L’horrible tuerie démente de Nice s’estompe tellement l’actualité devient spasmodique et surtout tellement exploitée par des exégètes patentés mais jamais réellement rigoureux. Va pour les politiciens avides de se forger une image et prêts à n’importe quelle déclaration pourvu qu’il ait leur place sur le fil des producteurs de sensations.Va pour les commentateurs qui doivent donner des explications ou des analyses en rapport avec leurs cachetons souvent substantiels. Mais que penser de journalistes qui à l’image des stars du show-business interprètent simplement des partitions préparés par d’autres n’engageant dans l’audiovisuel jamais leur responsabilité personnelle car ne signant pas un « papier » durable ? On a bien vu combien les choix de la rédaction de France 2 ont été scandaleux sans que l’on connaisse à ce jour les responsables de cette lamentable utilisation d’images bafouant toute décence en matière de respect des victimes et de leurs proches. Une seule personne a démontré une rigueur absolue souvent à contre-courant de tout ce qui a été proclamé antérieurement : François Molins Procureur de Paris, fonctionnaire exemplaire ! Il constitue une conscience forte par rapport aux dérapages permanents des ces fabricants d’approximations scandaleuses. Ainsi si on revient sur le contexte du massacre niçois il manque encore une foule d’éléments précieux pour apprécier les faits de manière sereine et objective.
Personne n’a eu en effet le réflexe de se pencher sur les responsabilités légales respectives de l’Etat républicain et… de la municipalité niçoise. Il existe d’ailleurs une confusion soigneusement entretenu entre les deux facettes en raison des prises de position constantes et répétitives de l’ex-maire de Nice et des exploiteurs du malheur des autres pour placer des attaques contre le pouvoir en place. Examinons donc clairement les circonstances de cet acte barbare ayant bénéficié d’une succession de manquements oubliés.
D’abord il faudrait préciser que l’organisation du feu d’artifice ne relève absolument pas de la responsabilité de l’État qui se contente de vérifier les mesures de sécurité prises. Le « vrai » maire de Nice ne peut l’ignorer : il lui appartenait d’apprécier les risques encourus par l’organisation d’un tel spectacle. Il avait dû au minimum un mois avant, en faire la déclaration au Préfet sur un imprimé Cerfa n° 14098*01. La déclaration décrit les conditions de mise en oeuvre des produits, la liste des produits qui seront utilisés, le nom de a personne qui en dirige l’exécution, les dispositions destinées à limiter les risques pour le public et le voisinage, et l’attestation d’assurance responsabilité civile. Mais ce n’est pas tout ! Tous les maires le savent : ils sont responsables de toutes les manifestations sur la voie publique et c’est rare dans les communes petites ou moyennes que les forces de l’ordre de L’État soient à leurs cotés !
Le maire doit par exemple, dans le cadre de son pouvoir de police générale (article
2212-1 et L. 2212-2 du code général des collectivités territoriales, CGCT),définir précisément par arrêté les mesures des sécurisation du public que doit prendre l’organisateur (en l’occurrence la ville) et en définir les protagonistes. Il serait donc extrêmement intéressant d’obtenir l’arrêté du Maire de Nice et il est certain que l’instruction judiciaire en cours en examinera le contenu! Les forces de police nationale ne sont appelées que pour conforter ou encadrer le dispositif… municipal ! L’accès sur la Promenade des Anglais dépendait donc exclusivement de la mairie niçoise dotée de centaines de fonctionnaires et de cette fameuse vidéo-surveillance qui a été absolument inefficace dans le contexte de la tuerie.
« Comment est-il possible qu’un jour de 14-Juillet, alors qu’il y a des milliers de personnes sur la promenade des Anglais, un camion puisse pénétrer sur l’espace dans ces conditions ? », s’est interrogé le lendemain matin de l’attentat le président de la région Paca, Christian Estrosi avec une indécence incommensurable. Le maire fantôme de Nice a la réponse et personne d’autre ! L’interdiction d’accès à la Promenade des Anglais, au point d’entrée du camion, était « matérialisée par le positionnement de véhicules bloquant l’accès à la chaussée », a indiqué de son coté le Préfet des Alpes-Maritimes. Le poids-lourd a donc forcé le passage vers la zone piétonne en montant sur le trottoir… et en contournant les obstacles après avoir été cependant autorisé à emprunter la partie antérieure ouverte à la circulation. C’est le point de départ de l’affreux scénario. Pouvait-on l’en empêcher ? Pour les avoir il faut connaître le contenu des prescriptions de la municipalité !
