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Le Confinavirus (1) : changement de la tonalité présidentielle

Le premier tour des municipales aura bien lieu… puisque toutes les précautions seront prises pour que l’électrice et l’électeur ne soient pas contaminés. Des précautions possibles ce jour là mais qui sont impossibles les autres jours. Pas facile d’avoir confiance tellement les affirmations croisées finissent par rendre la compréhension d’une stratégie particulièrement délicate.

Les écarts entre les lieux, les circonstances, les priorités et les déclarations relèvent de la dialectique mais pas d’une grande logique. Le Covid-19 a pourtant eu l’énorme avantage de redonner le sens des réalités à Président l’ayant perdu depuis longtemps.

Le système français de la solidarité prôné par la Conseil national de la résistance en temps de guerre retrouve de son intérêt. Bref cette sécurité sociale qu’il fallait sans cesse étrangler, ces cotisations sociales forcément trop élevées, ces hôpitaux qu’il était indispensable de dégraisser ont été réhabilités, loués, portés aux nues alors qu’ils étaient ignorés, méprisés et abandonnés il y a encore un mois.

« Les contestataires jamais satisfaits » sont devenus des «héros en blouse blanche » mais il a aussi évoqué la nécessité de reprendre le contrôle de services «qui doivent être en dehors des lois du marché ». A l’heure d’une réforme de l’hôpital qui a suscité une grève qui, la semaine prochaine, entrera dans sa seconde année,  pas sûr que le message soit reçu par des professionnels de santé en voie de saturation durable. Il faudra attendre encore quelques mois pour savoir si c’est un propos de circonstance ou une vraie inflexion de la politique constante de privatisation.

Outre les moyens matériels le Président a tourné enfin le regard vers les plus « vulnérables ». Par exemple La trêve hivernale pour les expulsions est donc «reportée de deux mois» et une attention particulière sera portée aux SDF. «Cette épreuve exige aussi une mobilisation sociale envers les plus démunis», a justifié le président de la République. Il faudra vraiment réadapter tous les services de l’État à une nouvelle logique surtout en l’absence de moyens dont ils sont victimes.

Toute la déclaration a été marquée par une décision sous-jacente : l’abandon des sacro-saints principes ayant conduit Bercy à fragiliser le système public national. Le déficit va se creuser à une allure vertigineuse d’autant que la croissance ne constituera plus l’espoir suprême de retour à l’équilibre. Tous les budgets votés n’ont plus aucune valeur compte-tenu des mesures actuellement prises.

Tous les hôpitaux publics affichent par exemple des déficits de fonctionnement considérables. On leur a promis de prendre en charge à ce titre leurs dettes puis Bercy a mis le haut-là en étalant cette annonce sur une nombre d’années considérables la rendant inutile. Il va donc falloir effectuer un véritable tête-à-queue idéologique en un laps de temps très court.

Or on sait que la résistance au changement est telle dans le centre réel du pouvoir qu’il faudra des mois et des mois avant que des mesures concrètes puissent être prises et traduites dans les faits. Les dégâts sont tels que l’on ne peut pas croire dans une période courte de reconstruction ! Le Président aura bien du mal dans les jours à venir à masquer les difficultés que sa politique à fait naître.

Ça fait des années que les élus locaux s’égosillent à rappeler que le système des appels au 15 est dépassé par la pression de services sollicités par les habitant.e.s. Ça fait des années que le système de secours aux personnes est aux abois devant les demandes croissantes de la population. Ça fait des années que personnellement je tente d’alerter sur les conséquences d’une conjonction d’événements graves. Nous voici au pied du mur avec la nécessité d’un plan Orsec sanitaire avec toutes ses conséquences matérielles, humaines, financières… et dont on va vite découvrir les limites!

Le Président de la République a été à la hauteur de la situation car il a su faire preuve de pragmatisme et a effectué une vraie remise en cause de sa politique. Le vrai problème c’est que tous ses discours antérieurs résonnent avec une toute autre tonalité. Il a pris sous la pression d’une crise majeure, le contre-pied des principes portés par son gouvernement depuis des mois.

