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La jeunesse en panne de rêves

Peut-on dans le monde actuel réaliser ses rêves qaund on est jeune ? Le fait de se poser la question révèle au moins un doute sur la possibilité d’y réponde positivement. Durant les dernières années du XX° siècle il était fort possible que le chemin vers ce que chacune ou chacun d’entre nous portait, secrètement ou ouvertement,  était ouvert. Impossible cependant d’avoir la certitude d’y parvenir. Désormais il devient de plus en plus difficile pour la jeunesse de s’installer dans l’idée d’en avoir un ! La crise sanitaire a tué ses rêves qui pour être les plus beaux, doivent être les plus fous !

L’un de ceux qu’échafaudent les jeunes en général porte sur leur avenir social. Depuis plusieurs mois le système à fabriquer des parcours réussis s’est enrayé car le contexte à transformé l’espoir en angoisse. Le système éducatif figé et souvent basé sur la répétition d’un modèle de réussite presque séculaire connaît bien des ratés dus au contexte.

Quel que soit le niveau de ses « ambitions » il devient très incertain de pouvoir l’atteindre ! N’ayant pas été capable d’effectuer d’autres adaptations au contexte autre que le modèles des masques à utiliser en cours, l’éducation nationale a plongé collégien.ne.s mais surtout lycéen.ne.s ou étudiant.e.s, dans le doute le plus profond.

Leurs rêves suspendus à des examens dont ils ne savent pas s’ils pourront véritablement se dérouler, risquent bien de tourner aux cauchemars. Plutôt que de lucidement construire une stratégie sécurisée reposant, non plus sur le fameux « jour où tout se joue », mais sur un contrôle continu en plusieurs étapes, collèges, lycées et universités accentuent le doute. Comme dans bien des domaines les responsables de ce système naviguent à la godille avec l’espoir de jours meilleurs pour changer de cap au dernier moment.

Un drame se déroule sous nos yeux. Il touche une génération, celle des premières années du XXI° siècle traversan des à-coups incessants, des réformes déstabilisantes, des moments difficiles liés aux situations de leurs familles, des contraintes matérielles grandissantes. Leurs « rêves » ont été ensevelis, pour la grande majorité d’entre eux, par des tonnes de cendres noires de la sélection par l’échec. En cette période la dépression s’installe.

Tous les signes de cet effondrement de la capacité à se projeter dans un avenir souhaité, espéré ou envisagé concordent. « Un jeune, une solution » : la promesse illusoire faite en novembre dernier à la jeunesse ne sera pas tenue. L’aide que nous lui devons ne change pas d’échelle au regard de la précarité qui gagne la génération née avec ce siècle. Un grand nombre d’entre eux n’a plus comme seule préoccupation que celle de survivre, de manger, de conserver un toit, de s’accrocher à son rêve « matériel ».

Le gouvernement répond certes autant qu’il le peut à ces urgences par des allocations, des bourses, des aménagements matériels certes importants mais sans rapport avec le besoin de « rêver » dont toute génération montante a besoin. Un ressort s’est brisé et une sorte de résignation s’installe en surface.

Au Québec l’Institut du Nouveau Monde (1) a réalisé un rapport intitulé « Rêver pour créer » dont le contenu résume ce que l’on pourrait trouver en France. Selon cette étude , il n’est pas facile de répondre à la question.  «Les rêves récoltés sont tout aussi diversifiés que la jeunesse québécoise et ses idées», notent les auteurs du document. Malgré cette diversité, une certaine tendance s’est dessinée autour de thèmes évoquant des valeurs impossibles à mettre en œuvre dans la situation présente.

Pour les jeunes consultés leurs « rêves » mettent en évidence l’importance de l’environnement, la quête d’amélioration de la société, l’inclusion sociale, la solidarité et les relations humaines de qualité. Leurs ambitions affichées sont « altruistes » et tournées vers « la communauté, la société et le collectif ». Autant de valeurs que la pandémie empêche de mettre en œuvre d’où une frustration très forte. Tous à des degrés divers à leur façon, dans des milieux différents, voient leurs projets repoussés aux calendes virales, s’évanouir ou se détruire.

