Les livres « politiques » fleurissent en cette période pré-électorale car il constitue un support de communication extrêmement précieux. Bien entendu tout(e) candidat(e) à l’élection présidentielle se doit de médiatiser ses positions par le biais d’un ouvrage garni de promesses. Certains journalistes parient également sur le plus populaires des postulants pour publier une biographie préparée de longue date. Il existe un business électoraliste dont les fondements reposent sur des calculs de contournement des dépenses de campagne. L’auteur a la possibilité des e déplacer, d’organiser eds rencontres ou d’être accueilli dans les médias alors que le candidat ne le serait pas !
La question essentielle que ne se posent pas les lectrices et les lecteurs potentiels : achète-t-on leur livre pour son contenu ou son auteur ? Elle est applicable à toutes les publications. La réponse ne fait pas de doute dans le secteur de la vie politique ! Inutile d’espérer percer si vous n’avez pas le relais des plateaux télé ou des publications nationales. L’éditeur ne prend le manuscrit souvent écrit par des collaborateurs ou des petites mains technocratiques que si l’auteur est « vendeur. Souvent la supercherie commerciale repose sur une mention discrète : « écrit avec… » ce qui traduit la réalité de l’opération.
Aller à la rencontre d’une personnalité présentant ses pensées dans un bouquin m’a permis de vérifier que tout le monde n’a pas cette vision très lâche de la propriété intellectuelle. Boris Vallaud, député socialiste des Landes mettait en débat « un esprit de résistance » (1) à l’invitation de Bruno Marty. Il a su convaincre un large auditoire de la sincérité d’une démarche visant à réveiller un espoir parmi les relais potentiels des idées dites de gauche.
« Je ne suis pas parvenu durant le confinement à participer à une revue collective pour laquelle on m’avait demandé d’imaginer le monde d’après. Quand ça été fini j’ai pensé qu’il fallait sortir de l’expression d’une pensée en 180 signes maximum explique celui qui aime avoir eu finalement « l’envie de publier un livre manifeste s’adressant à ces gens qui ne savent pas pu ne peuvent pas mettre des mots sur leurs convictions. Je tiens à rassurer tout le monde je ne suis pas candidat aux élections présidentielles mais j’espère contribuer au débat. »
Sa franchise tranche avec les propos de circonstances tenus en privé mais que j’ai rarement entendu devant une centaine de personnes. « Je n’aime pas me retrouver au milieu de la nuit dans l’hémicycle de l’Assemblée Nationale face à la réalité. J’ai défendu une centaine d’amendements tous repoussés et en sachant fort bien que mon combat même sincère n’aura absolument aucun écho médiatique. Dans le système actuel être député ne rime pas à grand chose. Notre système est à bout de souffle. Vous ne pouvez pas imaginer le nombre de fois où on me demande de me positionner sur des conneries sans aucun intérêt ! Certains se dépêchent à sortir par la salle des pas perdus afin d’être interrogé par les journalistes présents mais ne savent rien de sujets sur lesquels ils sont intéressés » Le Landais semble désabusé par son rôle dans la vie politique. Il ne manque pas par contre d’enthousiasme pour le contact avec les gens, pour ces rencontres qui constituent dans le fond la mission essentielle des élus locaux.
« Je me nourris de ma permanence, des fêtes, des repas ou des visites chez les gens que je peux effectuer » ajoute-t-il en s’interrogeant sur un thème étonnant : « est-ce par la politique que l’on change la société ? J’en doute. Un responsable d’une ONG, un artiste, un intellectuel ont souvent un impact supérieur à celui d’un élu ! » C’est ainsi selon lui tellement l’image des représentants du suffrage universel est menacée. Une reconstruction s’appuyant sur « l’éducation populaire à relancer davantage que sur le système éducatif surchargé, sur une réforme profonde des institutions, sur une place plus grande accordée aux citoyens dans la gouvernance devient urgente.
« Nous ne devons pas reconstruire le monde d’après à l’identique de celui d’avant la crise. Le retour à la normale souhaitée serait une catastrophe si nous ne changeons rien ! » L’auteur de « L’esprit de Résistance » a noté dans le contexte de ces derniers mois une phrase qui le rend optimiste sur une mutation sociale possible. « A la fin des conversations, des échanges revient souvent : prends soin de toi et des tiens ! C’est un signe que nous devenons plus attentifs aux autres, que nous avons pris conscience de la fragilité de nos situations et c’est pour moi un espoir ! »
Boris a écrit un « livre-manifeste ». Il l’assume et le revendique dans un monde qui se délite, perclus de malfaçons qui sont apparues au grand jour sous les effets de la pandémie et dans lequel vraies démocraties de plus en plus rares ont été rongées par le virus de l’autoritarisme et de la peur. Un constat que j’ai trouvé sans illusions et lucide. Peut-être trop pour générer l’enthousiasme. Je lui ai offert mon… modeste livre sur « Le partage du pouvoir local » histoire de lui prouver que l’esprit de résistance a existé!
