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La galette artisanale a déjà un avenir un peu moins royal

La période est à se faire de la galette. Quand vos moyens vous le permettent il est de bon ton d’échanger autour d’un verre avec sur la table un brioché ou une frangipane selon les us et coutumes locales. La fracture régionale tombe cependant chaque année davantage et les boulangers pâtissiers ne peuvent plus se permettre de tabler sur une fabrication unique. La clientèle ne se fixe plus sur un seul de ces gâteaux. En fait l’essentiel repose sur le temps de partage que procure une telle tradition.

La France réputée républicaine a toujours entretenu une relation ambiguë avec la royauté. Il traîne une sorte de nostalgie que la Constitution de la V° République a entretenu. Bien des adversaires de ce texte parlaient et parlent encore de monarchie républicaine ce qui correspondait à la vision du pouvoir exercé par De Gaulle et qu’a repris deux décennies plus tard François Mitterrand avec un zeste d’ostentation en moins. La joie qu’il y parfois autour de la découverte de la fève permettant d’accéder à la couronne correspond probablement à cette envie des femmes et des hommes d’accéder à un pouvoir éphémère.

Bien évidemment la religion s’est emparée de ce qui a été créé de manière païenne par les Romains. Ces derniers lors des Saturnales procédaient à un tirage au sort pour parmi les esclaves désigner de manière aléatoire le roi d’un jour. Durant ce laps de temps il pouvait accomplir absolument tous ses souhaits avant d’être condamné à mort ou à revenir à son statut initial. Les Chrétiens ont adopté ce processus mais en l’associant aux cadeaux des rois mages ! Il a été maintenu tout au long de siècles avec des fortunes diverses sauf évidemment durant la Révolution où la notion de royauté même provisoire était mal vue !

Il est à peu près certain que la forme la plus ancienne reste celle façonnée avec de la pâte feuilletée parfumée aux amandes. Elle perdure dans les trois-quarts au Nord de la France. La partie dans laquelle les céréales ont souvent permis d’éviter la pénurie de farine. Cette année où la notion de pénurie revient dans le quotidien, la frangipane a résisté puisqu’on évalue à 70 % des 97 % des Français la quantité de ceux qui font ce choix. Il n’en reste pas moins que le prix a grimpé de manière spectaculaire. L’interruption durant deux ans de ce partage familial, amical ou institutionnel a cependant été relancé de manière spectaculaire.

En pleine crise énergétique et l’augmentation des matières premières on arrive à des tarifs élevés s’il s’agit de productions artisanales. Le beurre aurait pris 70% de hausse, la farine 30%, les œufs entre 50 et 100%, le sucre plus de 50%… Une frangipane a donc pris en moyenne entre 20 et 25 % pour laisser à son fabricant une marge du même ordre selon les méthodes de confection.

Il en ira de même en 2023 pour tous les produits non industrialisés. Le danger pour le système économique réside dans cet écart risquant de s’agrandir entre les « petites » structures et les mastodontes susceptibles de rester sur des étiquettes restant accessibles à des consommateurs au pouvoir d’achat ressemblant à une peau de chagrin. Les grandes surfaces ont d’ailleurs réalisé des ventes exceptionnelles cette année. 

En 2023, la galette briochée légère, bien parfumée à la fleur d’oranger parsemée ou non de fruits confits profite du contexte car son prix de revient est nettement inférieur. Il y a quelques années seulement 10 % de la population mangeaient cette pâtisserie. La demande risque d’être beaucoup plus forte cette année pour la couronne bordelaise simple et bien moins chère. A Créon dans les trois lieux de production elle est nettement majoritaire en terme de vente. Il est vrai que l’un d’eux (Le fournil) a obtenu le titre départemental et un podium régional pour sa galette.

Cette période réputée festive sert de baromètre à la nouvelle donne de la consommation moteur vénéré par le système libéral pour masquer ses défaillances. En décembre 2021, la consommation des ménages en biens en volume a ralenti (+0,2 % après +0,9 % en novembre – données révisées). La consommation d’énergie diminue en décembre de 1,3 %, la consommation en biens fabriqués se replie (–0,4 % après +1,8 %), alors que la consommation alimentaire accélère (+1,5 % après +0,4 %). Sur l’ensemble du quatrième trimestre 2021, la consommation des ménages en biens augmente seulement de 0,3 %.

Les ressources essentielles de l’État reposant sur les taxes appliquées partout et de plus en plus fortement sur la consommation (la TVA en est le fer de lance) l’inquiétude gagne Bercy. Un mouvement social fort sur les retraites ralentirait encore plus ces rentrées essentielles et là le gouvernement risque bien d’avaler la fève de travers !

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Cet article a 7 commentaires

  1. J.J.

     » Les Chrétiens ont adopté ce processus mais en l’associant aux cadeaux des rois mages ! »
    Et quels cadeaux pour un nouveau né !
    Passe l’or, ça peut toujours servir à acheter des couches. L’encens , déjà moins utile, Quant à la myrrhe, symbole de divinité, certes, son usage est plutôt connu comme sorte d’anesthésiant pour les suppliciés, et était d’un usage courant pour embaumer les morts (du moins pour les familles qui en avaient les moyens), bref, un cadeau utile pour un nouveau né.

    « Bien des adversaires de ce texte parlaient et parlent encore de monarchie républicaine »
    Ne serions nous pas en effet dans une monarchie républicaines(plus monarchie que république), par exemple quand on constate l’usage surabondant et désinvolte du 49/3 ?
    Quand un gouvernement(sans majorité représentative), au mépris de l’opinion d’une majorité de citoyens, décide selon son bon vouloir, de lois favorisant une catégorie d’individus étant habilités à posséder une arme à feu, ça n’inquiète personne ?

  2. Laure Garralaga Lataste

    En Espagne, le père Noël n’existe pas et n’a donc jamais remplacé les Rois mages… !
    Les Espagnols n’ont jamais coupé la tête à un roi et ont donc gardé cette tradition… « les rois font des cadeaux aux enfants » !
    Des Espagnols ou des Français… lequel est le plus naïf ? Les deux mon capitaine… mais les Espagnols, eux, « ne croient pas au père noël…! »

    1. J.J.

      Laure @Espagnols, eux, « ne croient pas au père noël…! »
      Ils croient à los Reyes Magos et à la Sagrada Familia, ce qui n’est guère plus rationnel !
      Quant à couper la tète aux rois, on n’en coupera jamais assez . Dommage d’ailleurs que pour notre compte, ce soit quasiment un innocent (Louis XVI) qui ait payé pour les monstres précédents, mais la colère est aveugle.

  3. christian grené

    Maire éclairé, puisqu’orienté du même côté que notre JMD, Bertrand Kern a décidé de nommer sa ville Pantine au lieu de Pantin. Il aurait même, parait-il, servi des galets à la place des galettes lors des traditionnels voeux de bonne année. Attention les dents!

  4. Ménière Jean-Marie

    « Il est à peu près certain que la forme la plus ancienne reste celle façonnée avec de la pâte feuilletée avec une pâte parfumée aux amendes. »
    Passée la pâte feuilletée … reste au moins les amandes.

  5. Philippe Labansat

    Il y a longtemps qu’avec Madame, nous avons fait une croix sur tout ce qui est patisserie.
    Quand on voit les prix affichés pour une misérable galette et ne parlons pas d’une tarte, d’une mousse, d’un Paris-Brest, inaccessibles à moins d’un 3 fois sans frais !
    Quand nous voulons un gâteau, elle et moi, nous cuisinons…

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