En France plus de 50% des jeunes auditionnés lors d’une enquête parlementaire sont inquiets sur leur santé mentale, 30% ont renoncé à l’accès aux soins pendant le Covid-19 faute de moyens… C’est ce qui ressort notamment d’une récente enquête parlementaire très récente.

Leur quotidien c’est toujours plus d’écrans, la queue aux restos du cœur pour celles et ceux qui n’ont pas une famille pouvant les accompagner, un lien social ou culturel brisé, un isolement ravageur et plus encore un doute sur le déroulement prochain de leurs études.

« Le bonheur c’est réaliser dans l’âge d’homme ses rêves de jeunesse. » la phrase est de Léon Blum. Quels adultes sommes-nous en train de faire naître ?

Cet article a 6 commentaires

  1. J.J.

    En fait je pense que la situation actuelle généralise un état de fait qui a toujours existé.
    Si certains, bénéficiaires ou héritiers des 30 Glorieuses (dont on prend conscience maintenant qu’en effet ce fut une période faste, par rapport à d’autres) ont eu la chance de mener leur vie selon leurs désirs, il n’en était pas de même pour tous.

    Loin des avenirs tout tracés par une tradition familiale ou par l’accès à un ascenseur social efficace, nombreux sont ceux qui ont accepté le premier emploi venu.
    Faute de réaliser leurs souhaits, ils ont eu l’opportunité de trouver une situation qui leur a permis de subvenir à leurs besoins vitaux. Cela ne leur pas forcément permis d’exprimer leurs talents et de réaliser leur vocation.
    Mais de tout temps il en fut de même. Et la situation actuelle risque fort d’aggraver cet état.

    Contrairement à ce que pensent et déclarent certains nantis, on est rarement chômeur par vocation.

  2. grené christian

    Bien vu .J.M. et J.J. Je me joins à vous dans vos réflexions et j’y ajoute le C. de mon prénom. Ainsi, les J.M.J.J.C. remplaceront les anciennes M.J.C. qui étaient un point de ralliement pour la jeunesse. Autrement plus sympa que pôle emploi, quand ce n’est pas l’univers carcéral où d’aucuns se pressent pour ne pas se retrouver sur la paille sous les ponts. Ouais! les jeunes sont à plaindre,

  3. Laure Garralaga Lataste

    Merci Christian pour ce rappel… « M.J.C. », « les » M.J.C.… comme on disait à l’époque !
    Je m’inscris avec ce qu’exprime le premier paragraphe de J.J en y ajoutant ce commentaire :  » c’était déjà bien d’accepter le premier emploi venu…  » car ils sont nombreux à avoir pu prendre ainsi « l’ascenseur social » : l’apprenti devenant patron, l’instituteur devenant professeur.…
    Ma génération a connu les horreurs de la 2e guerre mondiale mais, après la victoire, elle a aussi connu les avantages de la reconstruction matérielle du pays. En sera-t-il de même après cette pandémie ? Peut être pas car le Covid ne détruit pas les monuments, immeubles et maisons mais il s’attaque à notre intelligence, à notre patience .

    1. J.J.

      L’humanité a jusqu’alors toujours survécu aux grandes catastrophes, qu’elle soient sanitaires : peste noire au moyen âge et même plus tard, guerres , tremblements de terre, etc.
      On reconstruit, l’économie, l’économie repart : nous avons vécu ça dans l’après guerre, avec le pays détruit et les restrictions en tout genre.
      Mais certains cataclysmes ou des maladies contagieuse ont aussi mis fin à des civilisations.
      Espérons que ce ne sera pas le cas.

  4. Bruno DE LA ROCQUE

    J’avais écrit un commentaire qu’une mauvaise frappe de ma part a… fait disparaître. Et là, il n’y a pas de fichier temporaire à repêcher. J’y reviendrai peut-être, mais là, je suis un peu découragé.

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