Plus que jamais dans tous les discours, actes de communication, annonces et décisions prises par le gouvernement pour tenter d’endiguer le retour de la contamination collective au COVD-19 il manque un mot essentiel : citoyenneté. Plus que des débats sur l’efficacité des matériels de protection, les arrêtés suspectés d’être privatifs de la liberté individuelle, sur la dangerosité du virus il serait nécessaire, voire essentiel que l’on remette les droits et les devoirs de chacun dans le cadre général d’une crise qui risque durer encore des mois voire des années.
Depuis bientôt un an, l’évidente faiblesse de notre engagement individuel au service de l’intérêt collectif est apparu comme très faible. La France contrairement à bien d’autres pays européens a perdu les notions de responsabilité, d’autonomie et de solidarité. Une société ayant perdu ses repères républicains est devenue pour une part, inexorablement irrationnelle, irresponsable et indifférente. Tous les symptômes du mal peuvent vite être retrouvés après un simple analyse des comportements.
Désormais on ne réfléchit plus mais on croît ou on ne croît pas !
C’est ainsi que les pires informations circulent entretenues par des personnes essentiellement soucieuses de générer autour de leur personne une aura ou une notoriété flattant leur ego. Pour y parvenir, depuis des mois, ce qui ne peut plus être considéré comme des « informations » circule afin de conforter le positionnement médiatique de celles et ceux qui les portent. S’adressant aux ressorts les plus destructeurs de l’humanité ces messages récupèrent les peurs en profitant de l’appauvrissement « culturel » au sens large.
N’ayant plus de certitudes sur ce qui serait la vérité et donc prêts à rejoindre le camp des « complotistes organisés », des « exploiteurs invétérés » ou des « profiteurs opportunistes » les consommateurs de la vie publique se contentent de protester, de contester, de réclamer et de réfuter. C’est valable dans tous les domaines. Il suffit de tendre l’oreille dans n’importe quel rassemblement ou dans des cercles familiers pour vérifier que l’on juge, on tranche, on exécute sans même essayer de comprendre. Le simplisme des idées a envahit toutes les couches sociales.
Hier soir, je me rends sur un incendie sur lequel interviennent des sapeurs-pompiers volontaires recevant très vite des renforts professionnels de la métropole. Le masque anti-virus offre l’avantage de rendre un peu plus anonyme et donc de pouvoir saisir des propos que l’on ne tient que quand on est certain de ne pas être contredit. Les commentaires allaient bon train sur par exemple le retard des gendarmes qui arrivaient se chiffrant en trente minutes de décalage par rapport au début de l’incendie.
Or pas l’un de ces commentateurs ne sait comment fonctionne actuellement la gendarmerie nationale en charge de sa sécurité. Et, en plus c’étaient des renforts qui arrivaient et la première patrouille était garée à quelques dizaines de mètres en train d’effectuer les constats d’usage. Peu importe ils sont illico accusés de « ne jamais être là quand on a besoin d’eux ! » et de ne pas « être intervenus plus tôt pour contraindre le propriétaire du lieu en train de brûler à débarrasser son bordel ».
Bien évidemment les spectateur.trice.s serrés les uns contre les autres dans ce forum n’avaient pas…de masques tout comme celles et ceux qui s’étaient massés, après avoir arrêté leur automobile le long de la route. Inutile d’expliquer que désormais les brigades de Créon, Langoiran, Targon ne faisaient plus qu’une seule communauté pour défendre un territoire d’environ une bonne vingtaine de kilomètres du Nord au sur et d’Est en Ouest…
Pas plus qu’ils imaginaient que les hommes du feu étaient des Créonnaises et Créonnais volontaires désireux de servir en citoyens conscients l’intérêt général un dimanche soir ! L’incendie n’était pas spontané comme près de 80 % d’entre eux mais dû au non respect de règles élémentaires de prudence et, eux, devaient une réponse rapide, efficace et massive.
Il en va de même pour la pandémie où les caissières, les éboueurs, les travailleurs sociaux, les personnels médicaux ou d’accompagnement social, les chauffeurs routiers ou de transports en commun… et tant d’autres se sont exposés pour souvent pallier les défaillances citoyennes de bien des gens qui ne s’en soucient pas un instant.
