Autour de moi tout le monde prépare sa rentrée. C’est toujours agréable de constater que l’on n’est plus concerné par ce moment particulier où l’on entre dans une nouvelle vie ou que l’on retrouve celle que l’on a quittée avec plus ou moins de plaisir. Dans les deux cas il existe une certaine appréhension. Quel que soit le lieu que l’on va fréquenter un mélange d’anxiété et d’excitation occupe les dernières heures avant le jour J espéré ou redouté. La préparation reste la meilleure période car elle nourrit les espoirs de réussite puisque lorsque l’ouverture d’une nouvelle année aura été franchi ils risquent vite de voler en éclats. Chaque classe sociale à sa rentrée.
Bien des élèves de mon époque de vieillard radoteur ont en mémoire la première page blanche de leur cahier dit du jour où il fallait tracer avec des pleins et des déliés aussi précis que possible son nom et son prénom. L’image de l’enfant tirant la langue pour manier avec une application particulière le porte plume Sergent-Major appartient aux scènes ordinaires de cette séance d’écriture révélatrice pour l’instit’ de la volonté des ses ouailles. Parfois cette motivation particulière ne durait pas et au fil des exercices la calligraphie initiale perdait de sa qualité. Tout a été bouleversé mais il reste pour bien des « rentrants » des similitudes avec cette volonté d’être irréprochable lorsque l’on débute. Elle aussi est plus ou moins tenace !
Béa, attendait depuis le mois de juillet que l’école publique d’infirmière où elle avait déposé son dossier daigne lui signifier son admission officielle. « Ils ont juste regardé maintenant pour découvrir qu’il manquait deux attestations. Nous sommes à sept jours de l’entrée et par un mail j’apprends que je dois répondre immédiatement. Je dois aussi acheter des blouses particulières chez un un fournisseur spécifique que l’on me donne au dernier moment. » Elle n’aime pas ces incertitudes qui lui gâchent les vacances qu’elle n’a pas eues car elle a travaillé comme aide à domicile.
La découverte d’un nouveau monde dans tous les domaines constitue une aventure stressante. Des repères à prendre, des habitudes à changer, des lieux à s’approprier et plus encore partager avec de nouveaux visages. Pour Marie le grand chambardement a débuté au cœur de l’été quand elle a accepté un poste à… Paris. Elle effectue la « montée vers la capitale » alors que les « installé.e.s » n’espèrent que descendre vers la Province. L’enthousiasme qui l’anime lui fait oublier qu’il lui faudra renoncer à une certaine qualité de vie. La rentrée ressemble à un bouleversement qu »il faudra affronter avec une volonté à toute épreuve. Un changement total et un enjeu personnel susceptible de bouleverser les certitudes acquises dans un quotidien certes exigeant mais plus rassurant. « C’est un challenge à relever et une expérience à vivre. » explique celle qui a dû trouver un logis parisien, mettre ses espoirs dans des TGV à l’heure et
Pour Fabien il faudra oublier le cocon familial pour filer vers l’internat. Un choix « révolutionnaire» qu’il prétend accepter mais dont il découvrira les conséquences dans quelques temps. Dans une société de la pseudo liberté de courir après le temps, le maintien durant une semaine dans un établissement scolaire n’est plus à la mode. Le départ pour une « pension » est presque considéré comme une sanction alors qu’il ne s’agit que d’une étape dans un vie.. Pour des problèmes de coût des investissements et surtout du fonctionnement, la France a abandonné au privé son réseau de collèges ou de lycées avec internat. Des milliers de places ont été supprimées alors qu’à l’usage elles favorisaient une certaine réussite.
Le point commun entre toutes ces « entrées » ou ses rentrées » c’est l’ouverture sur l’inconnu. Il reste encore quelques jours d’été à vivre avec le sentiment que la continuité a plus d’avantages que le changement. Lundi, avec ou sans plaisir des milliers d’entre vous auront à prendre un chemin différent ou à retrouver les rails du train-train quotidien. J’aurai l’incroyable privilège de regarder le monde courir vers ses incertitudes.
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« Pour des problèmes de coût des investissements et surtout du fonctionnement, la France a abandonné au privé son réseau de collèges ou de lycées avec internat…. »
Bel argument et élégant procédé pour délaïciser l’enseignement et tenter de porter un coup fatal à l’Enseignement Public, garant des valeurs de la République. Vaste entreprise terroriste inaugurée avec la suppression des Écoles Normales et l’emploi de personnages douteux (en fait ils ne font aucun doute)comme ministres.
J’ai eu le privilège et le bonheur d’entrer à l’internat du lycée d’état mixte de Libourne à son ouverture en 1959, ainsi appelé avant de devenir Max-Linder. Gilou s’en souvient peut-être. Et, pour moi, c’était un prolongement de la colonie de vacances même si les pions ont plutôt concouru à ma mise en échec scolaire. Sauf qu’ils m’auront aidé dans l’appréhension du service militaire, au 31e Régiment du Génie (eh oui!), sitôt après le baccalauréat, et où j’ai eu le bonheur de faire la connaissance d’un certain Jean-Marie… Darmian.
Oh oui, je m’en souviens Kiki car si j’ai fait comme toi l’ouverture du Lycée d’Etat Mixte de Libourne, j’ai fait aussi la fermeture du Collège de garçons de Libourne l’année précédente en tant que demi-pensionnaire, étant donné que j’ai redoublé ma sixième, eh oui… et que je n’ai même mon bac (j’ai du faire ma capacité en droit avant de faire ma licence en droit avec mention AB tout de même!).
Pour l’avenir, j’ai bien peur qu’un jour, il n’y ait plus ni écoles ni collèges, ni lycées étant donné qu’on peut tout apprendre sur Internet ou presque, sauf l’essentiel: la sociabilité et la laïcité entre autres.
Allez bonne journée quand même.
@ àn mon ami Gilles (dit Gilou ?)
Bravo pour ta pugnacité et ton courage !
Te souviens-tu d’un certain Rayet dit le canard qui nous faisait faire les lits au carré comme à l’armée.
Il a fini modeste courtier en vins, ne sachant rien faire d’autre.
@ à mon ami Philippe
Ce Rayet dont vous vous raillez… et qui ne savait rien faire d’autre que des lits au carré… !