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Ralliez vous à mon panaché blanc !

Durant tout cet été la pression a été moralement omniprésente et dans le fond assez rare sur les terrasses où elle a toujours été en terrain conquis. Justement bon nombre d’entre nous ont tenté en ce mois d’août à échapper à la première en s’accordant le droit de « descendre » la seconde. Pa si évident que ça lorsque la température incite plutôt aux boissons chaudes qu’à une mise en bière fraîche. C’est pourtant quand tout s’agite autour de vous que l’environnement appuie lourdement sur votre qualité de vie, que vous devez absolument la laisser couler. Si la pression vous envahit ne refusez surtout pas de l’accueillir en vous car elle vous procurera un immense bien-être. Soit la canicule est installée et vous la faites disparaître d’un seul trait soit vous prenez votre temps pour l’éliminer et savourer le pouvoir que vous avez à vous faire mousser.

Le meilleur moment reste celui où vous vous retrouvez face à ce verre laissant couler des larmes de regrets et que vous savez que, sans pitié et sans remords vous en viendrez à bout. La réussite de vos vacances réside en effet dans votre capacité à savoir prendre votre distance avec la réalité quotidienne pour vous offrir le droit d’étancher votre soif en toute liberté. Par exemple alors que votre conjointe, votre copine, votre amie musardent devant les vitrines avant de revenir s’installer pour lécher une glace vous pouvez en profiter pour la jouer modeste. « Prends ton temps, fais ce que tu veux. Je te retrouve là. Ne t’en fais pas ! » Vous vous installez avec volupté à la terrasse d’un Bistrot afin de vous colleter avec une pression nommée désir.

Chacun à ses habitudes, ses rites, ses marques à respecter ainsi que ses méthodes à mettre en œuvre pour réussir sa cure ! Pour ma part je commets souvent des infidélités à la « pression » en raison d’un très vieux fantasme de mon adolescence. J’ai toujours pensé adolescent ou jeune, durant les vacances que je ne deviendrai un homme libre que le jour où j’aurais en poche la somme nécessaire pour m’asseoir à une terrasse de café, ne rien faire d’autre que regarder passer les gens honnêtes en buvant une… limonade.

Vous ne le croirez pas vous qui savez que je « carbure » au rosé mais je suis depuis aussi longtemps que je me souvienne un inconditionnel de la limonade, celle des bouteilles fraîches avec une fermeture munie d’une petit caoutchouc rouge. Comme les fabrications industrielles modernes ne me conviennent pas je noie mon chagrin de ne pas retrouver mes sensations de cette époque dans une « pression panachée » ! Elle doit être confectionnée, selon mes principes, avec deux tiers de limonade et un tiers de bière ! Et jamais au grand jamais couler d’une canette toute prête. Un bistroquet qui se respecte se juge à la qualité de son panache ! Ne criez pas vous les puristes ! Ne hurlez pas au crime de lèse-bière ! Le panaché a constitué pour moi la transition entre l’enfance et l’âge adulte. 

J’avoue, et je n’en suis pas fier mais je fais n’importe quoi pour rajeunir. Pour ma part c’est sur la parvis de la mairie, là, au milieu des « miens » à Créon, que j’aime bien commander enfin mon panaché plutôt que de me laisser submerger par la pression imposée par les autres. Au Bistrot des Copains » Nicolas et Christine savent rester silencieux quand je dénature leur pression par cette foucade d’antan! Parfois je n’ai même plus à commander : il arrive tout seul ! J’invite d’ailleurs souvent tout le monde à se rallier à mon panaché blanc !

Le matin deux cafés, en fin de matinée un petit rosé et l’après-midi un panaché parfois remplacé par un galopin histoire de me rappeler que je l’ai été… C’est ainsi !   Savoir à ce moment-là se positionner en retrait sur la terrasse pour éviter que le soleil ne s’empare pas de votre espace de fraîcheur constitue le premier élément de la mise à mal de la « pression ». Il faut ensuite bien choisir un siège confortable permettant de tenir la distance et de se relaxer. Une bonne bière va de pait avec la qualité du lieu où elle est dégustée.