La déclaration relève de la mutation vers un virus de gauche : « Il nous faudra demain tirer les leçons du moment que nous traversons, interroger le modèle de développement dans lequel s’est engagé notre monde depuis des décennies et qui dévoile ses failles au grand jour, interroger les faiblesses de nos démocraties. Ce que révèle d’ores et déjà cette pandémie, c’est que la santé gratuite sans condition de revenu, de parcours ou de profession, notre Etat-providence ne sont pas des coûts ou des charges mais des biens précieux, des atouts indispensables quand le destin frappe. Ce que révèle cette pandémie, c’est qu’il est des biens et des services qui doivent être placés en dehors des lois du marché. Déléguer notre alimentation, notre protection, notre capacité à soigner notre cadre de vie au fond à d’autres est une folie. Nous devons en reprendre le contrôle, construire plus encore que nous ne le faisons déjà une France, une Europe souveraine, une France et une Europe qui tiennent fermement leur destin en main. Les prochaines semaines et les prochains mois nécessiteront des décisions de rupture en ce sens. Je les assumerai.  » Dont acte!

Appel à l’esprit citoyen et plus à la consommation salvatrice ; prise de conscience du nationalisme omniprésent dans une Europe sans unité et sans humanité ; louange à l’égard du service public de santé pourtant réputé dispendieux et peu efficace ; mise en avant de la solidarité nationale et notamment de la sécurité sociale indispensable pour tenter équitablement de lutter contre un mal commun ; déplafonnement des dépenses de l’État alors qu’il muselle par tous les moyens celles de collectivités appelées à la rescousse….On a cru à une mutation profonde des idées!

C’était un discours de haut niveau pour un Président devenu brutalement conscient que l’ultra-libéralisme mondialisé ne répondrait pas aux valeurs fondatrices d’une humanité en détresse. Est-ce durable ? Même si rien ne doit être négligé dans ce domaine le règne de l’économie débridée sur le monde est bel et bien déboussolé.

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Cet article a 6 commentaires

  1. Puyo Martine

    Bonjour Jean Marie,
    Vous avez bien analysé le discours de Monsieur le Président de la République. Espérons qu’il tiendra parole, que sa prise de conscience perdure dans le temps. Solidarité, oui à tous les niveaux.
    J’espère que cette « pandémie » ne sera pas aussi grave qu’annoncée et que les mesures prises soient aussi efficace que possible.
    en attendant je vais rester confinée à la maison, ne sortant que si nécessaire, profitant de belles journées pour m’occuper du jardin et commandant des livres par internet lorsque je manquerai de lecture.
    Je continuerai à vous lire, ça fait un bien fou.
    Bonne journée, toute mes amitiés.

  2. Cazeaux

    Oui, les mots sont bien, mais j’ai l’impression qu’il colle tous les efforts sur le dos des citoyens . Même un appel aux retraités de la santé.

