You are currently viewing La métropolisation commence à dévoiler ses faiblesses

La métropolisation commence à dévoiler ses faiblesses

Lentement mais inexorablement émerge la crise sociale. Elle va ruisseler sur tous les territoires avec paradoxalement une accentuation du phénomène dans les centres des grandes métropoles. La pauvreté, qui est considérée par l’immense majorité des Français comme un problème insupportable qu’il faudrait régler de façon impérieuse, serait plus importante dans les centres des grandes villes en termes de masse, de proportion et d’intensité.  Un constat qui reflète les conséquences de la pandémie ayant accentué les fractures territoriales.

Le phénomène de métropolisation conter lequel je n’ai jamais cessé de m’élever depuis une bonne vingtaine d’années atteint la imite de ses effets positifs. Une urbanisation délirante, une concentration catastrophique des emplois, des services, des équipements et la démesure de certains d’entre eux (stades, salles « culturelles », universités…) ont produit des effets désastreux sur les équilibres territoriaux.

La concentration d’énormes surfaces commerciales, de zones d’activités gigantesques, de sièges sociaux nationaux et l’absence de logements pour les employés les plus modestes ont conduit à une terrible montée en puissance des effets du trajet domicile-travail. Les cœurs des métropoles souvent anciens reçoivent désormais dans des immeubles de locataires aux revenus faibles (étudiant.e.s, personnes isolées ou du troisième âge…) qui se retrouvent actuellement en difficulté.

Concentrant la richesse économique, fiscale et démographique les grandes agglomérations stérilisent les secteurs de proximité situés hors de ses limites administratives. Seuls les foyers disposant de revenus élevés peuvent « s’évader » et aller chercher le fameux « pavillon, gazon, télévision » à des distances toujours plus lointaines en raison du coût du foncier et d’une envie de fuir des secteurs réputés stressants ou pollués.

Du coup depuis une bonne décennie elles conjuguent la croissance économique et démographique associés à la concentration de la richesse fiscale et économique, y voyant un moteur puissant pour le développement du pays quand d’autres soulignent a contrario les effets négatifs de la désertification issue générée par cette politique.

« La crise sociale qui se pointe a donc déjà mis en avant que la pauvreté est maximale dans les centres des grandes villes, elle diminue beaucoup dans le périurbain, et cela remonte dans l’infra-urbain, c’est-à-dire les zones hors d’influence des villes, qui représentent moins de 7% de la population », a précisé devant la commission du Sénat le géographe . Finalement c’est le rural qui est le plus proche des centres des grandes villes pour la pauvreté.

Autre constat concernant cette fois-ci le revenu par habitant des territoires : les différences sont importantes entre les métropoles et les autres territoires, au profit de ces derniers, en tenant compte du coût du logement et de la mobilité. Avec un PIB de 55.000 euros par habitant en Île-de-France contre 33.000 euros en moyenne dans la France, soit quasiment le double, le rapport s’inverse quand il s’agit des revenus : 18.000 euros par habitant en Île-de-France contre 20.000 euros pour le reste de la France. « La vision classique consistant à dire que les villes sont riches et les campagnes sont pauvres, c’est vrai en termes de productivité mais c’est faux en termes de niveau de vie », a ainsi assuré le géographe Jacques Lévy.

Il y a bien une tendance indiscutable à la métropolisation mais ses effets sont inégaux en fonction des territoire. Qu’on le veuille ou non ce phénomène n’a rien d’homogène et en plus il est remis en cause par la pandémie puisque ses effets évoluent très défavorablement dans les concentration urbaine les plus denses. La métropole risque non seulement de ne plus attirer mais de voir une part de ses classes moyennes supérieures fuir vers des horizons plus attractifs et moins contraignants.

Les écarts de ressources sont tels que certains envisagent une sorte de péréquation des métropoles vers les territoires ruraux qui ne pourra être qu’au coup par coup et non durable. L’avenir serait plutôt l’idée que chaque lieu a ses avantages, ressources, potentialités, qu’il doit les cultiver, les valoriser, et bien sûr bénéficier de la solidarité mais dans une logique de projets.

