La chanson strictement française la plus chantée eu monde va résonner partout sur les postes de radio ou sur les écrans de télé. Il arrive même que l’on se prenne à reprendre discrètement le refrain de « Petit papa Noël » comme une « madeleine » ramenant en enfance. Issue de la guerre elle évoquait dans sa première version la supplique d’un fils sollicitant pour cette soirée particulière le retour à la maison de son père prisonnier. Une version réécrite par Raymond Vincy procura à la voix de miel de Tino Rossi son plus grand succès.
Ce fut pourtant une chanson politique dans les deux ans qui ont succédé à la Libération. Seule évocation laïque français de Noël, ces paroles d’une grande simplicité seront très rapidement plébiscitées. Elle sera largement diffusée sur la TSF à la demande du gouvernement et notamment du ministre socialiste de l’Éducation Nationale, ancien Président de la Haute Cour, Marcel-Edmond Naegelen, qui voulait supprimer les chants religieux promus par le régime de Vichy. Il voyait dans cette composition une opportunité de donner une autre dimension à la journée de Noël.
Les paroles empreintes de reconnaissance et de solidarité à l’égard de celui qui vient après une période de privation distribuer des « jouets par milliers » ont une incontestable dimension humaniste. « Mais, avant de partir il faudra bien te couvrir. Dehors, tu vas avoir si froid, c’est un peu à cause de moi (…) », ce couplet d’intérêt pour l’autre revêt une valeur hautement symbolique. Elle a été oubliée depuis belle lurette et nombreux sont les enfants qui ne pensent plus désormais qu’à « leurs petits souliers ».
Il suffirait pourtant d’évoquer le premier vers voulant que ce soit « la belle nuit de Noël » pour nous rendre compte du mythe que représente cette fête. Tout en dehors de notre cocon de confort plus ou moins douillet concourt à ne pas forcément parer ce rendez-vous religieux de vertus particulières. Surtout en cette seconde année de pandémie où jamais peut-être les fissures, les fractures ont été aussi nombreuses dans ce qui n’est plus la douce France. Certes il y a l’angoisse prégnante du virus mais elle dissimule bien d’autres maux jamais résolus et dont les effets sont ensevelis sous les contaminations, les tests et les vaccins.
Mardi, dans la matinée, un Sans Domicile Fixe bordelais est décédé des morsures du froid devant un supermarché du quartier de la Gare. De nom il n’avait pas pour ses compagnons d’infortune qui ne le connaissait que comme « délégué ». Nul ne savait vraiment son parcours l’ayant conduit dans la rue. Le seul repère qu’avait le groupe dans lequel il survivait c’est qu’il avait été unanimement élu délégué de classe dans son collège. Une bien belle référence. Pour France Bleu Gironde ses amis le décrivaient comme «(leur) rayon de soleil (…) qui nous faisait rire » ou comme « un garçon simple, humble, c’était une pâte, un patapouf ! ». Un superbe hommage mais tellement triste.
Ce décès, comme celui de tant d’autres malheureux n’aura vraiment ému que les combattantes et combattants dévoués de la solidarité qui, Noël ou pas, sont aux cotés de ceux qui ne trouvent pas leur place dans une société oublieuse des valeurs qui la fondent. En France selon une étude d’Emmäus il y aurait 300 000 femmes et hommes à errer à la recherche d’une solution stable de logement. Aux sans-abris s’ajoutent des milliers de personnes à la recherche simplement d’un toit décent, des milliers d’occupants de bidonvilles ou de campements rudimentaires, des centaines de dormeurs dans leurs automobiles ou dans des caravanes de mauvaise fortune…
« Petit papa Noël, quand tu descendras du ciel.. » n’oublie pas aussi les milliers d’enfants qui n’ont pas de cheminées car il leur manque tout simplement la chaleur d’une maison. Ils ne vivent que d »expédients, de provisoire, de misère et de persécution. Ils ne rêvent pas de « tous les joujoux» mais simplement d’un minimum de confort, de protection, d’empathie, de nourriture, de « petits souliers » et de perspectives d’avenir. Leur maturité, souvent bien plus forte que celle des autres gosses de leur âge, les conduit à assumer des responsabilités qui ne sont pas les leurs. Ce ne sont plus des enfants mais des « grandis trop tôt! »
« Petit papa Noël (…) n’oublie pas (leurs) petits souliers » et apporte leur de l’espoir. Tous ces « oubliés du monde libéral», quel que soit le nombre de leurs années, s’accrochent eux-aussi à ce « qu’ils voient en rêve » mais que personne ne veut leur donner. Oublié Tino Rossi et je préfère grandement Orelsan et son terrible et récent constat intitulé « Civilisations » dont voici quelques vers d’une chanson qu’aucun ministre de l’Education Nationale ne valorisera :
«(…)j‘essaye d’avoir un enfant
J’essaye d’avoir autre chose que des regrets
Quand il verra 2022
J’comprendrai qu’il s’mette à pleurer (…) »
Désolé mais faites le maximum pour être heureux si la vie vous offre une fenêtre sur le bonheur.
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Merci cher Jean-Marie pour ce texte MAGNIFIQUE !
Je vais passer Noël avec mes enfants chez ma fille près de Toulouse… Pas de craintes : nous serons 10, tous et toutes vaccinés/vaccinées à 3 doses et nous sauront respecter les gestes barrières… Je vous dis à toutes et à tous « Joyeux Noël, » et souhaite que le « papa Noël » réalise notre vœux le plus cher… « que FRATERNITÉ » retrouve sa noblesse et sa place dans le cœur de l’Humanité !
À lundi…
Au secours l’Abbé Pierre !
Au secours Coluche !
…quelques vers d’une chanson qu’aucun ministre de l’Education Nationale ne valorisera…
Surtout si l’on utilise sa carte Blanquer !
Étant « natalophobe « de naissance, (le nouvel épithète à la mode), j’estime qu’il aurait été plus raisonnable, au lieu de cultiver ce mythe bétifiant du Père Noël, de revenir à l’origine de cette fête récupérée par les chrétiens, qu’était la célébration ancestrale du Solstice d’Hiver.
Si Noël est une fête religieuse, le « père Noël » est païen et… je propose qu’à compter de ce jour on parle de……… « mère Noël » puisque c’est nous qui vous mettons au monde !
Et le Père Fouettard, dans tout ça ? Encore un laissé pour compte (de Noël).