La croissance de la consommation de produits bio, + 15,7 % en un an, a bénéficié pleinement l’agriculture française qui lentement évolue vers une culture différenciée. Avec 6 600 nouvelles notifications et 1 600 arrêts de certification (- 3 % surtout liés à des départs en retraite) jamais notre pays n’avait été autant préoccupé par cette nouvelle méthode culturale.
Il faut aussi constater que la part des importations de productions majoritairement venues des pays « chauds » lais aussi en charcuterie et en crustacés ou poissons est parfaitement stabilisée à 31 % des ventes réalisées. On en arrive à un montant du marché approchant les 10 milliards d’€ soit 5 % des achats alimentaires. Bien évidemment la grande distribution reste le leader dans ce secteur ( près de 50 %) devant les magasins bios (34 %). Il est dommage que seulement 12 % des venets soient réalisés en vente directe. Les marché spécialisés fleurissent et les AMAP progressent mais nous sommes encore très éloignés des potentiels existants. Il semble que pourtant il manque de denrées certifiés puisque avec 319 millions d’€ d’achats hors taxes (hausse de 28 %) la restauration collective entre de plus en plus dans les achats massifs.
La production repose sur 4 932 nouvelles exploitations notifiées à l’Agence bio, contre 4 425 et 3 382 respectivement en 2017 et 2016, le nombre de fermes bio a atteint 41 623 fin 2018, soit une hausse de 13 % en un an . Désormais 9,5 % des fermes françaises portent 14,3 % des emplois agricoles (chefs d’exploitation et de salariés permanents) mais moins de salariés temporaires que les exploitations traditionnelles. Ce secteur est créateur d’emplois et de revenus convenables.
Les surfaces conduites en bio, certifiées ou en conversion, dépassent désormais les deux millions d’hectares, dont 500 000 ha n’ont pas achevé leur période de conversion de 3 ans. La part de la surface agricole utilisée pour ces productions bio a ainsi gagné un point (c’est considérable) depuis 2017 pour atteindre 7,5 % de l’ensemble des cultures. Elles se répartissent de manière très diversifiée. En tête on trouve la production de fruits avec plus de 23 % des terres quand on atteint seulement 10 % pour les surfaces fourragères. Peu touchées jusque là les grandes cultures poursuivent et accélèrent leur expansion avec une hausse jamais vue de 31 % en un an, portant le total à 4,3 % des surfaces françaises de grandes cultures. Le maraîchage n’est pas encore assez développé.
En revanche la meilleure nouvelle concerne la viticulture. Avec 12% du vignoble français en bio (94.020 hectares) en 2018 on note un bon de + 12 %. Pour encourager les vignerons a se débarrasser des produits phytosanitaires la filière un label CAB (conversion agriculture biologique) a été créé pour couvrir la période de conversion de trois ans. C’est une avancée intéressante ! Le logo qui sera attribué autorisera le viticulteur engagé dans le processus bio à vendre son vin un petit peu plus cher que du vin non bio pendant la transition. On espère 14.000 nouveaux hectares de vigne en conversion en 2019 !
D’après l’agence bio le secteur animal progresse aussi pour sa part très vite : les poules pondeuses sont la principale production bio (13 % du cheptel est certifié ou en conversion), suivies par les brebis laitières (10,81 %) et les chèvres (9,09 %). Côté bovin, 6,15 % du cheptel laitier est bio et près de 5 % du cheptel allaitant. Le poulet de chair n’affiche que 1,60 % en bio. Avec seulement 1,3 % du cheptel de truies en bio et vu la demande en charcuterie bio, l’importation de jambon ou de porc bio reste beaucoup trop importante sans que parfois il y ait des certitudes sur les contrôles…
La croissance de la production bio est beaucoup plus élevée en Espagne et en Italie. La France se classe juste derrière eux et commence vraiment à se rapprocher de la tête qu’elle pourrait prendre dans quelques années. Bien évidemment il existe une polémique sur les équilibres écologiques liés aux méthodes de culture. En effet comme la demande ne cesse d’augmenter l’utilisation de serres se développe. Or si les substrats sont de qualité le chauffage constitue un lourd handicap ! Or le risque d’importations massives est bien réel. Il faut sans doute poser des limites raisonnables, en autorisant à chauffer doucement les serres en tout début de saison car autrement les importations en provenance de Belgique, des Pays-Bas vont étouffer la production française dans certains secteurs. On construit en effet des équipements de ce style en quantité quand dans les pays du sud ce sont les Chinois qui achète des milliers d’hectares de serres sans trop se soucier de la qualité des productions. Un changement profond s’amorce et il ne s’arrêtera pas ! J’en suis désormais certain.
