Durant toute la durée de la pandémie, les médecins ont alerté sur le fait que les conséquences sur la santé ne seraient pas exclusivement liées à la Covid. Les retards pris dans la détection des maladies habituelles responsables de nombreux décès en raison des sous-effectifs hospitaliers, de la réticence à se rendre dans les cabinets médicaux et l’allongement des délais de prise en charge dans certains secteurs, produiraient une sur-crise ravageuse.La situation la plus préoccupante concerne l’augmentation constante du nombre de personnes atteintes d’un cancer dont on sait que la détection précoce constitue un point décisif pour la guérison.
Selon l’Institut national du cancer (INCa), on estimait (dernières stats oifficielles) à 382 000 le nombre de nouveaux cas de cancer pour l’année 2018 en France métropolitaine, 204 600 chez l’homme et 177 400 chez la femme. Depuis 30 ans, le nombre global de nouveaux cas de cancer en France augmente chaque année. Cela s’explique principalement par le vieillissement de la population – qui fait exploser le nombre de cancers du sein ou de la prostate – et l’amélioration des méthodes diagnostiques. Le maintien ou l’augmentation de certains comportements à risque dans la population favorise cette tendance : pour exemple, les chiffres du cancer du poumon chez les femmes augmentent depuis que le tabagisme s’est installé dans leurs habitudes.
Lorsque les statistiques post-Covid (si ça arrive!) seront publiées l’impact de la crise sanitaire pourra être mesuré. Le dépistage et la prévention, deux armes capitales contre le cancer semblent en effet avoir été oubliés, car depuis le début de la crise sanitaire il y a deux ans, on parle beaucoup moins de leur importance. Un cancérologue estime que sur cette période, environ 93.000 cancers n’ont pas été diagnostiqués en France et ne sont donc pas traités. Ce qui veut dire qu’ils ne seront potentiellement pas pris en charge à temps. Cette situation est à rapprocher des statistiques liées aux effets de la pandémie qui affolent tous les soirs.
En cette fin d’hiver sans que mon impression ait un quelconque support rationnel, le nombre de décès dans mon entourage me paraît en augmentation constante. Plus un jour sans qu’une cérémonie soit organisée dans l’environnement proche. La même cause revient sans cesse dans les discussions comme si brutalement on assistait à une augmentation du nombre de cas : le cancer. On estimait dans la période d’avant Covid (2018) à 157 400, le nombre de décès par cancer survenus en France : 89 600 hommes et 67 800 femmes. À l’inverse de l’incidence, le taux de mortalité était alors en constante diminution depuis 25 ans. Cela s’expliquait par l’amélioration des traitements et des méthodes diagnostiques qui permettent de déceler les cancers à un stade plus précoce et donc plus facile à prendre en charge.
Constat aussi paradoxal dans le secteur hospitalier en 2020, 10,4 millions de personnes ont été hospitalisées en court séjour, dont seulement… 2 % pour la Covid-19. Cela correspond à 15,9 millions de séjours. Le nombre de séjours hospitaliers hors Covid-19 avait diminué de 13 % par rapport à 2019. Cette baisse inédite du nombre de séjours est davantage concentrée sur la première vague de l’épidémie (-52,9 %). Elle n’est pas uniforme géographiquement, puisque les régions de l’est et du nord de la France, plus touchées lors de la première vague, ont connu une diminution plus importante que les autres.
Ce recul est plus marqué chez les enfants de 2 à 14 ans (-22,6 %) et pour les séjours liés à des motifs ORL (-31,6 %), maladies infectieuses (-28,1 %) et maladies de l’appareil respiratoire (hors Covid-19) [-26,9 %], ce qui est probablement dû à l’application des mesures sanitaires et des gestes barrières. Troisième plus forte contribution à la baisse globale du nombre de séjours (derrière les maladies de l’appareil digestif et de l’appareil respiratoire), les maladies de l’appareil circulatoire ont, elles aussi, connu une nette baisse (-10,8 %) : c’est le cas notamment des séjours pour accidents vasculaires cérébraux et infarctus du myocarde. Les séjours de chirurgie (-15,5 %) et les séjours pour actes et procédures peu invasifs (-14,8 %) ont diminué plus fortement que les séjours médicaux (-9,2 %). A un degré moindre on retrouvera des écarts similaires entre 2021 et l’avant-Covid en 2019.
Une autre enquête relève que 41 % des salariés sondés se déclarent en détresse psychologique, avec des symptômes de dépression et d’épuisement. C’est trois points de plus qu’en octobre 2021. Parmi eux, 13 % sont en détresse élevée. Sont les plus touchés par la détresse psychologique les femmes (47,5 %, dont 16,5 % en détresse élevée) ; les jeunes de moins de 29 ans (54 %, dont 20 % en détresse élevée) ; les managers (44 %, dont 38 % en burn-out). Le burn-out est à un niveau très élevé et concerne actuellement 6 millions de salariés, avec 34 % de salariés touchés, dont 13 % de sévère, soit 2,5 millions de personnes. C’est trois fois plus qu’avant la crise sanitaire. Les télétravailleurs ne sont pas épargnés : plus d’un tiers se dit en situation de burn-out.
Le tableau est sombre mais la résultante de la compilation de tous les documents actuellement publiés. Le monde d’après s’annonce au minimum très compliqué et nécessitera des mesures bien différentes de l’annonce d’une retraite… à 65 ans ou de la revalorisation de quelques points d’indice pour les fonctionnaires.
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Oui, la France et le monde en général, sont bien malades …
J’adhère entièrement à ta conclusion en ajoutant que les candidats s’étripent sur des problèmes soulevés par une opinion publique manipulée, alors que les vrais problèmes comme celui de la santé ou de l’énergie entre autres, sont escamotés .
Bonne journée quand même.
Bonjour
La santé est surement un secteur très impacté par la crise covid et va faire naitre de nouveaux problèmes dans les mois et années à venir .Mais si je peux me permettre un autre secteur a été aussi très touché par ces deux années de pandémie, c est éducation nationale .
Que penser de ces jeunes élèves qui n ont pas pu passer le brevet qui ont suivi les cours à la maison avec les moyens du bord durant leur fin de troisième et année de seconde et qui sont préparés rapidement aujourd’ hui à passer le bac français ou le bac pour les terminales avec des lacunes considérables .
Comment peut on envisager parcoursup sereinement avec des notes très moyennes voire faibles qui invitent même à tricher pour les améliorer.
Je m interroge avec inquiétude que va devenir cette génération covid? Est elle condamnée ?