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Un plan de lutte contre la grêle s’impose

Entre les épisodes de gel, ceux de la grêle, la véritable problématique de la sortie de l’utilisation des produits phytosanitaires dangereux : le vignoble bordelais traverse une très mauvaise période. Pas une année sans que les volumes de récoltes prometteuses ne soient pas entamés par des épisodes climatiques exceptionnels de violence. Cette triste réalité (mai 2009, août 2013, juin 2014, mai 2017, juin 2022 pour la grêle et avril 2016 pour le gel) se répète désormais de manière trop systématique pour que l’on n’y voit pas l’impact du dérèglement climatique.

Il va devenir de plus en plus difficile de nier que ces phénomènes n’ont pas leur origine (même si tout le monde à en mémoire des dégâts identiques dans le passé) dans le réchauffement général de la planète, les modifications fortes dans les mouvements des masses d’air, la perte de l’influence bénéfique du Gulf Stream sur l’Océan et c’est mon avis la création à la suite des tempêtes (2009 surtout) ou des incendies de nouveaux « couloirs » de circulation des vents sur la côte Atlantique. L’intensité de ces orages naît probablement de la conjonction de ces causes mais ce n’est pas pour autant que l’on peut en maîtriser les effets.

Il existe pourtant en Gironde une structure qui tente d’anticiper la formation de ces grêlons liés à la température froide en altitude. L’Adelfa (Association départementale d’étude et de lutte contre les fléaux atmosphériques) a depuis maintenant ans mis en place un réseau spécialisé de diffusion dans l’atmosphère de iodure d’argent dès lors que les services météorologiques lancent une alerte ! Ce système repose des générateurs composés d’une bouteille d’air comprimé, d’un réservoir d’acétone et d’iodure d’argent et d’une chambre de combustion. L’air comprimé permet de mettre sous pression le mélange d’acétone et d’iodure d’argent pour l’acheminer vers la chambre de combustion où il est pulvérisé par un gicleur. Il suffit alors d’un briquet pour enflammer l’acétone et entraîner l’iodure d’argent dans les airs.

C’est ainsi que l’on ensemence les nuages en noyaux qui provoquent la formation de multiples petits grêlons plutôt que de quelques gros dévastateurs. Chaque générateur est mis en route par des bénévoles quatre heures avant le risque de grêle afin que les nuages se chargent en iodure d’argent. Lorsque le nuage rencontre ces pulvérisations en altitude ils l’absorbent et les gouttes de pluie ne se transforment pas en grêlons ou si ce n’est pa suffisant ils se ramollissent et perdent tout effet destructeur.

L’ADELFA doit donc agir très en amont de la formation des masses nuageuses menaçantes et donc il faut une maillage le plus serré possible en générateurs sur la côte atlantique ou sur la zone situé entre l4océan et les premiers vignobles. Plus d’une centaine est installée et tous fonctionne grâce au bénévolat ou à un « accord » avec les sapeurs-pompiers. Actuellement le nombre de ces acteurs de la prévention grêle est insuffisant et, comme dans beaucoup de cas, le financement (achat du produit, entretien et rénovation du matériel, achat de postes supplémentaires) s’il a beaucoup progressé grâce à la participation des organismes professionnels du monde viticole repose… sur le département !

La perte de la compétence générale portée par la loi NOTRe a mis le département hors-jeu en matière de soutien économique. La Gironde a cependant maintenu son effort financier conséquent mais la mobilisation des communes ou des intercommunalités reste faible comme si le risque ne concernait pas outre les agriculteurs (viticulteurs certes mais maraîchers, arboriculteurs..) les particuliers (véhicules, habitations) lorsqu’une chute de grêle se produit !