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Toujours oiseau de mauvaise augure, je crains que les grands groupes financiers, la grande distribution et autres margoulins institutionnels ne mettent la main sur ce qui semble une bonne orientation, et qui dans certains secteurs est en train de leur échapper.
Que de beaux profits à faire sur le dos des consommateurs et des producteurs !
D’autre part, la qualification « BIO », c’est une bonne chose, mais est-ce vraiment aussi pur qu’on veut bien nous l’affirmer ?
Les saloperies qui tombent du ciel, produites par le transport aérien, la pollution générée par le trafic terrestre, les traitements phyto » des voisins etc.., les productions bio en sont elles protégées, par une frontière aussi sûre que celle qui nous protégea des retombées de Tchernobyl ?
Sans compter les charlatans qui prônent des procédés parfaitement irrationnels, tenant de la pensée magique et non de la science, et qui font perdre une certaine crédibilité à cette évolution..
Une fois de plus, je suis entièrement d’accord avec le commentaire de J.J. En tant qu’ancien Chercheur à l’INRA de Bordeaux, je souhaite apporter mon avis sur le sujet de ce blog très à la mode car on oublie de dire certaine choses qui fâchent.
Il est utile de rappeler que l’accident de Tchernobyl en 1986 a eu des conséquences sur l’environnement et la santé pour très très longtemps. les retombées radioactives de cet accident a entraîné la contamination des végétaux, notamment des plantes cultivées, pour une durée inconnue à ce jour.Tous les pays de l’Est Européen sont concernés. En France, c’est principalement l’Est du pays qui reçoit encore les dépôts radioactifs, beaucoup plus faibles, mais très variables en fonction de l’importance des pluies.
C’est ainsi que dans toutes les zones contaminées, tous les sols utilisés pour l’agriculture contiennent des résidus radioactifs en plus ou moins grande quantité. Ceux-ci sont alors absorbés par les cultures puis transférés dans les denrées alimentaires et ensuite aux animaux et à l’homme. Il faut donc faire très attention aux cultures légumières importées de ces pays ?
Un autre sujet que j’ai bien connu au cours de ma carrière est celui de la toxicité du cuivre, pesticide le plus efficace et le plus utilisé en agriculture et viticulture Bio. Le plus inquiétant, ce sont ses dégâts irréversibles à long terme sur les sols, à plusieurs décennies voire l’éternité après épandage. En viticulture, c’est encore plus grave. La toxicité du cuivre est due à son accumulation. Ce métal lourd est indestructible et s’accumule dans les sols pour l’éternité comme le plomb, le mercure et le cadmium. L’INRA a beaucoup travaillé et publié sur ce sujet. Ainsi, le cuivre, unique fongicide admis en agriculture et viticulture biologique va poser d’énormes problèmes dans un avenir plus proche qu’on ne le pense. Autre effet indésirable du cuivre sur les arôme du cépage Sauvignon blanc gravement altérés. Des études faites pat l’INRA de Bordeaux et la Faculté d’Oenologie de l’Université de Bordeaux l’on scientifiquement démontré ( je suis cosignataire de cette publication scientifique) On peut donc regretter de ne voir presque personne du côté des associations écologistes s’élever contre cette pollution persistante, bien plus importante que celle d’autres pesticides de synthèse tant décriées…
Que faire alors pour bien manger, y aurait il une solution pour la continuité de la filière vin. Les marchés étant au point mort après les dégâts du gel et de la grêle.
Alors que faire ?
Bonjour !
Oui, @ J.J. et Yvon Bugaret, moi aussi, j’approuve vos commentaires ainsi que la chronique de J-M même si celle-ci prête à sourire avec ses pourcentages en progression fulgurante …à un chiffre et quelques incohérences par exemple « Avec 12% du vignoble français en bio (94.020 hectares) en 2018 on note un bon de + 12 %. » Ton propos doit entraîner des sourires du côté de Targon- Soulignac où un vignoble est en bio ….depuis 1963 ! Et ce n’était pas un précurseur puisqu’il s’appuyait sur des observations ! Là aussi, on réinvente l’eau tiède et le fil à couper le beurre.
