Les Prix Nobel conservent une valeur hautement symbolique. Autant pour les disciplines scientifiques il est aisé de comprendre l’intérêt de ses distinctions car elles correspondent à des réussites avérées. Nul ne songerait à discuter le bien-fondé de l’attribution de la récompense aux physicien français Alain Aspect, à l’Américain John F. Clauser et à l’Autrichien Anton Zeilinger, Leurs travaux auxquels le commun des mortels comme moi ne comprenne évidemment rien du tout sont concrets, avérés, vérifiables. Il en est de même pour toutes les autres disciplines même celle de la littérature où en général c’est une œuvre qui est récompensée.
La question peut se poser sur l’attribution du Pris Nobel dit de la Paix. En fait cette reconnaissance liée au sentiment de culpabilité qu’éprouvait un pays après l’invention de la dynamite devrait avoir une autre appellation. Le monde a évolué et les actrices ou les acteurs réels de la mise en œuvre de la Paix deviennent rares. Très rares. Trop rares.
Selon les dernières volontés d’Alfred Nobel le prix devait récompenser « la personnalité ou la communauté ayant le plus ou le mieux contribué au rapprochement des peuples, à la suppression ou à la réduction des armées permanentes, à la réunion et à la propagation des progrès pour la paix ». Cette définition a semble-t-il selon moi été perdue de vue en raison des pressions géopolitiques.
Il vaudrait mieux évoquer « le Prix du courage », le « Prix de la Résistance », le « Prix de la guerre à l’arbitraire », « le prix des combattants contres les régimes autoritaires ». Il est en effet très difficile sur la planète actuelle de dénicher l’oiseau rare qui œuvre au « rapprochement des peuples » quand les affrontements ne cessent de se multiplier. Cette année par exemple comment serait-il possible de trouver la femme ou l’homme ayant œuvré à la « réduction des armées permanentes » dans une période où chaque jour se vendent des armes toutes plus destructrices les unes que les autres ?
Il n’y a plus de grandes figures internationales s’opposant à la guerre. Quand on revient sur les listes de propositions effectuées au comité Nobel (elles restent secrètent 50 ans) c’est un festival révélateur de la vanité de ce choix. Chaque année, sur plusieurs centaines de propositions, 199 sont gardées avant qu’une série préalable de candidatures ne soit soumise aux jurés du prix qui établissent au printemps une liste finale de cinq noms ou groupe de noms et structures liés par une même action diplomatique. Plusieurs de ces « nominés » sont entrés dans l’Histoire la plus terrible des peuples : Adolf Hitler, (1939) ; Benito Mussolini (1935) ; Joseph Staline (1945 et même 1948) ainsi que le chef de guerre de l’OTAN Fogh Rasmussen qui fut pressenti pour siéger en 2018 au sein de comité d’attribution. Comment oublier ?
Lorsque Jaurès affirme que « l’affirmation de la Paix est le plus grand des combats » a quelques semaines de l’épouvantable « boucherie » de 14-18 il place le problème au vrai niveau. Il l’a payé de sa vie. Au XXI° siècle l’oubli a gagné les consciences au nom de considérations de stratégies économiques. Plus aucune paix ne parait possible dans un monde où la seule philosophie est celle de la possession et du profit. Si on prend la liste des lauréats il est aisé de constater que l’on trouve majoritairement des citoyennes ou des citoyennes engagés, souvent au péril de leur vie, pour le respect des droits démocratiques élémentaires dans leur pays.
Les préserve-t-on vraiment ? Leur donne-t-on une opportunité de faire progresser leur combat ? Le prix 2022 a ainsi récompensé deux organisations non gouvernementales (ONG), la russe Memorial et l’ukrainienne « Centre pour les libertés civiles », ainsi que l’opposant biélorusse Alexis Bialarski. Immédiatement comme pour Aung San Suu Ky en Birmanie tout le système répressif de leur pays se retourne contre eux.
Le fondateur de Memorial a réagi en indiquant que selon lui ce Prix Nobel de la paix » devrait être attribué à des gens qui sont derrière les barreaux en Russie » qui ont été « très critiques envers le pouvoir et ils savaient qu’ils seraient emprisonnés. » Illico Poutine qui fêtait ses 70 ans a ordonné la perquisition des bureaux de l’association pour que sa répression s’battent sur les autres ! En Biélorussie l’avocat a vu son régime carcéral s’aggraver. En Ukraine l’amertume et un gêne sont vite apparus.
