La V° République a désormais son huitième Président de la République, Emmanuel Macron, qui aura comme particularité d’avoir mis un terme surprenant à une campagne électorale d’une pauvreté politique exceptionnelle. Le succès d’Emmanuel Macron n’étonne personne sur les plateaux des télévisions car il paraissait impensable que les Françaises et les Français ne fassent point barrage, à 24 heures de la célébration de la fin du nazisme, à une joueuse maladroite de poker menteur. La fiction de l’arrivée au pouvoir en 2017 du populisme risquait de devenir une réalité générale : ce n’est pas le cas. Il s’est tout de même installé comme une réalité partielle dans des pans entiers de la France que Raffarin requalifiera « d’n bas », celle où l’insécurité est ressentie comme la plus forte.
Bien évidemment on se contentera de pousser un « ouf ! » (provisoirement?) de soulagement comme les malades auxquels on vient de poser des patchs de morphine, sans que soit pour autant soigné le mal profond qui ronge le corps social. En fait la France sort d’un coma des idées avec tellement de fractures à réduire qu’il va falloir des interventions chirurgicales en chaîne pour les réduire. Le paradoxe c’est qu’une majorité d’électrices et d »électeurs a choisi celui qui lui a proposé un « rassemblement » particulièrement délicat à réaliser pour faire face à ce cataclysme social, territorial, culturel et certainement politique. Il leur a proposé de rallier à son panache blanc, des fractions de la droite, de la gauche, du centre afin de justement reconstituer une unité nationale qu’il a contribué à pulvériser.
Les cartes départementales du scrutin confirmeront visuellement cette réalité avec des nuances allant au brun foncé au jaune clair. Le bleu et le rouge ont en effet totalement disparu de l’arc-en-ciel politique et le blanc a grandi. Les partis de ces couleurs espèrent pourtant béatement faire leur retour dans le ciel parlementaire. Le chacun pour soi va continuer à devenir la règle de vie majoritaire dans une société déboussolée ce qui ne va absolument pas faciliter la nécessaire reconstitution du lien social. Le drame c’est que la bataille des législatives va accentuer les lézardes constatées et que tout le monde monté sur les barricades contre Le Pen, va retourner le fusil contre son voisin de lutte. En juin le puzzle sera encore plus éparpillé à la manière dont Bertrand Blier s’exprime dans les Tontons flingueurs : « Je vais lui faire une ordonnance, et une sévère… Je vais lui montrer qui c’est Raoul. Aux quatre coins de Paris qu’on va le retrouver, éparpillé par petits bouts, façon puzzle. Moi, quand on m’en fait trop, je correctionne plus : je dynamite, je disperse, je ventile ! ». On va avoir un extraordinaire second tour avec des triangulaires majoritaires ou des quadrangulaires permettant l’élection de députés avec seulement 25 à 30 % des suffrages exprimés. Aucune vraie majorité !
Les abstentionnistes seront encore plus nombreux les 11 et 18 juin et donc la course par élimination (12 % des inscrits constituent une barrière terrible) va être largement favorable à l’Union du Mouvement Patriotique (UMP) que va créer Marine épisode 2 ! Il y a de fortes chances que le Front républicain soit contraint de se reconstituer afin de faire élire des candidat(e)s d’En Marche puisque aucun des représentants ne parviendra à franchir la barre du maintien dans la course. Le piège est là ! Ce qui passe pour une victoire du renouveau va donc conduire à un retour des alliances ou au minimum des échanges de services du temps passé. La recherche d’une énergie inconnue par la fracturation souterraine des idées ne constitue pas une garantie de durabilité de cette technique pour l’avenir.
La politique de l’offre renforcée par le marketing qu’il défend a ses limites. Elle fait illusion puisqu’elle fait rêver mais elle se heurte souvent aux limites matérielles. La confiance qu’il a reçue a d’abord été fondée sur une différence forte entre les symboles dont il était porteur et ceux du FN que refusait une certaine partie de la France. Il a renforcé cette différenciation en utilisant dès son élection des « outils » de communication particulièrement travaillés : la pyramide, le Louvre, la tradition, l’Histoire, l’Hymne à la joie, la jeunesse, le couple, la différence par l’inédit… et la Marseillaise. Il a ratissé large en mélangeant dans un melting-pot millimétré des références à de Gaulle, Mitterrand, Mendés-France, Rocard, Kennedy, Obama. Il a ostensiblement utilisé le poids des mots et la force des images afin de conforter sa stature d’homme providentiel tombé du ciel politique avec un timing parfait. Il lui reste cependant le plus difficile : résoudre la quadrature du cercle c’est à dire s’appuyer sur un réseau solide indispensable pour gouverner à construire en quelques jours sans pour autant donner l’impression de marcher avec des bâtons venus des vendeurs usés par le pouvoir. Comment renouveler sans se détacher des supports qui l’on conduit là où il est ?