Toutefois, @ Yvon Bugaret, votre propos de chercheur laisse entendre que la découverte de la toxicité du cuivre en sol viticole est récente alors que celle-ci était déjà dans les fiches de pédologie en 1950-1960 d’une célèbre école viticole du Sud-Gironde, preuve que la recherche n’a guère trouvé de solution à l’épineux problème ! A moins que là aussi, les lobbies …. !
Il est vrai qu’en tant que chercheur,concernant la flavescence dorée, la collégialité s’est montrée plus efficace dans la moquerie que dans l’efficacité pour éradiquer la bête (voir une réunion à St Emillion) copiant leurs collègues de l’époque du ….doryphore ! A moins que, là aussi, les lobbies …. !
Tout comme pour un célèbre herbicide pour lequel les Services (dépendant de l’INRA) ont accordé des A.M.M. en viticulture à la dose de 18 l/ha alors que , déjà, en 1958, on connaissait des méthodes de réduction de doses/ha par de bonnes pratiques de préparations et d’épandage des produits phytos (paroles d’un ingénieur agro issu de l’école de Purpan) qui, alors que le prix départ a été divisé par 4, appliquées maintenant, permettent de ne pas dépasser les 2 l/ha ! A moins que , là aussi, les lobbies …. !
Je peux aussi vous parler des insecticides contre le ver de la grappe appliqués à 8 jours de la récolte …sur conseils de vos élèves, les conseillers commerciaux agricoles (coop ou privé) SANS LA MOINDRE OBSERVATION de présence ou dégats (Daubèze 1998). A moins que, là aussi, les lobbies … !
Quant aux effets néfastes du cuivre sur les parfums du vin, ce n’est pas un ancien praticien qui vous démentira. Il reconnaîtra simplement que si la bassine de cuivre a rendu de fiers services contre les mauvaises odeurs, une application cuprique tardive sur DES cépages aromatiques n’est pas sans risques. Là aussi, il faut revoir les périodes et les doses d’applications ….sans s’occuper des lobbies ! !
Tout ceci pour vous dire que l’INRA et ses publications dans les revues professionnelles devrait oser communiquer avec les associations écologistes RESPONSABLES, qui font de l’information constructive sensée et non celles des bobos c’est-à-dire à tout va contre la chimie car une chimie raisonnée peut être une alliée de l’agriculture et donc de l’économie et de …l’HOMME. Vous prenez bien des traitements médicamenteux quand la maladie s’annonce ou est présente ?
Enfin, vous osez parler du triste épisode de Tchernobil qui me touche particulièrement puisque, comme beaucoup, je connais un couple d’amis lorrains qui se bat contre la saloperie qui a été répandue. Mais, voyons, il me semble que c’est un chercheur dont le nom m’échappe qui a clamé haut et fort que l’on ne risquait rien, que le nuage avait stoppé à la frontière !
Alors question : Doit-on écouter et croire les chercheurs ?
Cordialement
Bonjour !
J-M, rassure-moi ! Est-ce au nom du bio que tu sembles défendre avec ardeur que tu tolères les ronds-points ( anglais ou autres !) du département magnifiquement agrémentés de pieds de vigne chargés de beaux raisins qui se retrouvent systématiquement …grillés en fin de saison estivale par Messieurs Mildiou et Black-rot voire de beaux foyers de flavescence dorée?
Crois-tu apporter ainsi une pierre constructive à l’édifice oenotouristique que…tu subventionnes avec nos deniers ?
Amicalement.
A propos de Tchernobyl, j’ai rencontré un jour (1986, 87 ?)des personnes que je connaissais de longue date, qui m’ont annoncé le décès brutal de leur fils, pilote de chasse de l’escadrille de Strasbourg.
Au cours du vol de reconnaissance quotidien vers le « rideau de Fer », qu’exécutait alors l’escadrille, il avait, sans le savoir bien sûr, les autorités soviétiques n’ayant pas encore déclaré « l’accident », traversé le nuage radioactif.
Donc, pas de décontamination à l’atterrissage, il ne fut probablement pas le seul. Mais on ne nous a certainement pas tout dit.