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« Utile » ou « inutile » : le choix vous appartient

A quelques heures du premier tour de l’élection présidentielle, une vraie question se pose pour les électrices et les électeurs qui ne savent pas quelle attitude adopter dans l’isoloir. Il y a d’abord la catégorie des gens s’interrogeant sur « l’utilité du vote ». Ensuite celle des partisans du « vote utile ». Enfin il en est pour qui « la réflexion avant de voter est inutile ». Bref ce sont ces trois catégories qui feront la décision lors du… second tour. Tout va en effet reposer sur l’importance du nombre de participants à cette trilogie démocratique.

Dans la situation sociale que nous connaissons on évalue les réfractaires à l’exercice de la citoyenneté à près de 10 millions. Pour des multiples raisons, des millions de Français(es) sont en effet non ou mal inscrit(e)s sur ces listes : on estime entre 3 et 5 millions le nombre de personnes qui sont non inscrites (et ne sont donc pas considérées comme abstentionnistes), tandis que 6 millions de personnes seraient mal inscrites. Le système a bien des défauts dans la société actuelle où la mobilité est grandissante. La volonté de s’inscrire sur les listes électorales dépend certes de la motivation individuelle mais aussi de la capacité que l’on a à trouver les renseignements utiles à cet acte.

Tout le monde ne sait pas forcément que l’inscription sur les listes électorales est obligatoire. Quelques millions de françaises et de Français boudent volontairement cette démarche qui peut s’effectuer en ligne. Ils ne reconnaissent pas leur rôle dans la vie collective et se refusent à se prêter à ce qu’ils appellent parfois une « mascarade ». Il s’avère particulièrement difficile de les détecter et de la contraindre à effectuer cette démarche. Par ailleurs si à 18 ans les jeunes sont inscrits automatiquement dans la commune de résidence de leurs parents les mouvements pour les études ou les premiers emplois les privent de fait de ce droit puisque très peu d’entre eux ajustent leur carte à leur nouveau domicile. Ils deviennent alors des abstentionnistes forcés.

Une spécialiste de ces problèmes indique qu’en fait « les jeunes sont les plus mal inscrits sur les listes électorales et la mal-inscription génère trois fois plus d’abstention constante que la bonne inscription. » Si l’on ajoute les abstentionnistes volontaires on aura donc demain soir près de 20 millions d’électrices et d’électeurs potentiels n’ayant pas participé au scrutin. Un nombre à comparer avec celui des voix obtenues par le (la) meilleur(e) candidat(e) du premier tour.

La tendance actuelle est dans ce contexte davantage au « vote utile » qui doit mobiliser les hésitant(e)s en faveur d’un candidat pour lequel il voterait pour éviter une dispersion défavorable des suffrages exprimés. Il s’agit non pas d’un soutien par adhésion à un programme ou à des idées mais d’une stratégie destinée à accentuer les chances de succès de celle ou celui qui en bénéficie. En résumé vous détruisez les chances de votre « préféré(e) » au bénéfice du potentiellement mieux placé(e). Bien évidemment votre référence essentielle pour cet acte que l’on prétend « réaliste », « efficace » et « profitable » repose alors sur les fameux sondages. Dans un ultime sursaut le camp de « Z » a d’ailleurs vite diffusé hier via les réseaux sociaux de faux résultats pour rassurer son électorat tenté par le « vote utile » en faveur de la Marine nationaliste.

Tous les courants politiques étaient autrefois traversé par le militantisme qui leur assurait une rente de situation. Des milliers d’entre eux exprimaient sans aucun état d’âme leur soutien à un(e) candidat(e) même si dans les faits il (elle) se révélait peu capable d’assumer son rôle. Pour les présidentielles au scrutin uninominal à deux tours en 2022 cette « race » est en voie de disparition. Les effectifs réels dans les partis ayant fondu comme neige au soleil au cours des quinze dernières années il n’y a plus aucune base assurée. Et il en sera ainsi dans l’avenir quel que soit l’élu(e). L’élection au suffrage universel a « vedettarisé » le choix. On le paye.