Un secteur entier manque à l’appel, celui des assurances ! Il couvre les propriétaires sur des bases des 3 ou 5 récoltes antérieures mais ils ne prend pas en compte les conséquences sur les années suivantes et surtout la répétition des fléaux ayant diminué de fait les volumes des récoltes. En fait sauf cas exceptionnels les assureurs font le service minimum… et surtout ne participe pas à ce qui pourrait être considéré comme de la prévention alors que ce serait leur intérêt. Plutôt que de jouer la prévention il préfère constater en augmenter les cotisations ensuite! 

La profession viticole girondine a donné l’exemple et désormais la Bourgogne a suivi et la région de Cognac souhaite que le réseau Adelfa en amont soit renforcé… sauf qu’il faudrait obligatoirement trouver des volontaires ou automatiser le déclenchement des générateurs. Des solutions sont recherchées et tout le monde y va de la sienne avec par exemple des bombes tonitruantes expédiées en grande quantité dans les nuages au-dessus d’une zone délimité.

Encore une fois des réunions destinées à compenser les dégâts vont être organisées avec des alertes vers les Ministres qui vont venir dans le vignoble et promettront des aides (toujours les mêmes) qui mettront des mois à se concrétiser quand au plus près il faudrait mettre en œuvre une vraie politique préventive même si on sait que les racines du mal se trouvent dans des comportements mondiaux dépassant totalement le plus beau vignoble du monde.

Cet article a 9 commentaires

  1. Bernie

    Bonjour,
    La 11ème circonscription de la Gironde a été très touchée. Les ceps de vigne ont été sectionnés. Il n’y a plus rien. Les dégâts dans les habitations sont pris en charge par les assurances.
    Comment vont pouvoir se relever les jeunes qui ont repris l’exploitation de leurs parents ?. Des grêlons gros comme des balles de tennis se sont abattus sur les toitures cassant les velux etc….

  2. J. J.

    « Des solutions sont recherchées et tout le monde y va de la sienne avec par exemple des bombes tonitruantes expédiées en grande quantité dans les nuages au-dessus d’une zone délimité. »
    Ça a déjà été expérimenté sans grand succès dans le cognaçais, il faudrait peut-être perfectionner le système.
    En outre les voisins des zones plus ou moins protégées par ces tirs se plaignaient, à tort ou à raison, le doute subsiste, de ce que ces tirs qui protégeaient un secteur de la grêle les dirigeaient vers d’autres zones. Un sujet de discorde !
    La diffusion de nuages d’iodure d’argent se pratique dans le cognaçais, mais ce n’est pas très répandu , certainement pas assez pour être vraiment efficace.
    Le procédé est relativement ancien (années 50) et a été expérimenté aux USA où des avions de chasse répandaient de l’iodure d’argent sur des nuages pour provoquer la pluie, dans des régions où sévissait la sécheresse.

    Encore faut-il qu’il y ait des nuages.

  3. Bernie

    Adelfa est une association de formation. Qu’à t’elle fait jusqu’à maintenant ?.
    Les pauvres jeunes n’ont que leurs yeux pour pleurer.

  4. Philippe LABANSAT

    La sagesse asiatique affirme que tout acte a des conséquences.
    Si l’on souscrit à cette idée, on peut dire que l’humanité s’est engagée dans une spirale mortifère et, aujourd’hui, en paye logiquement les conséquences.
    Plutôt que de bifurquer, remettre en cause les choix fondamentaux, elle cherche à traiter les conséquences, plutôt que de s’attaquer aux causes. Elle persiste à penser que la science, la technologie trouveront toujours la solution aux problèmes qui s’accumulent.
    Mais presque toujours, ce n’est qu’un « cautère sur une jambe de bois », comme disait ma maman, quand ce qui devrait être une solution ajouté un problème aux autres problèmes.
    Exemple : l’impact écologique de l’iodure d’argent
    L’argent fait partie des métaux nobles. Il est très réactif et peut former de nombreux complexes en solutions. Pour des pays où la majeure partie de la population boit l’eau de pluie, les risques de contamination à l’iodure d’argent deviennent des risques préoccupants. Un encensement de nuages régulier année par année se traduira par un effet cumulatif de l’iodure d’argent dans les écosystèmes. L’iodure d’argent est très toxique pour les espèces aquatiques (Il bloque de stade de reproduction). On constate:

    Un assechement précoce des feuilles de certains arbres car l’argent qui s’accumule dans les racines remonte évidemment vers les feuilles.
    Sols: La majorité de l’argent rejeté dans l’environement demeure dans les sols.
    Animaux: Chez les animaux, 10% d’une dose oral d’argent peut etre absorbée à travers la peau, les poumons, le tractus gastro-intestinal et ensuite passe vers le foie, les muscles et le cerveau. Les 90% sont rejetés dans les feces.
    Espèces aquatiques: L’ion argent est extrêmement toxique pour les plantes et animaux aquatiques. L’argent s’accumule dans les tissus de certaines espèces marines et d’eau douce. Des analyses sur les poissons ont montrés que l’argent était l’élément le plus toxique et surtout chez les poissons vivants dans les eaux de faible salinité.

    Homme: Chez l’homme, l’iodure d’argent est dangereux, l’homme absorbe l’iodure d’argent par la respiration (poumons, narine) et par la peau. Une légère exposition peut causer des irritations des lésions rénales et pulmonaires. Une sévère exposition peut provoquer une hémorragie gastrique, augmentation du rythme cardiaque et argyrisme (décoloration bleue de la peau). Si l’iodure d’argent entre dans le tube digestif, il produit :

    éruption cutanée
    écoulement nazal
    maux de tête
    perte de poids
    anémie
    argyrisme
    Source : Futura Sciences

    1. Fédieu Dominique

      L’ion argent est effectivement dangereux mais pas l’iodure d’argent surtout aux concentrations basses utilisées par les générateurs. Aucune étude scientifique sur nos systèmes n’ont décelés un problème environnemental. Vous pouvez les lire sur le site internet de l’anelfa.

  5. Laure Garralaga Lataste

    Y a-t-il une solution au dérèglement climatique engendré par l’être humain ?

    1. Bernie

      Bjr Laure,
      Il doit exister des solutions face aux problèmes.

    2. J. J.

      L’être humain ne fait qu’aggraver une inéluctable évolution : nous sommes après la fin de la dernière glaciation Wûrm, qui s’est théoriquement terminée il y a 20 000 ans. Nous sommes donc dans une inter glaciation, et tant qu’une glaciation nouvelle ne se manifeste pas, et bien, ça se réchauffe, c’est tout bête.
      La chronologie de la terre nous montre que ça ne peut aller que dans deux directions : ou « ça » se réchauffe, ou « ça se refroidit.
      Mon prof de géo me reprochait de considérer les choses par « le petit bout de la lunette géologique », pourtant ça en explique bien des choses !
      Je suis persuadé que le réchauffement climatique s’il n’avait été accéléré par les apprentis sorciers humains (qui vont remettre en activité les centrales à charbon…) aurait quand même lieu tôt ou tard.

  6. Jean-Yves

    Bjr,
    Soutien total à nos viticulteurs en ces temps difficiles et merci pour cette tribune.
    Il est temps que le département, la région, le monde du vin revoient leurs copies
    en profondeur en matière de lutte contre ces fléaux. Toutes les solutions sont à essayer.
    Les épisodes de grêles sont plus nombreux et plus intenses et nous ne pouvons plus lutter comme il y a 50ans. Depuis plus de 5 saisons et partout en France, des groupements utilisent des sortes de ballons à l’hélium pour les envoyer dans les nuages. Interrogeons ces ODG, ces CUMA, ces utilisateurs de cette solutions de cette société française pour savoir ce qu’ils en pensent et essayons la ! Tous les ans ça tombe,
    Tous les ans on nous dit qu’il faut faire quelque chose mais on s’obstine à ne rien faire de plus alors que d’autres moyens existent. L’heure est au changement. Le politique doit soutenir toute les solutions pour le changement.

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