Tout le monde qui flambe en se donnant bonne conscience a sorti ses protestations et ses grands mots. évangélisent les troupes. Les télés auront vite oublié ces femmes et ces hommes qui souffrent. Les éditorialistes Que fait-on concrètement contre ces régimes partout dans le monde répriment, emprisonnent ou assassinent ? Si comme le pensait Georges Clémenceau « la guerre , c’est une chose trop grave pour la confier à des militaires!» il faut bien convenir avec Jean Giono qu’Il « ne suffit pas d’être pacifiste, même si c’est du fond du coeur et dans une farouche sincérité; il faut que ce pacifisme soit la philosophie directrice de tous les actes de votre vie. Toute autre conduite n’est que méprisable lâcheté »
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Dis donc Jean-Marie, elle compte pour du beurre Annie Ernaux? Tu veux subir les foudres de Laure, notre pasionaria? En attendant, je m’en sers pour mes tartines. Sonnera plus tard l’heure du Pernod bel. On verre plus tard pour le Père Noël.
Quand on a une vague, même très vague idée de l’origine des fonds qui permettent à l’ONG Mémorial de subsister, on est en droit de se poser des questions sur l’objectivité qui régne qu sein du jury de ce très contestable prix ( voir quelques choix « historiques »particulièrment éclairés ….)
L’actualité contestable passe devant l’actualité évidente, le prix Nobel de Littérature sera certainement évoqué plus tard, rien ne presse, au contraire.
@ à mon ami christian
Dis donc, je préfère (didon), Christian… tu te laisses aller ! Quand tu écris… »On verre… », combien as-tu de Pernod dans le buffet à 8h48 ? Un conseil d’amie pour que tes idées restent claires… pas de publicité pour l’alcool avant 9h.
Quand on a une vague, même très vague idée de l’origine des fonds qui permettent à l’ONG Mémorial de subsister, on est en droit de se poser des questions sur l’objectivité qui régne qu sein du jury de ce très contestable prix ( voir quelques choix « historiques »particulièrment éclairés ….)
Quand je lis : « … plusieurs de ces nominés sont entrés dans l’Histoire… Hitler, (1939) ; Mussolini (1935) ; Staline (1945 et même 1948)… le chef de guerre de l’OTAN Fogh Rasmussen qui fut pressenti pour siéger en 2018 au sein du comité d’attribution ».… Les
yeux m’en sortent des orbites ! Et pour conclure j’ose le clamer haut et fort… » Merci Georges Clemenceau ! Merci Jean Giono !
Et oui ! Mais Jean Giono, ardent partisan de la paix et ne voulant pas montrer un engagement, fut accusé de collaborationisme.
Michel de Montaigne, qui fut un guerrier par nécessité était cependant lui aussi partisan de l’entente entre catholiques et protestants. Consultant les deux partis pour tenter de négocier une paix, il fut pris à partie par les deux camps : attaqué par les protestants près d’Angoulême, et arrivé à Paris, emprisonné par les Ligueurs : « Je fus pelaudé à toutes mains; au Gibelin j’étais Guelphe; au Guelphe Gibelin. »
On ne peut pas dire que Jean-Marie n’aime pas les femmes quand il écrit : … « des citoyennes ou des citoyennes », mais le bonheur est éphémère car voici la suite « engagés ». Sans rancune Jean-Marie ! Puisque l’erreur est humaine… tu es Humain !
Bonjour,
après un mois en cure de désintoxication merdiatique, je retrouve la mère patrie. Et c’est la douche froide, quelques courses expresses pour remplir le frigo suffisent pour jauger les rayons démunis et la queue incessante devant les pompes de carburant. Dans les 5 pays que je viens de visiter ( Italie, Slovénie, Croatie, Bosnie et Monténégro) RIEN ne semble manquer !!! Mais qu’est-ce qui arrive à notre pays ?
C’est quoi cette folie de communicants qui se vautrent dans la symbolique ? L’Iznogoud Bruno Le Maire (du palais) qui se pavane en col roulé et son patron qui l’imite quelques temps plus tard. C’est quoi la nouvelle rhétorique « Je baisse, j’éteins, je décale » ?