« Qu’avez-vous comme pression ? » devient la première question lorsque le serveur s’approche de vous pour s’enquérir de votre choix en matière de consommation tarifée de bonheur parfait. Comme pour les « tranquillisants » il vous proposera des « génériques » de mauvaise qualité ou des produits les mieux élaborés. Ne jamais répondre à la hâte car la chance ne repassera pas deux fois. 

S’il y a plusieurs opportunités vous devez peser les avantages et les inconvénients de chacune. Il y a la solution de la « légèreté », celle de la « puissance », celle de la « couleur » ou celle de la « quantité ». En fait vous devrez vous fier à votre connaissance de votre plaisir pour vous décider. N’optez pas pour une « marque » à contre cœur car vous risquez d’être de fort méchante humeur quand la fin sera venue. Dès que vous aurez devant vous votre « pression » sachez oublier tout ce qu’elle a de mauvais. Regardez là « droit dans les yeux ».

Elle doit avoir des sueurs froides en vous voyant (c’est indispensable) pour que puissiez jubiler avant de l’attaquer. Même s’il est indispensable de la prendre par son col en mousseline blanche d’une exceptionnelle finesse ne témoignez d’aucune brutalité mal placée. Lentement, très lentement, en fermant les yeux comme dans un cours de relaxation avalez une gorgée de cette pression qu’il va vous falloir éliminer avec le maximum de précautions. L’erreur fatale serait de se précipiter ou de vouloir trop faire durer ! Le timing a une grande importance. Les préliminaires trop longs étouffent l’envie et une trop grande précipitation ne laisse que des regrets.

La « descente » ou la baisse de niveau ne s’effectuera correctement qu’en se hâtant avec mesure. Entrecoupez chaque goulée d’un moment consacré à regarder celle et ceux qui n’ont pas votre chance, aux voisins des autres tables, aux passants qui passent, aux gens pressés de se rendre sur ces lieux où justement on va les presser. N’ayez surtout pas honte de jubiler… surtout si le temps vous accorde le privilège fabuleux de le prendre.

Cet article a 8 commentaires

  1. GRENE CHRISTIAN

    Désolé, Jean-Marie! Je suis sous pression – je dois partir à Blaye – mais rappelle à M.Lascourrèges que « Pierre qui roule n’amasse pas mousse ».

    1. Laure Garralaga Lataste

      @ à Christian
      Ce message codé me rappelle… la Résistance à la pression !

    2. Lascourrèges

      Et beh Chichi. Tu ne crois as si bien dire! A Blaye, si tu peux, je te propose d’aller déjeuner jeudi midi à la Marina. Fais moi signe. Pierrot

      1. Laure Garralaga Lataste

        On en apprend des choses sur « Roue Libre »…
        Message à Chichi et à Pierrot… « désolée de ne pouvoir être des vôtres jeudi…  » Les 3 auraient fait la paire… ! ! !

        1. Lascourrèges

          Tout est possible

  2. Laure Garralaga Lataste

    Alors que le titre me porte à croire que l’auteur va parler d’Henri IV, voilà t-il pas qu’il nous parle de pression… Non pas celle qui nous étouffe et nous empêche d’agir mais la douce, fraîche et voluptueuse, celle qui apaise nos gosiers… Puis il l’abandonne et la coupe avec sa chouchou, la limonade… et obtient un « Panaché » ! Et nous voilà à nouveau reliés.es à … Henri IV !

    1. J.J.

      Laure @ Oui mais tout est dans l’accent , cap de diou !
      En trop ou manquant, ou pas le bon : de 1/4 à 1/2 point à la dictée du certif !

      1. Laure Garralaga Lataste

        @ à J . J .
        Et en espagnol, l’accent… « Je te dis pas ! «  » No te digo… » en appuyant sur le di…
        C’est pareil pour Pepe (appuyer sur le premier) ce qui est bien plus musical que Pépé, n’en déplaise à Léo…

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