Certes ce n’est pas nouveau mais le phénomène s’accentue au fil des rendez-vous désormais plus proches. Dimanche aucune place au doute pour des « fans » ou des « supporters » sûrs de leur choix. Voter pour un(e) « petit(e) » candidat(e) suppose une force de caractère particulière face au bombardement médiatique indiquant que le duel du second tour ne fait plus de doute. Il restera à savoir si dans quinze jours la notion du « vote utile » suffira à mobiliser un électorat plus convaincu de « l’inutilité du vote » que d’habitude. Le fameux « report des voix » et le niveau du « réservoir » de ces mêmes voix ont tout lieu d’inquiéter. Abraham Lincoln assurait qu’« un bulletin de vote est plus fort qu’une balle de fusil. » Alors aux armes citoyen(ene)s. 

Cet article a 4 commentaires

  1. Agnès

    Voter est un acte civique important et doit être fait en pleine conscience. Pour moi mon vote sera utile dans tout les cas car je m’exprime et je ne laisserai personne le faire à ma place.
    Merci pour tes billets que je lis tous les jours .

  2. facon jf

    Bonjour,
    j’irai voter dimanche, même si aucune candidature ne couvre en totalité l’étendue de mes exigences. J’irai voter en me répétant que quelque soit le résultat mon pays en a connu tellement dans son histoire de ces situations « ultimes » impliquant des choix soit disant « irréversibles » et qui ne furent en fait que la continuité de notre histoire.
    Le choix ou le non choix de la personne qui va présider est-il si crucial? Alors que les décisions engageant l’avenir ne se prennent plus à Paris, mais dans d’obscurs cabinets de conseils télécommandés par de ténébreux affairistes qui tirent les ficelles.
    Un ou une personnalité politique peut elle détenir réellement le pouvoir que le peuple lui a confié pour diriger son destin? Je crois que non !
    Personne ne proteste en voyant Ursula Van Der Leyen en visite hier en Ukraine qui promet à Zelensky d’intégrer son pays à l’UE…
    Mais qui autorise cette femme, non-élue et dont le rôle devrait se limiter à administrer l’Union à dépasser le cadre de ses fonctions et jouer les présidents omnipotents. Que cela n’incommode aucune personnalité politique, voila pour moi un beau sujet d’étonnement!
    Si une personnalité non élue peut se permettre d’engager l’UE en prenant seule la décision, alors à quoi sert la démocratie ?
    Mais c’est vrai ! J’avais oublié la déclaration de son prédécesseur Juncker en 2015 « Il ne peut y avoir de choix démocratique contre les traités européens. »
    Donc piétiner la démocratie est un exercice normal lorsque l’on est Président de la Commission européenne.
    Donc imposer, comme Juncker en 2015, la politique économique de la France ne serait- il pas une ingérence intolérable vis à vis de notre pays ? voici ses propos : « Nous voudrions voir la France renforcer ses réformes, en nombre comme en intensité. » Selon lui, « la France soufre d’un manque de réformes dites structurelles, de réformes qui portent sur l’essentiel (…). Elle doit soigneusement examiner les faiblesses de son droit du travail ». Menaçant lorsqu’il réaffirme qu’« il n’y a pas d’autre remèdes que de la consolidation budgétaire » (sic) et n’exclut pas de sanctionner la France si son déficit n’est pas réduit : « Un pays ne peut pas échapper aux sanctions s’il ne respecte pas les règles. ». Mais quelles sanctions?  » l’Europe va nous bombarder ou nous envoyer des chars ? elle n’ en à pas disait Chirac ».
    C’est bien notre refus d’assurer notre propre souveraineté qui est en cause. C’est bien la lâcheté des politiques et des citoyens qui est en cause.
    Mais pourquoi personne ne proteste? Nos candidats ne seraient-ils que des paillassons sur lesquels les dirigeants réels de l’UE(rss) essuient leurs escarpins cirés ?
    Alors j’irai voter dimanche par discipline républicaine en fait ! Et aussi pour écarter de mon choix les faux démocrates.
    Bon vote à toutes et tous !

  3. Bernie

    Moi aussi, j’irai voter dimanche

    1. Bernie

      Bonjour,
      Nous sommes le dimanche 10 avril et je m’apprête à aller voter. Je viens de voir à la Télévision une image qui m’a beaucoup étonnée.
      Le chef du gouvernement a voté à Prades sans masque alors qu’il a signé un décret de « masque obligatoire ».

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