De multiples manifestations familiales, amicales, spontanées, illégales témoignent de cet effondrement de la conscience républicaine voulant que la liberté de chacun s’arrête aux limites de celle de l’autre. Il reste à en convaincre toutes celles et tous ceux qui se croient individuellement invincibles et ses soucient absolument pas des conséquences de cette attitude. Et là le vaccin n’est vraiment pas encore prêt ! y’a donc le feu à la République.
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Cet apprentissage de la citoyenneté ne passe-t-il plus par notre école républicaine ?
Et où se situent les piqûres de rappel ?
Tout a fait d’accord Laure, mais il faudrait aussi des médias citoyens.
On est toujours surpris lorsqu’on lit , voit ou entend un reportage sur un sujet qu’on connaît bien, par le tissu de bêtises et d’approximations qu’il contient…
La citoyenneté c’est aussi l’exactitude de l’information, le témoignage de JM est édifiant et typique de l’approche actuelle de l’information (privée ou publique), on parle sans savoir ou pire on sait mais on travestit par intérêt.
Pour avoir été témoin d’un accident de quad , j’ai pu mesurer la qualité de l’information; un journal a publié une photo du lieu de l’accident qui n’avait rien à voir avec le lieu réel, et un autre a supputé la présence d’un animal sur la route ou d’une voiture qui aurait fuit, la vérité est qu’en pleine nuit le conducteur et son passager roulaient sur une petite route où il ne passe personne, sans casque, sans gant, sans papiers, en tee-shirt, avec une alcoolémie qui se sentait à 1 mètre et qu’il a tout simplement raté un virage.
Un fait divers hélas banal, mais qui en dit long sur la façon d’informer.
Alors là, je dis… OUI ! OUI !OUI ! Et je suis bien placée pour dire la même chose sur l’Histoire !
La jeunesse n’apprend pas l’Histoire mais des histoires…
Bonjour Madame !
Mais, voyons, @ LAURE GARRALAGA LATASTE , n’y pensez même pas … à cette école républicaine : le tableau noir avec sa craie (1950-1970), son B-A BA , ses tables de multiplication, sa morale ou son instruction civique, bref tous ces programmes désuets que l’on côtoyait trente heures par semaine ont été rangés aux Archives Nationales grâce à de nombreuses réformes (un instituteur disparu aimait parler de ses 18 ministres pour 17 réformes ! !).
Maintenant, ce sont le tableau électronique et la tablette ou l’ordinateur (moins dangereux par le nez mais attention aux écrans) avec vingt-quatre heures de présence hebdomadaire pour davantage de disciplines que, bien sûr, l’on survole ….en oubliant les bases ! N’omettons pas d’écrire que cela s’est passé et se passe avec l’absolution des parents … qui ont dû souffrir le martyre durant leur scolarité !
Si l’on ajoute à cela le sentiment maintenant bien ancré du « on peut bien ! », on obtient les résultants que J-M nous détaille si bien dans ses feuillets … sans, malheureusement lui aussi, pouvoir apporter l’ombre d’une solution. Rien ne sert de prêcher « la citoyenneté » ou « la laïcité »…en martelant des paroles ostentatoires: les effets sont là !
Après ce demi-siècle ( Mai 1968 et les saucisses grillées dans les salles de l’E.N ), ces abdications successives laissent malheureusement entrevoir le bût à atteindre : réduire un peuple dynamique à l’état de moutons dociles attendant sa ration journalière. Depuis ces six derniers mois, nous voyons éclater les premiers signes d’une réussite qui va monter en puissance.
Mais, chuuut ! Taisons-nous : nous allons froisser nos grands élèves de l’E.N.A. ! !
Pauvre France ! Nos Anciens doivent se retourner en ayant honte de nous.
Respectueusement
Bonjour François,
Tout n’était pas « rose »… Ne nous laissons pas aller à la nostalgie ! Ma langue maternelle étant l’espagnol, je n’ai pas oublier les difficultés rencontrées lors de l’apprentissage du français ! Et je remercie tous les jours ma mère qui me parlait en espagnol et à qui on disait : » ne lui parlez pas espagnol à cette petite, parlez lui français ! » Merci maman de m’avoir permis d’être parfaitement bilingue ! L’apprentissage de cette 2e langue m’a fait « transpirer » mais elle a également forgé en moi une volonté d’acier. Voilà ce qui manque aujourd’hui, LA VOLONTÉ ! On veut tout ! Tout de suite ! Et surtout sans faire le moindre effort.