Rien moins qu’une capitulation en rase campagne, nous inaugurons la nouvelle antienne du gouvernement avec le mot clé (à 150 milliards de déficit) SOBRIÉTÉ !!
Bien pratique le mot unique pour tous, puissants ou misérables, qui n »aura évidemment pas le même effet suivant nos revenus… Mais ça la grande humoriste E. Borne ne le mentionne pas, plus question de pister le jouet volant de B. Arnaud mais par contre pister le chauffage des gueux !
Nous sommes bien loin du « on a pas de pétrole mais on a des idées » du choc pétrolier de 1974. « La sobriété est là pour s’installer, c’est une opportunité pour nous comme pour notre société », a estimé la locataire de Matignon. « Nous avons tous notre part à prendre, la sobriété est l’affaire de tous. Ensemble, nous traverserons l’hiver sans coupure et nous bâtirons une société plus sobre et décarbonée », a-t-elle conclu son discours. Voila la promesse de jours difficiles pour les démunis et de maxi-profits pour les premiers de cordée qui vont surfer sur la planification écologique à grands coups d’aides de l’État – Rigolez pas c’est avec votre pognon ! ( Coluche).
Dans les années 70, nous étions bien loin des cabinets conseils étasuniens, no zélites de l’époque cherchaient la symbolique dans le « …mais on a des idées » en cultivant l’espoir dans la recherche de solutions émergeant du collectif. Nous étions encore dans les zélites qui faisaient confiance dans l’intelligence des Français.
Mac Rond ( qui ne sait ou Kinsey) nous jette dans l’austérité contrainte et forcée rebaptisée symboliquement pour l’occasion sobriété. Comme à l’accoutumée des solutions dérisoires sont proposées pour attaquer la montagne énergétique avec une petite cuillère.
Pourtant NOUS POUVONS nous adapter avec moins de souffrance en choisissant en connaissance de cause les secteurs ce que l’on fait décroître (la consommation à outrance, l’insécurité, la malbouffe, etc) et ce que l’on fait croître. L’artisanat, le réparable, l’aménagement du territoire en redimensionnant les grandes villes à la baisse et en réoccupant nos territoires pour favoriser les circuits courts, repenser les transports collectifs, donner la bonne direction à l’agriculture, développer les connaissances, le savoir, la formation, bref, il faut faire croître plein de choses. la sobriété sauce Mac Rond ne doit pas être notre projet.
Pour revenir au sujet du prix Nobel qui n’est rien d’autre qu’un rideau servant à masquer les dégâts causés par la firme Nobel à l’ensemble de l’humanité. Tout est symbole dans cette distinction au demeurant essentiellement politique comme par exemple le gouvernement soviétique contraignit Boris Pasternak à décliner le prix Nobel de littérature 1958. Pasternak meurt deux ans plus tard dans la misère des suites d’un cancer du poumon. Ses funérailles sont houleuses ; il est inhumé au cimetière de Peredelkino.
Sur son lit de mort, l’auteur du Docteur Jivago aurait dit à sa femme : « La vie a été belle, très belle, mais il faut aussi mourir un jour. J’ai aimé la vie et toi. »
Bon repos de fin de semaine
@ à mon ami facon.jf
Bienvenu pour ce retour parmi nous…Tu nous as manqué après ce temps long sans nouvelles !
Quand tu écris… « en cure de désintoxication »… serions-nous visés ? Que nenni puisque voici ta réponse… « je retrouve la mère patrie… » à laquelle j’ajoute : et les copines et les copains… !
Et bien mon colon celle que je préfère… non non, je ne parle pas de guerre mais des 5 visites au pas de charge qui t’obligent à constater que la France n’est plus la France… Mais le sublime, c’est quand tu écris :« …mais on a des idées », à qui penses-tu ? À nous, bien sûr… ! Pas à ceux et celles qui nous gouvernent…
Puis vient ce long retour au passé… Merci pour m’avoir rajeunie… À 83 ans, j’en avais bien besoin !
S’agissant de ta proposition du si…si… faut-il comprendre qu’elle se termine en ni… ni…? Quand tu mets en lumière les agissements du gouvernement soviétique sur Boris Pasternak tu veux souligner qu’il n’y a rien de bien nouveau sous le soleil !
Enfin vient l’apothéose du lucide Docteur Jivago qui ne connaîtra jamais la réponse de sa veuve… « joyeuses ? ».