Tout va commencer à trembler avec l’annonce des candidatures aux législatives et la composition d’un gouvernement qui forcément ne satisferont pas tous les ralliés de la première ou de la dernière heure. Le Messie a fait des miracles en coalisant les oppositions au FN. Ses partisans tablent sur un nouvel exploit : demain des électeurs de droite se mettront à voter massivement pour des députés sortants de gauche et qu’inversement des électeurs de gauche (il y en a encore beaucoup) se rallient à des candidats de la droite ordinaire. Il faut y croire et on fera l’appel le 18 juin !
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Bonjour M. Darmian,
Il y a des lieux où le FN a été battu mais d’autres lieux où le FN arrive en tête ou arrive à 50% : gestion municipale rigoureuse, manque de services publics operationnels en particulier (transports et autres).
Le développement d’internet n’est pas démocratique. Internet est une arme, l’informationnel est à revoir.
L’inoccupation des populations, le chômage et la disparition de certaines activités economiques paralysent ces populations.
Bien sincèrement
Je voulais rajouter que dans ces lieux où le FN arrive en tête ou égalise avec En marche se trouvent des vestiges d’usines. Voilà ce qu’est devenu l’économie locale : une ruine
Et maintenant ? Que vont faire ceux qui ont seulement voulu faire barrage au FN mais n’adhèrent pas à la politique ultra-libérale du nouveau président ?
Il semble que le PS n’ait retenu aucune proposition du vainqueur de la primaire. Si l’on veut s’opposer ou infléchir le programme d’ E. MACRON, il faudra faire un grand rassemblement de toutes les forces de gauche et ne pas recommencer ce qui a été fait pour la présidentielle, car là, ce sera l’échec assuré pour les prochaines législatives. Aujourd’hui, il n’y a que F.I qui peut être moteur car le PS, hélas, est mort.
Pour ma part, le choix est fait
Oui faire le choix d’un parti politique c’est bien et c’est citoyen.
Pour ma part je ferai le choix du parti politique qui sera le plus convaincant quant au territoire (services publiques ou services au public opérationnels etc…..).
Il faut restituer un minimum parce que pas mal de services ont été supprimés dans les communes rurales.
C’est une grande décomposition après l’implosion de la France.
Le mille feuille qui a supprimé des régions, des départements, des communes.
Les contribuables vont payer la facture. La suppression de la taxe d’habitation va se répercuter sur le foncier.
C’est magique la politique.
les communes, les départements et les régions existent toujours, ainsi que les communautés de communes et autre tranches du mille feuilles.
M.EMMANUEL MACRON a été élu. Je vous rappelle qu’il est arrivé à cette prouesse en seulement 10 mois, sans avoir jamais été élu auparavant. La tâche qui l’attend est énorme. Je pense que c’est un jeune homme particulièrement intelligent et brillant, peut être nous réserve-t-il quelques surprises qui vont nous étonner.
Je ne vois pas pourquoi certains commencent à le casser, alors qu’il vient juste d’être élu. Ce doit gêner beaucoup de politiques qui n’ont pas ce parcours et les rendre fous de jalousie. Si il présente des candidats dans toutes les circonscriptions et bien notre devoir est de voter pour eux. Fini les PS, les Républicains, le F.N. et les extrêmes. Pour une fois soyons cohérents, nous avons éliminé le F.N. donnons la possibilité à E. MACRON de gouverner, même si certaines réformes semblent dures, mais de toute façon les précédents n’ont pas entamer les réformes de fond que l’on attendait. Pour ma part, si il y a un candidat d’EN MARCHE sur la 12ème je n’hésiterai pas. La gauche PS nous a déçu, la droite avec ses casseroles aussi, alors espérons que le changement « C’EST MAINTENANT AVEC EMMANUEL ».
Oui c’est exact. Il ne peut pas y avoir un parti unique rassemblant tous les partis politiques.
Ce que je comprends est qu’Emmannuel Macron veut éviter les conflits de rue. Ça coûte cher.
C’est de la redecomposition politique
Merci François, Merci Benoit et merci à $olférino dans sa globalité !