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Elle court, elle court… la grosse dette vers le précipice

Sur l’écran vraiment noir de mes nuits blanches d’élu combien de fois ai-je brassé les ratios de la dette des collectivités dont je m’occupais. Je l’ignore mais je pourrais recueillir des témoignages sur ces crises d’angoisse liées au financement de bon nombre des équipements structurants dont avaient besoin les habitants. La dette utile pour les investissements sert de base aux querelles locales, intercommunales ou départementales. Souvent elle effraie ou donne lieu à des batailles de ratios et de chiffres arbitrées par la cour des Comptes. Elle n’angoisse que celles et ceux qui ont conscience de ses conséquences.

Ayant eu le privilège d’avoir à répondre à au moins quatre contrôles de cette institution pointilleuse sur ma gestion municipale directe ou indirecte je sais aussi combien il faut être capable de justifier les emprunts réalisés et surtout les moyens mis en œuvre pour les rembourser. Le dernier rapport effectué après un signalement de contribuables soucieux de vérifier les réalités de ma gestion communale passée a donné lieu en 2014 au plus bref jugement que j’ai jamais eu à lire : « aucune remarque sur les comptes et la gestion ». Il est évidemment passé inaperçu car je n’étais plus en poste lors de sa communication publique.

La leçon que je retiens c’est que si le pays était géré comme la très grande majorité des collectivités locales pourtant très critiquée pour certaines dérives ponctuelles il serait en bonne santé. Au plan national la catastrophe s’aggrave de jour en jour mais… en cette période où la ruine vient exclusivement de l’immigration si l’on en croît les débats, nul ne songe à mettre en cause des responsables gouvernementaux réputés remarquables gestionnaires. La Cour des Comptes a beau depuis des décennies tirer la sonnette d’alarme la vie quotidienne de l’Etat à crédit se poursuit de manière démentielle. Rares sont celles et ceux qui voteront aux présidentielles ou aux législatives sur la base de la dette française et de ses conséquences qui débuteront en… 2023 ! Or c’est l’essentiel ! 

Avec la pandémie de la Covid 19 et le fameux “quoi qu’il coûte” financé par la “planche à billets” de la BCE, la situation a largement empiré, mais toujours dans l’indifférence générale. On attendra pour en parler que nous soyons au bord du précipice de la faillite. Ainsi, la dette publique a atteint au troisième trimestre 2021, la modique somme de 2.834,3 milliards d’euros et devrait bientôt franchir la barre des 3.000 milliards d’euros, soit environ 120% du Produit Intérieur Brut ce qui n’a finalement pas grand sens, puisque tout le PIB n’est pas une « ressource publique ».

Il serait donc bien plus honnête de rapporter le capital dû aux recettes publiques, histoire de se rapprocher d’un ratio “dette / chiffre d’affaires” plus réaliste et parlant. Et là, avant de prendre connaissance de ce chiffre, il faut un Cognac, car ce ratio est actuellement d’environ 230% ! OU 230 % ! Imaginez donc une entreprise ou un particulier qui s’endetterait à 230 % de ce qu’il gagne en une année. Or on continue en cette période pré-électorale d’annoncer des baisses d’impôts et à se pavaner autour de la croissance, du niveau des cérations d’entreprises, du chômage. Pas folle du tout les technocrates de Bercy tente de tromper le maximum de couillons en ne diminuant pas les taxes de toutes sortes avec l’espoir que la « consommation «  (nourriture, carburants, énergie, services…) rapportera via la TVA des revenus plus indolores et surtout politiquement « masqués ».

Rappelons qu’en 1980, la dette publique n’était que de 20,7% du PIB et 45,4% des recettes publiques. Dix ans plus tard, c’est-à-dire en 1990, la dette publique avait largement progressé mais restait encore limitée à 35,2% du PIB et à 75% des recettes publiques ce qui démontrer que la gauche d’alors n’avait pas cramé la caisse ! En 2000, en dépit des efforts réalisés pour entrer dans la zone euro et malgré la croissance forte des années 1998-2000, la dette publique avait encore augmenté pour atteindre 59% du PIB et 117,8% des recettes publiques. C’était jugé comme inquiétant alors que tous les spécialistes prévoient que le sommet actuel sera pulvérisé dans un avenir proche (fin 2022).