Sur le canton de Créon par exemple où seulement quatre communes sont limitrophes des frontières métropolitaines des partenariats ont été trouvé sur un périmètre plus large. La ligne de Transgironde 407 avec toutes les collectivités, chacune dans leurs compétences, autour d’une table pour travailler sur la mobilité illustre que tout est possible ! Il faudra bien s’y mettre très vite sur bien d’autres sujets (eau potable, mixité scolaire, développement économique…)

Cet article a 12 commentaires

  1. Laure Garralaga Lataste

    Dans les années 70-80, notre engagement dans  » un parti de visionnaires  » nous avait déjà habitué à ce type de raisonnement…
    Tu m’as fait prendre un sacré « coup de jeune » ! Merci Jean-Marie…

  2. CHRISTIAN GRENE

    Phénomène d’ubiquité? Le même sujet était sur la table, hier soir autour d’un apéro, avec ma belle-soeur qui réside dans le centre de Mérignac dont le premier magistrat est… Ouais, Jean-Marie! Nous dressons le même constat que toi. Inutile donc d’en repasser une couche.

    1. Laure Garralaga Lataste

      Cette injonction… « inutile d’en repasser une couche… » s’adresse-t-elle à moi, à Jean-Marie ou… aux 2 ?

  3. Philippe Labansat

    Désormais, cela saute aux yeux que tout le monde n’a pas sa place dans une société qui s’est construite, en grande partie, hors du débat démocratique. « Les gens qui ne sont rien », les « sans dents », comme le résument si bien nos princes, sont hors jeu (en étant hors métropole, entre autres) et c’est maintenant un rebut assumé. On assure juste la survie de cette frange de la population, tout en préparant, métaphoriquement, le voyage sur Mars pour la crème de la crème…

    1. CHRISTIAN GRENE

      Dis-moi, Philippe! J’ai eu M. et Mme Labansat au lycée à Libourne. Tes parents, peut-être?

      1. Philippe Labansat

        Tout à fait, Christian !

    2. Laure Garralaga Lataste

      Désormais ! C’était différent siècle passé et dans les années 1900 ?

      1. Laure Garralaga Lataste

        C’était différent dans le…

  4. J.J.

    Les humains n’ont pas su retenir la leçon de la disparition des dinosaures et autres méga sauriens, il en est de même pour les sociétés.
    Je vois dans ma boule de pyrex (le cristal est trop cher) un grand pays qui s’e va tout doucement vers son probable (et souhaitable) effondrement. Il y en a aussi un autre qui pourrait avoir des inquiétudes. Mais il a déjà réussi au cours de siècles précédents, envahi, meurtri, ruiné, mais libéré, à rebondir et revenir sur le devant de la scène..

    « Saurien ne sert de grossir, il faut maigrir à point. »
    Pardon pour ce regrettable calembour.

    1. Laure Garralaga Lataste

      J’adore les calembours !… Et aussi l’humour — « le cristal est trop cher »—…
      Merci de préciser de « quel grand pays  » il s’agit, car pour ma part, j’en vois plusieurs !

  5. Bruno DE LA ROCQUE

    Force est de saluer toutes celles et tous ceux qui, depuis au moins trois quinquennats présidentiels ne cessent de rappeler l’utilité des « départements » en matière de rééquilibrage territorial et de proximité dans… « les territoires » (terme devenu d’usage courant mais qui en soi est détestable). Et donc de saluer ton combat Jean-Marie, celui de Philippe Madrelle (qu’il a en outre porté au Parlement !), l’opiniâtreté de Jean-Luc Gleyze.
    Cela dit, ton analyse est parfaite et elle t’amène à la conclusion d’assumer localement, territorialement, la balance vulnérabilités/potentiels. Le tout étant évidemment de trouver la juste taille des collectivités territoriales jouant péréquation et solidarité.

  6. Laure Garralaga Lataste

    Cher Bruno, pourquoi cantonnes-tu tes salutations à seulement 3 quinquennats ?
    Ne te souviens-tu pas sur quoi s’appuyaient nos combats ? Hi! Hi! Hi!

Laisser un commentaire