(1) L’esprit de résistance aux editions Flammarion
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À la fin de ce dernier « Roue Libre » de la semaine, puisque demain c’est dimanche… (un rappel : « je hais les dimanches qui nous privent de « Roue Libre ») je relève : » histoire de lui prouver que l’esprit de résistance a existé! » Une question Jean-Marie : pourquoi l’emploi de ce passé composé pessimiste, nostalgique d’une période révolue ? Toi aussi tu sais que la Résistance existe encore, nos écrits en sont la preuve. Et même s’ils touchent peu de monde, n’oublions jamais que » les petits ruisseaux font les grandes rivières ».
Jean-Marie, ce matin, après mon Ludwig V.B., je me suis mis Jean Ferrat. Et j’ai souri en l’entendant chanter « Pauvre Boris ». Juste un petit extrait: « Les cons n’arrêtent pas de voler, les autres de les regarder… » Ce n’est pas sans rappeler la fameuse réplique de Michel Audiard qui fait dire à son héros « Si tous les cons volaient, tu serais chef d’escadrille… » Bref! Je ne connais pas Boris Vallaud, mais je reconnais qu’il est loin d’être con quand je l’écoute à la télé. Idem pour Najat.
« Pauvre Boris, tu vois, rien n’a vraiment changé! » Ferrat rit dans sa tombe et Vian avec lui.
@ à Christian
Je signe des deux mains (et pas dès demain…) ta dernière phrase :
» Pauvre Boris, tu vois, rien n’a vraiment changé! » Ferrat rit dans sa tombe et Vian avec lui. »
On peut y ajouter aujourd’hui J.P Belmondo
et Vian avec lui… » sur les accords d’Alain Goraguer.
Désolé, mais c’est l’heure de l’opéra!
@ à Christian
Et l’opéra……c’est sacré !
@ à Christian
J’aurais dû écrire « qui est fan de contrepèteries ».
Boris VALLAUD est un homme de convictions, je n’en doute pas. C’est le système qui ne va pas et c’est valable pour tous les partis. Quand on couvre des malversations, que l’on promeut ceux qui ont eu des comportements indignes, tout cela concourt à faire naitre la méfiance, à tourner le dos aux politiques dont nombre d’entre eux ne savent que se servir alors que d’autres défendent des valeurs. 30 ans dans la même maison m’a permis de rencontrer le meilleur mais aussi le pire et à l’automne de ma vie je ne soutiendrai plus des hommes mais des valeurs, les miennes, les nôtres devrais-je dire, sans concession.
Si nous voulons vivre debout et laisser à nos enfants et petits enfants une société libre où l’humain a toute sa place, la première place, il serait temps de se retrousser les manches pour que vive la démocratie.
Juste un rappel, le 18 septembre à Mt-de-Marsan, venez dire à ceux qui « emmerdent les Français » ruraux que l’on ne veut pas, que nous n’acceptons pas que l’on touche aux traditions qui permettent le vivre ensemble.
@ à Maria… Bonjour,
Mes excuses pour ce tutoiement… Crois-tu que ce que tu dénonces sois bien nouveau ? Ma longue vie militante m’a fait connaître de nombreuses vicissitudes que je n’ai cessé de combattre… ! Crois-tu que notre démocratie républicaine française d’aujourd’hui soit pire que ce régime connu par les Français et de nombreux étrangers dans cette France de 1940 à 1945 ? Lorsque nous avons la chance de venir sur terre, ne sommes-nous pas condamnés…es à vivre le pire et le meilleur ? Une question : comment soutenir des valeurs sans HOMMES et FEMMES pour nous aider à les soutenir ? Seuls – Seules, nous sommes condamnés.es à l’échec. N’oublions jamais ceux et celles qui ne sont plus là, et qui se sont battus.es pour que nous puissions devenir ce que nous sommes. Amicalement.
Non …!
nous n oublierons pas tous ceux qui se sont battus pour nous donner cette liberté de parler
d’écrire sur le net ou sur du papier .
Il va pourtant falloir être vigilant !
@ à Alain
Je partage ta soif de VIGILANCE…