La dette publique française catastrophique a été masquée par les taux d’intérêt très bas ce qui permet à Bercy d’augmenter les capitaux empruntés avec des frais financiers négatifs ou très très bas. C’est terminé en raison de l’inflation mais chut c’est confidentiel : les taux d’intérêts vont largement augmenter naturellement avec en plus le risque d’un conflit aux portes de l’Europe. Rien ne bougera vraiment avant… l’été 2022. Les promesses actuelles n’ont donc absolument aucune chance d’être mises en œuvre… mais c’est la tradition de parler dépenses en augmentation avec des recettes volontairement diminuées pour faire plaisir à son électorat. Un effer ciseau aux conséquences inéluctables ! 

Les générations à venir, mais aussi celles qui seront là dès 2023 subiront l’éventuelle poursuite des décisions de dirigeants du pays  libéraux, voire ultra-libéraux ou favorables au monde du profit à tout prix. La campagne est d’une nullité affligeante avec des sujets surfaits uniquement destinés à masquer l’essentiel. Mais eux dorment la nuit !

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Cet article a 10 commentaires

  1. christian grené

    Regardez les bien, tous ces ultra-libéraux! Ils ont la dette de l’emploi.

  2. J.J.

    …. »rapportera via la TVA des revenus plus indolores et surtout politiquement « masqués ».
    Et oui, contrairement à ce que prétendent certains, tout le monde paie des impôts, et surtout proportionnellement les plus démunis « grâce » à la TVA et autres « crypto ponctions ».

    Bien que n’ayant pas et n’ayant jamais eu de responsabilité financière publique, je me pose toujours la question, quand j’apprends que de somptuaires et souvent inutiles dépenses sont engagées ou même envisagées (exemple récent : contribution de 180 00 € demandée pour avoir droit au passage de la flamme olympique dans le département) comment les « responsables » vont s’en sortir.
    Je comprends quelles ont du être tes angoisses.

  3. facon jf

    Bonjour
    que dire de plus sur ce sujet vieux comme son histoire de François Ier à la fin du XVIIIe siècle, à quelques exceptions, l’État souverain a été un grand emprunteur mais n’a que rarement remboursé ses dettes, par de multiples techniques sous l’Ancien régime, comme les banqueroutes, l’extorsion ou la spoliation. Au XIIIe siècle Louis IX (Saint Louis) est le « premier roi de l’endettement ». Son prédécesseur ( En 1223) Louis VIII avait eu recours à la spoliation des banquiers juifs pour ne pas avoir à rembourser ses emprunts. Louis IX, notre brave Saint Louis qui a ruiné les caisses de l’État. Principalement les ruineuses croisades qu’il engage en Terre Sainte par deux fois mais aussi les précieuses reliques de la Passion qu’il collectionne pour la Sainte Chapelle, dont la couronne du Christ achetée 40.000 livres, soit l’équivalent du coût de construction de la Sainte Chapelle elle-même !
    Sa première croisade, en 1248, va engloutir pas moins d’un million et demi de livres alors que les seuls revenus du royaume s’élèvent annuellement à 250.000 livres. Car la guerre coûte cher et reste la principale cause des déficits pendant le Moyen Âge, qui voit seigneurs, princes et souverains se ruiner en permanence pour défendre ou conquérir des terres. Saint-Louis doit donc mettre en place un impôt sur ses sujets, et lever la décime sur les revenus du clergé.
    Il est suivi par Philippe le Bel. La dette publique ayant augmenté sous les précédents règnes, il pratique l’extorsion des biens de banquiers lombards et des créances de financiers juifs. Après la chute de l’ordre du Temple qu’il coordonne, il récupère une partie de ses biens, 200 000 livres, ce qui permet de combler le déficit du Trésor pour plusieurs années. Il manipule également la monnaie en captant une partie du métal en circulation pour le faire refondre successivement, jouant sur des dévaluations et des réévaluations. Cette méthode lui vaut le sobriquet de « roi faux-monnayeur ».
    De la fausse monnaie il est aussi question, en 1715 à la mort de Louis XIV . La situation financière du pays est alors extrêmement préoccupante : la dette de l’État français représente dix années de recettes fiscales du Royaume, notamment en raison de l’accumulation des dépenses pendant le règne du roi soleil dans les guerres et les constructions. John Law revient en France pour offrir ses services en tant qu’économiste à Philippe d’Orléans, régent jusqu’à la majorité de Louis XV, qui n’a alors que cinq ans. John Law est autorisé à créer en 1716 la Banque générale et à émettre du papier-monnaie contre de l’or. La tentation était grande et la banque commence alors à accroître le volume de ses émissions, imprimant plus de papier-monnaie qu’elle n’a réellement d’or et d’argent en dépôt. À ce niveau, la création monétaire est garantie par divers revenus que la banque peut s’assurer grâce à l’appui du Régent. La spéculation se retournera contre le système en début 1720 la banque a imprimé plus d’ un milliard de livres pour 322 millions de capital. Dès le 24 mars, le système de Law est en banqueroute et les déposants se présentent en masse pour échanger leur papier-monnaie contre des espèces métalliques que la société ne possède déjà plus. Cette crise, l’un des premiers krachs de l’histoire, cause la ruine des déposants, et par là-même une totale rupture de confiance. Malgré l’échec de sa tentative de relance de l’économie française, Law et son système ont toujours, trois siècles plus tard, une influence cardinale sur la théorie monétaire moderne, qui en intègre de nombreux concepts clefs.
    Le bilan de Law pour la France financièrement exsangue lors de son arrivée, la France se voit à son départ environ un dixième ruinée ou appauvrie, principalement chez les riches actionnaires. Quelques autres, bénéficiant de renseignements de première main, se sont en revanche considérablement enrichis. S’il fait perdre confiance dans le papier-monnaie et dans l’État, son système permet pourtant l’assainissement de la dette de celui-ci en en déplaçant la charge sur de nombreux épargnants.
    Plus prés de nous En 1945, la dette française atteint 160 % du PIB. Dans ses Mémoires de guerre, le général de Gaulle estime cette dette à 10,23 années de recettes fiscales. A titre de comparaison, la dette du Royaume-Uni est alors de 250 %. La forte croissance économique de la France à partir de 1945, qui provoque une hausse des recettes, ainsi que l’inflation élevée, permettent de maintenir la dette dans des limites soutenables. La dette accumulée durant la Seconde Guerre mondiale est ainsi rapidement remboursée pour atteindre à nouveau un niveau faible, environ 40 %. A la fin des années 1950, elle pèse 30 %.
    A quel sauce allons nous être cuisinés les banqueroutes, l’extorsion, la spoliation ou l’inflation ? – pour la croissance faut pas trop y compter- .