  3. faconjf

    Bonjour,
    la tonalité présidentielle a changé ( ?????), pensez vous que l’ADN du bankster méprisant a muté , non vraiment ? La mutation sur les 40 dernières années de notre économie a transformé celle-ci d’une économie de production en une économie de services. Ainsi en 2015, le secteur tertiaire occupait 76,7 % de la population active, tandis que le secteur primaire (agriculture, pêche, etc.) n’en représentait plus que 2,8 %, et le secteur secondaire (essentiellement l’industrie) 20,5 %. La différence entre une économie de production et une économie de service c’est que la première peut s’arrêter quelques temps puis redémarrer, ce que ne peut pas faire une économie de service. Pour simplifier une économie de production c’est un véhicule à 4 roues stable en marche et aussi à l’arrêt. Une économie de service c’est un deux roues sa stabilité réside dans son mouvement dès que sa vitesse est trop faible elle tombe!!
    Notre société doit donc garder un minimum de vitesse pour ne pas tomber, pas comme la Chine qui va pouvoir redémarrer ses usines sans plus de dégâts. L’objectif des banksters et du premier d’entre eux c’est de maintenir coûte que coûte l’activité du pays et la réaction de la bourse l’a bien identifié.
    Hier, le verdict du Prince : les écoles vont fermer mais les élections municipales seront maintenues. Pour le reste, du bla-bla, et aucune mesure concrète à même d’aider nos dévoués soignants à faire face à la tâche immense qui les attend. L’incohérence et l’irresponsabilité dominent plus que jamais au plus haut sommet de l’Etat.
    Le méprisant a confirmé la tenue des élections municipales pour les deux dimanches à venir. Si la situation nécessite la fermeture des écoles, si donc le virus circule largement, la tenue des municipales est elle aussi irresponsable. Imaginez : 60 % de participation (ce qui serait le plus faible taux de participation pour une élection municipale sous la 5e République) conduirait à ce que 25 millions de personnes se retrouvent ce week-end dans les bureaux de vote. Comment le méprisant peut-il alors prétendre vouloir « protéger les plus fragiles » et « freiner l’épidémie » en créant lui-même les conditions de sa propagation ?
    Autre point important découlant de la tenue des municipales, partout dans le pays de nouvelles équipes municipales vont donc être installées dans 10 jours (quand l’épidémie sera plus avancée encore qu’aujourd’hui). Il leur faudra, et c’est bien naturel, plusieurs semaines pour s’installer dans leurs responsabilités. Or c’est précisément à ce moment que l’on aurait besoin d’une cohérence d’action et d’une efficacité dans la tâche. L’argument de la « continuité de la vie démocratique » tel qu’évoqué par le marquis poudré ( surtout ses narines!!) est un argument vide et creux. Il masque mal que le maintien des municipales répond avant tout aux petits arrangements en vase clos entre chefs à plumes qui privilégient les intérêts supérieurs des partis à la santé publique des Français.
    L’ecclésiastique ahuri de la religion néolibérale Macron qui dit : “Nous devons nous interroger demain sur les faiblesses de notre République ! Nous devons parler du système dans lequel nous sommes depuis des années. Il y a des biens et des services qui doivent être placés en dehors des marchés.” »
    Qui peut encore être assez naïf pour avaler pareilles balivernes d’un ex-trader qui crache dans son verre en jurant comme un alcoolique que plus jamais…
    Dimanche prochain je serais assesseur volontaire au bureau de vote à surveiller le remplissage de l’urne et le dimanche suivant le remplissage des urnes … funéraires ;-)))) .
    Gardons la tête froide ( sauf virus !!) et notre humour, nous en aurons bien besoin.
    Salutations républicaines

  4. De Dietrich

    Faut-il accorder du crédit à de belles annonces à la veille des élections ?
    L’experience nous montre que non et que le démantèlement des acquis initiés par le CNR reste le cœur de sa politique sociale.
    Pour ne prendre qu’un exemple symptomatique, il n’a même pas annoncé le report des nouvelles mesures honteuses applicables aux chômeurs dès le premier avril.
    Le changement de tonalité n’est pas changement de politique.
    Il se prépare plutôt à faire payer aux plus modestes le prix de la crise.

  5. J.J.

    Bien d’accord avec Facon FJ et De Dietrich. C’est un discours de circonstance. Par contre, on perçoit la panique du personnage devant le risque que les mesures iniques et irresponsables, prises vis à vis des services de santé font courir à la population et dont il risque d’être tenu comptable aux yeux du monde, lui et ses acolytes. Un sale coup possible pour son ego.
    J’ai beaucoup apprécié la prestation de Clopinettes (pardon, Jean Michel Blanquer) qui a mangé son chapeau avec beaucoup de désinvolture hier soir sur la « 2 ».

    Il ne faut se faire aucune illusion, la crise passée(et forcément elle passera, les dégâts seront oubliés), tout redeviendra comme avant. Le culte de saint Pognon sera rétablie dans tout sa splendeur, quelles qu’en soient les conséquences.
    Tout autre évolution serait une exception dans l’histoire du monde.
    Plus jamais ça,jusqu’à la prochaine fois…

  6. J.J.

    Ces élections sont elles constitutionnellement conformes ?
    Bien des citoyens, hors les mesures de précaution auto appliquées, qui vont augmenter le nombre d’abstention, il y a les personnes qui ne pourront pas se déplacer : celles qui se trouvent par exemple dans une zone confinée (nommée « cluster » par les non francophones) et qui donc ne peuvent se rendre à un bureau de vote, et sont privées de facto de leur statut de CITOYEN.
    Et les personnes hospitalisées ?
    Quant à la collecte des bulletins de vote dans les EPHAD, n’est-ce pas la porte ouverte à de douteuses manœuvres ?

    Je me demande à quoi pensent toutes ces têtes pensantes, ou alors ils pensent trop.
    Des recours nombreux pour l’ annulation de ces élections et leurs risque inutiles ne m’étonneraient pas.

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