You are currently viewing Le secours d’urgence aux personnes : histoire de fric !
secours

Le secours d’urgence aux personnes : histoire de fric !

La société actuelle vit selon un principe nouveau : un fait malheureux engendre un flot médiatique générant des réactions en chaîne destinées à aller dans le sens de l’opinion dominante par simple intérêt politicien ! Pas un jour sans qu’une prise de position ou l’annonce d’un réforme ne soit pas issue d’un événement alors que parfois des gens de bonne foi avaient demandé sans aucun écho que les défaillances soient prises en compte. Derrière la douloureuse « affaire » du SAMU de Strasbourg se dissimule par exemple les très graves problèmes rencontrés quotidiennement pas les prompts secours aux personnes.
En fait pour l’opinion dominante ils dépendent en France de deux numéros d’appel : le 15 (Samu) et le 18 (pompiers) dont les liens sont d’une effarante complexité dont la base est strictement financière. Le premier est en effet financé par l’hôpital public sur des fonds sécurité sociale quand le second l’est sur les impôts locaux via surtout les départements (60 %), les intercommunalités et les communes. Les restrictions budgétaires frappent les deux et elles ont donc des répercutions sur leurs modalités de fonctionnement.
Les services d’incendie et de secours sont par vocation dévolus, comme leur nom l’indique, à la protection des biens contre le feu, les aléas climatiques et des personnes lors d’accidents intervenant sur l’espace public. A ce titre un appel au 18 entrant dans ce cadre enclenche automatiquement les secours. Si par la suite il le faut, les pompiers peuvent demander l’intervention du SAMU ou du SMUR après dialogue direct entre eux et les médecins régulateurs. C’est la mission légale et fondamentale du SDIS.
Le départ des ambulances ou des camions de lutte contre les incendies est décidé en quelques minutes par une plate-forme d’appel départementale appelée en langage technique le CTA CODIS qui a une vue globale des moyens sur tout le département. Les personnels qui prennent les appels posent quelques questions indispensables sur le type de situation et surtout sa localisation. Un rapport sera immédiatement dressé sur place (rappelons-le s’il s’agit d’une problème de santé-accidents, malaises  sur une espace public) par les arrivants et une orientation vers le lieu d’hospitalisation sera demandé au 15 selon le constat et les disponibilités de services ! Cette prestation sera gratuite pour le blessé ou le « malade » et n’aura pas d’impact sur l’Assurance maladie car elle est considérée comme une mission de service public !
Le 18 est un service séparé qui dépend pour son organisation, son personnel et ses décisions de la médecine. Sur la plate-forme d’appel on trouve à la fois des médecins hospitaliers et certains de leur collègues venus du secteur de « ville » qui doivent au téléphone décider de l’orientation à donner à un appel d’urgence ! Ils sont aidés par des assistants de régulation médicales (ARM) qui sont les premiers interlocuteurs d’une personne qui joint le Samu. Ils peuvent d’eux-mêmes donner des orientations à l’appelant après un entretien aussi précis que possible : urgence absolue et engagement du véhicule du Samu, urgence relative avec un appel à une ambulance privée, urgence non avérée avec communication des numéros d’appel de SOS Médecins ou du médecin de garde ! Un récent rapport explique que « dans la majorité des cas, la régulation, notamment libérale, se traduit par un simple conseil téléphonique ». Si dans certains cas, le conseil permet de régler la situation, il peut arriver que ce ne soit pas le cas. Le rapport précise qu’il « revient aux ARM notamment, sous la responsabilité du médecin régulateur, d’assurer le suivi et de procéder à une analyse immédiate des degrés d’urgence de l’état des appelants et de transmettre les informations au médecin régulateur ». Naomi Musenga n’a pas pu parler au médecin car l’opératrice avait raccroché. Un problème souligné par le rapport, qui explique que la liaison entre le modérateur et le médecin urgentiste n’est ni automatique ni systématique. L’ARM est le seul juge de la gravité du cas et il n’y a « pas nécessairement de colloque singulier avec un médecin régulateur, des indications pouvant être fournies par les ARM », poursuit le rapport.
Le 15 ne traite rappelons-le que les appels émanant d’une personne à son domicile ou dans un lieu privé et il est le seul juge de la notion d’urgence dans ce cadre ! Si l’appel arrive au 18 il est transféré vers le 15 qui décide… de le renvoyer vers le 18 ! En effet dans le cas d’une urgence jugée avérée à domicile le régulateur peut en effet choisir de mobiliser les sapeurs-pompiers et donc engager de fait l’hôpital à régler le déplacement du véhicule de secours ! Dans une situation médicale où il a un doute et s’il juge que le cas n’est pas d’une urgence vitale il tente de trouver une ambulance privée (rare)… et comme il n’y en a pas de disponible rapidement il transfère son appel sur les sapeurs-pompiers après « constat de  carence »…et normalement la sécurité sociale doit rembourser le SDIS. Sauf que dans 40 % des cas l’hôpital refuse ensuite de payer la décision de l’ARM ! On économise sur la sécurité sociale mais on transfère ainsi la dépense vers les collectivités locales !
En Gironde ce sont ainsi 65 000 sorties de secours à personne (dont près de 50 000 environ décidées par le SAMU) qui sont reportées sur les pompiers avec des jours où plusieurs dizaines de véhicules sortant dans le même laps de temps ! Çà ne cesse d’augmenter (+ 8 % par an) avec des missions ne relevant pas de l’urgence médicale (relevage de personnes âgées, petites blessures sportives, différends familiaux, alcoolisme domestique…) mais que personne ne veut ou ne peut traiter et surtout pas le 15… Ce système est à bout de souffle absurde et de plus en plus dangereux mais subsiste car il se justifie que par un jeu de dupes sur les économies faites au détriment des secours et au prix d’erreurs multiples pas toutes médiatisées ! Mais les élus locaux ferment les yeux sur les difficultés des SDIS et les hôpitaux financièrement exsangues tentent de s’adapter à des millions d’appels plus ou moins justifiés et à des urgences dépassées !