Votre avis ?
Cordialement
Vous êtes dans le vrai … sauf que La VOLONTÉ existe dans le « On veut tout ! Tout de suite ! Et surtout sans le moindre effort ». C’est effectivement évident et … encouragé pour faciliter l’abêtissement du jeune peuple.
Petite démonstration : quand l’instituteur-rice (1), personnage sérieux et RESPECTE écrivait au tableau un énoncé de problème dans une calligraphie digne d’un artiste de renom, l’élève apprenait, par la simple vue, la beauté du travail bien fait et devait recopier (« Proprement ! » disait le maître) : premier exercice de travail correct. Ensuite venait la solution avec méthode, mise en page et résultat …si possible juste : deuxième exercice d’organisation et de réalisation du travail. Enfin, dans la marge, apparaissaient la notation et l’appréciation : dernier « exercice » de récompense, similaire au salaire. Remarquez que le tout s’était passé « à l’insu de leur plein gré » comme disait une célébrité, même si, parfois, quelques encouragements …. ! ! !
Maintenant, vous voyez défiler des ramettes d’exercices à trous à compléter parfois de simples croix, parfois par des mots écrits hors cadre, voire des termes à rayer … sans règle ! Résultat : mon fils, professeur en collège ( 6ème-3ème ! ) voit arriver des devoirs à corriger que vous n’auriez même pas eu la simple idée de remettre à votre instituteur ! Non seulement, l’exercice est peu gratifiant en joies de la réussite, mais devient extrêmement pénible quand le professeur doit chercher …un stage pour ses élèves !
Quant à votre seconde langue … qui semble être la première, je vous félicite sincèrement …en mettant un bémol ( thèse, antithèse….!) : bien que votre origine latine vous facilite la tâche, dans un bût de parfaite intégration au pays (mais je suis sûr que vous l’avez réussie !), merci d’utiliser cette langue à bon escient ou en privé. Pourquoi ? Mon loisir dominical me conduit sur toutes les brocantes et vide-greniers de la Gironde voire plus … n’en déplaise à notre préfète et ses mesures absurdes. Là, plongé dans ma recherche laborieuse, je ne peux point réfréner un sursaut quand une langue …exotique est pratiquée par des personnes désirant s’insérer dans ce pays ! Il est impossible de donner du crédit à tous ceux qui ne font pas le premier effort de parler la langue du pays d’accueil ! A bon entendeur …
Madame, en m’excusant d’être un peu long, j’espère que vous trouverez ici mon avis de simple papy citoyen qui, sans aucune nosstalgie, « a mal pour son pays » !
Respectueusement.
( 1) : à l’intention de notre hôte pour sa façon de détruire notre belle langue.
François @ Cette décrépitude a été accentuée par la suppression bien programmée des Écoles Normales, devenues IUFM et je ne sais plus quoi( je suis has been sur le sujet). Les locaux de l’École Normale de la Charente dernier bastion de la formation des maîtres, a d’ailleurs été probablement cédée par le Conseil Départemental, géré par une majorité de droite, à un lycée privé british pour rupins : UWC. Je ne sais pas d’ailleurs où en est l’affaire : prudent silence radio dans la presse.
« Les commentaires allaient bon train sur par exemple le retard des gendarmes qui arrivaient se chiffrant en trente minutes de décalage par rapport au début de l’incendie. »
Ça c’est c’est une constante historique : dans l’opéra bouffe « les Brigands » d’Offenbach( 1869), on trouve le monologue du capitaine des carabiniers :
« Nous sommes les carabiniers,
La sécurité des foyers.
Mais par un malheureux hasard,
Nous arrivons toujours trop tard. »
D’où l’expression : arriver comme les carabiniers.
Quant à la chanson « le marché de Brive la Gaillarde » de Brassens, elle est loin de faire partie de mes préférées.
J’étais fière d’être institutrice ! Voilà un mot désuet qui a définitivement disparu, remplacé par celui de… Professeur des écoles !
Mes excuses : Je n’ai pas oublié…