Par exemple quel type de véhicules était autorisé sur cette portion ? Les camions étaient-ils interdits dans l’arrêté municipal ? Le dément aurait prétexté une « livraison de glaces ! » avec un 19 tonnes… à 22 h 45 le soir du 14 juillet…. dans une zone sécurisée ? Qui a accepté de le laisser passer ? Qui s’est interrogé un instant sur la vraisemblance d’une telle affirmation ? Quelle vérification a été effectuée ? A quoi ont servi les fameuses caméras de surveillance municipales omniprésentes sur le parcours? La première faille est là ! Elle mériterait d’avoir de vraies certitudes avant de se lancer dans des appréciations indécentes sur le rôle des uns et des autres.
« Si une des autorités, l’État ou la municipalité, avait considéré à un moment que le niveau de sécurité n’était pas réuni, l’État comme la municipalité pouvaient décider de procéder à l’interdiction des festivités entourant le 14 juillet, ce qui n’a pas été le cas » a expliqué Bernard Cazeneuve, Ministre de l’Intérieur ! Personne ne l’a fait ! Alors il faut l’assumer ! Estrosi a trouvé la réponse : François Hollande ! C’est lui qui était aux barrières selon l’ex-ex-Maire !
Jean-Marie Darmian
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Ras le bol de ces politiques qui ont été en fonction, et qui n’ont rien fait, donnent des leçons
Jacquline
Je me pose exactement les mêmes questions (et je ne suis pas le seul !).
Je remarque également la monstrueuse impudence et l’audace de monsieur Estrosi qui n’hésite pas à se décharger de ses très lourdes responsabilités sur le dos des autres. Le personnage se dévoile sous son vrai jour.
Des manquements, il y en a eu, jusqu’au point de penser à des complicités.
Ou bien de tragiques négligences de la police municipale des règles de la plus élémentaire prudence ; elle semble s’être montrée d’un coupable amateurisme pour ne pas dire plus.
Il est regrettable que ton « papier » ne soit pas publié à la une des journaux nationaux ni lu dans tous les bulletins d’information radio ou télé.
Rien à ajouter. Vous avez tout dit.
100% de accord. Il faudrait que les médias posent comme toi les vrais questions et rappellent à tous la réelle responsabilité de chacun. Les réactions indécentes de certains laissent la place à de nombreuses interrogations
Les médias sont complices des Hommes politiques et forment à leurs côtés et si l’on rajoute la finance, la mafia qui vérouille le fonctionnement de l’Etat et du pays.
Ce massacre de Nice me rappelle de tragiques souvenirs : en 1972 un déséquilibré ouvrit le feu avec une winchester 44 dans le magasin des nouvelles Galeries d’Angoulême, tuant et blessant mortellement plusieurs personnes (je passais devant le magasin à ce moment …). Il n’était pas question de terrorisme à l’époque Le sujet de la polémique (il y en a toujours) fut la facilité avec laquelle on pouvait se procurer, comme aux USA des armes de gros calibre.
Le meurtrier, en train de recharger son arme, fut neutralisé par un courageux gardien de la Paix (comme à Nice) qui passait à ce moment, armé de son misérable 6,35 de service.
Pas de limites à l’indécence et les sifflets d’une partie des membres présents, soutiens de l’ex.maire, car l’actuel, personne ne le connaît, illustrent s’il en était besoin, la médiocrité de ces personnes. Ils me rappellent les applaudissements, lorsqu’arrivait leur champion à talonnettes. Tout aussi médiocres…
Qu’ils se taisent et respectent ceux qui ont perdu la vie et leurs familles
Je suis d’accord avec J.J, il faudrait que ton texte soit intégralement publié dans la presse. Peux-tu Jean-Marie le faire passer dans Sud-Ouest ? S’ils refusent, nous devrons dénoncer ce manquement. Nous te remercions de tes écrits qui nous laissent espérer pouvoir rétablir la vérité.