Ce champ est nécessaire.

En savoir plus sur Roue Libre - Le blog de Jean-Marie Darmian

Subscribe to get the latest posts sent to your email.

Cet article a 10 commentaires

  1. bernadette

    En France il n’y a pas de prévention.
    Je pensais que le 15 avait des médecins pour répondre au Téléphone. Non c’est une plate forme téléphonique qui sert de relais.
    Franchement le cas de Naomi en est un parmi d’autres où l’enquête juridique va déterminer les causes du fonctionnement du centre d’appels.

  2. bernadette

    Le 15 est un centre d’appel qui opère selon le marché public passé pour l’hôpital.
    C’est un problème de fric, c’est surtout un problème de régulation du fonctionnement des services hospitaliers qui ne datent pas d’aujourd’hui
    Franchement en France, on est mal soigné parce que la prise en charge du malade existe quantitativement mais pas qualitativement.
    Est ce que les élus locaux peuvent intervenir sur l’offre de soins qualitatif ?

  3. JJ Lalanne

    Dire que le cas de Naomi est malheureux n’ est pas le mot juste ce serait plutôt le terme de scandaleux qui conviendrait. Les dysfonctionnements ne sont pas si rares, ne sont pas obligatoirement causés par des problèmes de budget et si les « responsables » du 15 et du SDIS étaient plus proches de la base, ils seraient plus réactifs. A titre personnel, quand suite à un appel au 15 j’ attend 3 heures avec un œil devenu pratiquement aveugle et 25 de tension alors même que j’ ai un gros anévrisme à l’aorte ascendante ou quand suite à un accident les « pompiers » mettent plus d’ une heure et demie pour faire une dizaine de kilomètres à 3h du matin, sans avoir eu à me desincarcérer de mon véhicule ou me « conditionner », quand le supérieur de ces mêmes pompiers a refusé par la suite d’ indiquer où avait eu lieu l’ accident,…on comprend vite que des problèmes comme celui du cas Naomi ne sont pas des problèmes de fric. Dans ces cas, si je suis encore vivant ce n’ est la faute ni du SDIS ni du 15. Ce n’ est pas parce que certains veulent faire de la récupération qu’ il faut se voiler la face. Les actions de JM ou de JL DAVID, sont louables mais, il n’y a pas que… A quand un tee-shirt nous sommes tous Naomi? Et ça serait plus vrai que Charlie.

    1. bernadette

      @Jj lalanne,

      L’hôpital public a fermé des lits, donc des services entiers. Comment avec plus de population en sommes arrivés là ?
      Ce sont les lois de finances successives qui ont vidées l’hôpital de sa fonction de soins à apporter aux patients.

      1. bernadette

        Plan numerique des hopitaux est il reellement adapté à soigner la population ?

  4. Philippe LABANSAT

    On ne peut pas indéfiniment geler les ressources des vilains, de les accabler de taille, de gabelle, de dîme, pendant que leurs seigneurs bénéficient de toutes les indulgences fiscales (et exonérations de contribution aux salaires indirects – sécu, retraite, accident de travail, etc. – abusivement appelés « charges »), et s’étonner de voir sombrer notre système de santé.
    Rassurez-vous, l’hôpital américain de Neuilly va très bien, et notre aristocratie n’attendra pas 4 heures aux urgences même s’ils ont oublié leur carte vitale et leur carte de mutuelle…

    1. bernadette

      L’hôpital de Libourne mis à la disposition des clients non des patients est il apprécié ?

  5. JJ Lalanne

    Ce n’ est pas une question de fric. Quand on répond à cette Naomi que de toute façon on mourra tous un jour, où elle est la question du fric? Quand, au sujet d’ un ami victime d’ une euthanasie crapuleuse, des connaissances du milieu médical me disent on fait toutes comme ça ou « tu comprends, condamné (estimation abusive de la soignante), c’ est tellement pesant, on a tellement de travail »…, quand on voit la conso pour calmer les patients de lexomil qui permet aux soignant(e)s d’ être « peinards » et sans parler du reste, quand vous êtes hospitalisés, si vous voyez même une copine s’ approcher de vous méfiez vous. Par rapport à certaines, je ne plaisante absolument pas,c’ est du vécu. Quand vous parlez pognon, ça existe mais vous faites une fixation erronée dessus parce que vous voyez le problème de l’ extérieur. De l’ intérieur ça fait beaucoup plus peur et là pour des gestions des « ressources humaines » foireuses et inquiétantes. SDIS, cliniques,hôpitaux,15, et tout ce que vous voulez.

  6. JJ Lalanne

    Les conditions de travail ne justifient pas de mépriser les appelants et dans les services soignants trop de personnes sont surchargées de travail parce que d’ autres lorsque un appel retentit préfèrent d’ abord finir le café ou la cigarette. Plus l’ infirmière qui se décharge de son travail spécifique sur l’ aide-soignante et j’ en passe. Les budgets sont resserrés et le nombre de patients par soignants augmenté, c’ est un fait scandaleux mais le cas « Naomi » relève d’ un problème trop souvent passé sous le tapis et qui est tout autre. Des cas comme ça, il y en a beaucoup plus que l’ on croit. Si sa mort pouvait servir à redresser la situation, mais je n’ y crois pas… Trop besoin de personnel pour faire du nettoyage (seulement une des raisons).

Laisser un commentaire