    Pour ma part, retraité, je considère avoir perdu 10% de pouvoir d’achat en 10 ans (estimation basse).
    Si le processus s’accélère je vais réservé ma place sous un pont.
    Bonne journée

    1. Gilles JEANNEAU

      Merci pour cette leçon d’histoire à laquelle j’adhère complètement et pour confirmer que, retraité moi-même depuis 2007, je tiens sur un tableau Excel l’évolution de mes revenus (retraites) et celle de l’inflation (officielle car moi aussi je la trouve sous-estimée). Et bien en 15 ans, la perte de pouvoir de vivre comme le dit si bien Jean-Marie, est de 20,4 %.
      Sans parler de l’évolution du prix de l’énergie (et du gaz russe! dont les médias oublient de parler à propos de l’Ukraine)
      Courage, mes frères…

      1. Laure Garralaga Lataste

        @ à Gilles
        Oui ! Mais si ça continue… on va vraiment se cailler…! Vivement l’été !

    2. Laure Garralaga Lataste

      @ à fcon j.f
      La vieillesse est un naufrage… mais je sais que tu excuseras cette absence qui était bien à ton attention… « Merci de me donner l’adresse du pont que tu vas te réserver…! » demande qui n’était pas pour J.M.D mais bien pour toi, ami facon j.f !

  4. Laure Garralaga Lataste

    Enfin… « Malherbe vint ! ».
    à J.M. … quand tu parles de …  » ayant eu le privilège d’avoir à répondre à au moins…  » tu mets en avant, et je t’en remercie,  » la complexité des problèmes que les élus.es ont à résoudre ! Merci de me donner l’adresse du pont que tu vas te réserver… Nous sommes toujours plus intelligents.es à plusieurs que tous seuls !

  5. J.J.

    Fidèle à mes ancêtres, et amateur de confort, je préfère une caverne, philosophique avec Platon, ou préhistorique avec Cro Magnon (c’est mieux isolé).

    Ou encore, dans la vallée voisine, en abri sous roche, un vieux village de mendiants, abandonné depuis longtemps, mais qui pourrait reprendre du service

    1. Laure Garralaga Lataste

      @ à J.J.
      Surtout qu’en Dordogne les cavernes préhistoriques sont nombreuses… ! Je connais même un bon resto que je vous recommande… !

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