« Déclaration faite ce matin au nom de tous les élu(e)s unis et motivés devant le monument du village de Mauriac dédié aux innocentes victimes de la barbarie nazie en cette journée où la violence des mots était à Nice et celles des actes à Paris : »
« L’an passé, à quelques jours d’élections présidentielles pouvant faire basculer la France dans le camp d’une idéologie basée sur l’exclusion, la dévalorisation et la haine, nous avions, librement et personnellement avec Martine Faure, lancé l’idée de ce rendez-vous des valeurs au pied de l’un des monuments les plus symbolique sur la 12° circonscription de la Gironde des conséquences de l’indifférence vis à vis des principes républicains.
La participation lors de ce scrutin avait démontré combien il était nécessaire de raviver les mémoires et de tenter de mobiliser tous les défenseurs d’une République fidèle à ses valeurs.
Il n’y a jamais de petites initiatives, de petites flammes à allumer dans les consciences, pas de petits pas vers un avenir fait de tolérance, de dignité, de fraternité. Bien au contraire c’est de notre responsabilité d’élu(e)s locaux progressistes, engagés, fidèles de faire germer chaque fois que nous le pouvons, sans honte, sans crainte, sans complexe et au contraire avec fierté, les fleurs de l’espoir d’un monde meilleur.
Merci à vous toutes et à vous, tous d’avoir accepté malgré mon appel volontairement tardif d’être présents en ce rendez-vous du 1° mai où d’autres, et pas nécessairement avec l’état d’esprit des salariés ou des fonctionnaires défendant leur cause dans un monde dénaturé par le profit, paradent dans les rues de la capitale.
Merci à vous toutes et à vous tous, d’avoir à nouveau répondu fidèlement à notre appel à témoigner votre attachement à dénoncer ces terribles moments de notre Histoire commune où certains ont tragiquement payé de leur vie la défense de leurs valeurs et quand d’autres pourchassés et assassinés furent les victimes innocentes de la mise en œuvre d’une idéologie exécrable.
Merci à vous toutes et à vous tous d’avoir été fidèles concrètement au cours des mois écoulés à notre engagement collectif de l’an passé.
Nous avons cru, en vrais démocrates, que la victoire électorale sur la représentante des porteurs des virus d’une peste brune éventuelle allait nous délivrer de cette épidémie populiste qui ne cesse de grandir en Europe au fil des consultations électorales. Elle est en marche aujourd’hui à Nice. Elle prospère paisiblement dans un pays de l’indifférence institutionnelle.
Nous avons eu confiance en ceux qui promettaient un nouveau monde en marche vers la liberté, l’égalité et la fraternité. Nous avons comme beaucoup espéré que l’Homme dans notre Pays qui a fondé ses droits et ses devoirs, ne serait pas un loup pour d’autres Hommes.
En quelques jours une part de nos illusions sont tombées puisque la chasse aux réfugiés politiques, climatiques, économiques en uniformes identitaires a trouvé une impunité de mauvais aloi. Des gens sont persécutées ou tuées pour leur appartenance religieuse.
Les mémoires qui flanchent ne savent plus que c’est par refus de condamner des parcelles de racisme, d’antisémitisme, de xénophobie que dans les années d’entre les deux grandes guerres, par des textes officiels arrangeants ou réputés justes que l’on a laissé grandir des idées nauséabondes.
Ce monument a été érigé à la mémoire de ces gens humbles ayant été arraché à leurs proches, à leur village, à leur quotidien. Il ne nous reste d’eux que les noms gravés dans la pierre. Ayant payé de leur vie leur lutte contre l’application barbare et cruelle d’une idéologie qu’un peuple avait portée par les urnes au pouvoir dans un pays en crise. L’oublier serait suicidaire ! L’oublier serait manquer à notre devoir d’avenir. L’oublier serait être complices !
Leur douleur, leur courage, leur abnégation, leur sacrifice n’ont rien à voir avec les nôtres, certes méritoires mais confortables, faciles, sans risques. Nous leur devons de nous rappeler comme Bertold Brecht « que celle ou celui qui combat peut perdre mais que celui qui ne combat pas a déjà perdu ». il n’y a jamais de devoir de mémoire inutile. Il n’y a jamais de culture citoyenne sans effet sur les autres. Baisser la garde, oublier pour se sentir rassuré, détourner le regard sur le passé pour éviter de voir le présent deviennent de véritables actes défaitistes. Chaque procès d’intention purement politicien, chaque renoncement affaiblit le combat que nous avons solidairement à mener contre les porteurs de la haine de l’autre camouflée en racisme du quotidien, de l’exclusion transformée en refus de la diversité, du nationalisme perverti en patriotisme.
C’est faire injure à ces millions de personnes qui, comme celles de Blasimon ou de Mauriac, ont perdu la vie dans des circonstances atroces et surtout à celles et ceux qui dans la Méditerranée, dans les cols enneigés, dans les abris précaires, sur les champs de bataille occupés par le fascisme camouflé religieusement ou ethniquement continuent à mourir de notre égoïsme !
Les peuples sans mémoire sont selon moi condamnés à mourir tôt ou tard de froid. Réchauffons-nous fraternellement autour du souvenir de ces morts issus du Peuple qui espéraient une République solidaire et sereine.
La bataille des idées n’est en effet jamais gagnée. La bataille des valeurs n’est jamais terminée. La bataille de la défense de l’Homme restera éternelle. Elle est exigeante pour tous et plus encore pour les femmes et les hommes de gauche qui espèrent encore en des lendemains qui chantent.
Il y a 50 ans nous étions au cœur de l’espoir d’une société différente. « Cours, camarade, le vieux monde est derrière toi ! » disait l’un des slogans de ce mois de mai… J’ai parfois l’impression qu’il nous a rattrapé en qu’il a étouffé bien des consciences. Au moins aujourd’hui modestement nous démontrons que nous savons rester motivés et solidaires. Pensons à ces vers de Victor Hugo :
« Ceux qui vivent, ce sont ceux qui luttent ; ce sont
Ceux dont un dessein ferme emplit l’âme et le front.
Ceux qui d’un haut destin gravissent l’âpre cime.
Ceux qui marchent pensifs, épris d’un but sublime »
A notre manière en ce 1° mai 2018 gardons notre envie de lutter pour le destin des autres comme eux l’ont eu en des moments beaucoup plus durs que les nôtres.
Merci à toutes et à tous !
Merci du fond du cœur ! »
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