réseau avec la détection de « belles » fuites permirent de stabiliser les volumes consommés. Plusieurs autres rendez-vous d’échange avec la population permirent de trouver un consensus sur ce programme souvent fortement subventionné (Europe, Conseil général, agence de l’eau). Il aurait pu être encore développé si les lois l’avaient permis. Les économies n’intéressaient guère au niveau national…
Il est en effet totalement anormal que depuis des années des déductions fiscales soient accordées pour diminuer les consommations d’énergie par l’installation de dispositifs coûteux venant de l’étranger alors que rien n’est prévu en faveur des cuves de récupération et les systèmes d’utilisation des eaux qu’elles contiennent. C’est probablement parce que les lobbies énergétiques ont une autre puissance que les malheureux défenseurs des nappes phréatiques.
Dans un amendement à la loi des finances nous avions proposé de financer ces mesures avec un millime d’euro de taxe sur les bouteilles d’eau minérale distribuées par les grands groupes… Ils s’y sont farouchement opposés et ont fait échouer la proposition ! Les documents d’urbanisme devraient les imposer. Toutes les constructions publiques ou collectives doivent se voir imposer des normes en la matière. La progressivité des tarifs pour les particuliers doit être accentués et les interdictions d’usages superflus promulguées.
La puissance publique a la responsabilité de prendre la main sur la ressource et en imposer une gestion rigoureuse avec la volonté de préserver en priorité l’accès de tous à une eau potable de qualité. Une priorité est à construire pour tous les autres usages. Ce n’est plus une question de décennies mais d’énnées à comptabiliser sur les doigts d’une main.
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Jouer les Cassandre est un rôle ingrat.
Malheureusement les Cassandre ont souvent raison. Je la voyais venir cette possible pénurie d’eau, mais je me gardais de trop en parler sachant que je me ferait moquer, prendre à partie, comme dan les années 70 quand nous avons commencé à prendre conscience de la catastrophe environnementale qui se profilait.
Saint Exupéry raconte, dans Terre des Hommes le voyage, en particulier dans les Alpes, qu’il avait offert aux bédoins qui l’avaient sauvé dans le désert.
À un moment il constate ses hôte sont arrêtés, pensifs, devant une cascade.
“Ils se taisaient, ils assistaient graves, muets, à ce déroulement d’un mystère solennel. Ce qui coulait ainsi, hors du ventre de la montagne, c’était la vie, c’était le sang même des hommes.
Le débit d’une seconde eût ressuscité des caravanes entières, qui, ivres de soif, s’étaient enfoncées, à jamais, dans l’infini des lacs de sel et des mirages. Dieu, ici, se manifestait : on ne pouvait pas lui tourner le dos. Dieu ouvrait ses écluses et montrait sa puissance : les trois Maures demeuraient immobiles.
« Que verrez-vous de plus ? Venez…
– Il faut attendre.
– Attendre quoi ?
– La fin. »
Ils voulaient attendre l’heure où Dieu se fatiguerait de sa folie. Il se repent vite, il est avare.
« Mais cette eau coule depuis mille ans !… »
Aussi, ce soir, n’insistent-ils pas sur la cascade. Il vaut mieux taire certains miracles. Il vaut même mieux n’y pas trop songer, sinon l’on ne comprend plus rien. Sinon, l’on doute de Dieu…” ( Terre des Hommes, IV)
https://unebellefacon.files.wordpress.com/2015/03/mars-2015_la-soif.pdf
Le soucis , c’ est que pendant que je fais des gestes écoresponsables , d’ autres abusent allègrement.
Je m’ explique , pour moi , jamais d’ arrosage de pelouse , douche et non bain et pas tout les jours , un gant suffit certaines fois , économie sur la chasse d’ eau ,utilisation d’ oya pour le jardin, pas de piscine personnelle évidemment, poussière sur la voiture etc…
Pour certains , pillage de l’ eau public , ouverture des bouches d’ incendies , raccordements pirates , remplissage et vidange des piscines , etc …
Tant qu’il n’ y aura pas d’ équité , d’ égalité , de justice devant ce problème et bien d’ autres , l’ acceptation sociale des cochons de payeurs des classes moyennes sera difficile à obtenir .
Cordialement.
Ayant dans mon enfance trimballé des seaux d’eau quotidiennement, parfois pour alimenter toute la maisonnée (pas d’eau courante, et pourtant en ville : borne fontaine à presque 100 m de la maison), je suis devenu un maître radin en particulier dans le domaine de l’eau : au jardin récupérateur du toit de la cabane, à la maison, arrosage des plantes du balcon avec l’eau de lavage des légumes, quitte à la stocker dans des bidons, sans compter toutes les petites économies qui permettent de ne pas assécher les grandes rivières.
Amicalement
Bonjour,
« Jusqu’à ce que la douleur le lui enseigne , l’homme ne sait pas quel trésor est l’eau »
Lord Byron né le 22 janvier 1788; Londres Activité principale : Poète Décès : 19 avril 1824
Tellement de choses à dire sur l’exploitation mercantile d’une ressource indispensable à la vie …
Tellement de choses à faire pour reprendre en mains l’avenir de cette ressource qui tombe, quand elle veut, gratuitement du ciel et revendue à prix d’or lorsqu’elle vient à manquer…
S’en tenir à des recommandations simples portées par le mouvement des Porteurs d’eau, initié au Canada, est aujourd’hui présent dans plusieurs pays. Il répond au besoin de favoriser l’engagement et la prise de conscience des citoyens sur la question de l’eau, grâce à des actions de sensibilisation et à des activités pédagogiques. La Fondation France Libertés est le relais en France du mouvement des Porteurs d’eau.
La Charte des Porteurs d’eau:
1. L’eau n’est pas une marchandise, l’eau est un bien commun non seulement pour l’Humanité mais aussi pour le Vivant.
2. Afin de garantir la ressource pour les générations futures, nous avons le devoir de restituer l’eau à la nature dans sa pureté d’origine.
3. L’accès à l’eau est un droit humain fondamental qui ne peut être garanti que par une gestion publique, démocratique et transparente, inscrite dans la loi.
Bonne journée
Merci d’avoir rappelé que l’eau est un bien commun et non une marchandise. France Libertés continue avec G.M l’oeuvre de la regrettée Danièle, infatigable militante pour les droits humains, les causes difficiles.
Engageons nous pour que continue sa lutte.
Bonne journée à tous