Le dimanche en été est un jour qui devient ordinaire dans le contexte où chaque jour permet de ne pas connaître les contraintes du travail. Le fameux repos dominical perd tout son sens puisqu’il s’applique à toute la semaine de vacances. Il devient donc important de le distinguer en choisissant une activité ou une sortie hors du commun.
Se faire un restaurant en famille, avec des parents plus ou moins éloignés ou des ami.e.s perdu.e.s de vue? Aller dans un lieu particulier pour une découverte impossible en temps normal ? Tenter le pique-nique aussi ? Partir à la pêche dont on a oublié tous les secrets ? Bref il est essentiel de sortir d’une manière ou d’une autre ce dimanche banalisé du quotidien estival.
Le choix de la sortie demande parfois une longue étude collective parfois agitée car le consensus est délicat à y trouver. La distance à parcourir avec ses bouchons putatifs ; les horaires à respecter et l’intérêt de l’initiative finissant par mettre tout le monde d’accord. En fait il suffit d’avoir une bonne envie d’ailleurs pour trouver son bonheur !
Pour ma part je reste un fan des brocantes car elles offrent de multiples pistes pour s’évader du présent quel qu’il soit et elles offrent un retour salutaire sur son passé. Si elles justifient par la qualité des exposant.e.s leur nom d’appel, ces manifestations constituent souvent le reflet des modes de vie du siècle antérieur.
En s’y promenant sans vraiment aucune intention d’achat on redonne un sens à cette nostalgie qui nous habite tou.te.s. Flâner d’un stand à l’autre avec simplement le regard comme compagnon de route ; s’arrêter sur un objet dont on connaît l’usage donne une vraie supériorité sur tout le reste des badauds. L’âge confère dans ce domaine un atout considérable même s’il arrive parfois que l’on sèche devant un outil ou un appareil.
Le périple permet cependant de se persuader que la modernité n’est que factice puisqu’elle ne résiste pas au temps qui passe et surtout à déshumanisation des techniques. Un rabot, une équerre, un robinet en bois, une lampe Pigeon, une carte d’un France de plaines et de montagnes, un encrier, des casseroles joufflues en terre cuite, des assiettes contant des aventures épiques ou des religiosités oubliées, des appareils photos Kodak, une faux, un coupe-choux, une chaise droite en bois pour bébé, une vielle machine à écrire, une boîte avec le sourire de Banania, un pichet logotisé Ricard ou berger, des livres de classe, un saloir à jambons… autant d’autres objets désormais inanimés ayant gardé leur âme qui interpellent celui qui a quelques décennies derrière lui.
Se contenter de leur redonner par ses propres souvenirs le rôle qu’on leur a connu a quelque chose de réjouissant. Inutile de les acheter ! J’adore pour ma part les photographier pour constituer un album éphémère constitués d’autant de morceaux d’un puzzle mémoriel qui a le pouvoir magique de me rajeunir.
Exposés ces objets ont perdu leur superbe. Polis, repeints, dépoussiérés ou simplement lavés ils contrastent avec le tout-venant entassé, entouré de papier journal, dans des caisses ou déposé rouillés, abîmés ou inutilisables posés à même le sol comme autant d’accidentés de la vie ou de cadavres oubliés. Ils attendent un miracle pour qu’une main secourable se penchent sur eux pour leur redonner un maigre espoir d’être sortis de leur tombeau ! Leur linceul de poussière décourage parfois les mains susceptibles de les sortir de cet anonymat. Il y a quelque chose d’émouvant dans cette quête vaine de résurrection…
La trouvaille aussi réchauffe le cœur du patient cherchant dans une pile anonyme des écrits originaux, des clichés uniques par leur naturel, le dessin ou la gravure inespérée. La découverte de ce monde oublié se rattachant à un objet offre de grandes joies qu’il faut tempérer pour ne pas aiguiser les appétits mercantiles du vendeur. Un porte-plume avec un trou dans le manche permettant de découvrir un paysage ou un personnage ; une voiture Dinky Toys même écaillée ; un microsillon du siècle dernier ; un livre dans son édition originale : ces trésors n’ont une valeur que pour les acheteurs pouvant effectuer un lien avec leur importance émotionnelles pour eux.
Bien entendu un dimanche n’a plus grand intérêt quand le voyage dans le passé n’a pas le support indispensable pour aiguiser les souvenirs. Un « vulgaire » vide-greniers avec des tonnes de vêtements ou un salon des antiquaires n’apportent vraiment pas les mêmes satisfactions. La brocante authentique porteuse d’émotions fortes se touche avec les yeux. Elle ne nécessite pas nécessairement des sommes folles.
En effet, si le prix de ce que l’on désire est trop élevé on entre dans un autre registre. Il n’y a pas de meilleure réussite que celle de dénicher une « madeleine » totalement inutile mais touchante à un euro dans un improbable bric-à-brac dominical !
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Bonsoir,
Ces objets ont appartenu à des générations anciennes. De génération en génération s’est perpétué des souvenirs lors de réunions familiales.
Il m’est arrivée de chiner dans ces vides greniers où les exposants offraient de magnifiques services à vaisselle. Comment ces exposants ont ils pu s’approprier tout ça ?