Il existe de situations paradoxales dans une société n’étant plus à une contradiction près. C’est ainsi que l’Observatoire Société et Consommation pour l’institut de recherche et d’échanges sur la mobilité de la SNCF a en interrogé plus de 12.000 personnes en France, Espagne, Allemagne, Etats-Unis, Japon et Turquie pour connaître la manière dont ils concevaient l’évolution de leur mode de vie. Une enquête peut-on penser qui conforterait les options actuelles de la SNCF : aller sur de longues distance à la plus grande vitesse possible. C’est dans l’air du temps : dépenser des sommes astronomiques pour gagner du temps quels qu’en soient les dégâts environnementaux, sociaux, économiques.
Or il se trouve que le travail de recherche qui vient d’être effectué dit exactement le contraire : 78% des personnes sondées dans six pays au mode de vie « occidental » ne rêvent que de ralentir leur rythme de vie ! Trois personnes sur quatre interrogées jugent que le rythme de vie dans la société actuelle est trop rapide, qu’ils souhaitent sur quatre souhaitent ralentir et neuf personnes sur dix souhaitent pouvoir accorder plus de temps à leurs proches et à eux-mêmes. 51% aspirent donc à réduire leur temps de travail, mais seulement 29% en France. Quand tout le monde cherche à les faire travailler toujours plus vite, toujours plus longtemps et avec toujours moins de loisirs. La société productiviste ne tolère plus la perte de temps… et absolument tout le monde œuvre en ce sens.
L’impatience entre dans la vie quotidienne. Il ne faut plus attendre quoi que ce soit comme si la vraie réussite passait par une réponse aussi rapide que possible à une besoin. Internet a joué un rôle considérable dans cette idée que tout devait être accessible avec un délai minimum.
La récente proposition d’Amazon sur Paris va en ce sens : je veux, je commande et…une à deux heures plus tard j’obtiens ! Raccourcir le temps constitue un atout de vente quand par ailleurs les trois quarts de gens veulent ne pas devenir esclave de ce culte de la vitesse. Le système permet aux membres du programme Amazon Premium (49 euros par an) d’être livré gratuitement en 2 heures, voire en une heure seulement pour 5,90 euros, sur « des dizaines de milliers d’alimentation fraîche, surgelée, de boissons, de beauté, de jouets, ou même hi-tech ».
Le service demande l’utilisation d’une application spécifique, qui permet de consulter le catalogue disponible en livraison express, de choisir le créneau horaire de livraison, ou de suivre le coursier en temps réel pour savoir quand il arrive. Actuellement, le service repose sur un seul entrepôt de 4000 m² basé sur le boulevard Ney, dans le 18è arrondissement de Paris. Bien évidemment les dégats sur tous les commerces ou les services n’ayant pas la puissance financière d’Amazon seront considérables à terme. Flâner, baguenauder, se promener, dialoguer, échanger : des valeurs dépassées quand il est devenu essentiel de faire vite et que l’on réclame d’avoir moins de travail pour pouvoir justement donner du temps au temps !
La SNCF vend de fausses économies temporelles avec un calcul sur la durée d’un trajet sans jamais se préoccuper des nécessités d’aller sur un point de départ et d’aller ensuite vers son véritable point d’arrivée. A quoi servira par exemple un gain d’une demi-heure s’il faut une heure d’embouteillages sur la rocade bordelaise pour se rendre ou repartir de la gare Saint jean ? Le culte de l’économie du temps devient tellement fort que les réalités pratiques disparaissent : demande de réduction de la durée hebdomadaire du travail mais effacée par l’accroissement de la durée du déplacement domicile-lieu de travail lié à l’étalement urbain !
Pour 33 % des Français, il serait « très important » de passer moins de temps dans les transports quotidiens. Pour cela, 43 % aimeraient travailler chez eux ou dans leur quartier, et 40 % préféreraient travailler en dehors de leur quartier, mais à moins de trente minutes de leur domicile. Et si le job idéal est loin de sa maison ? 49 % des quelque 12 000 personnes interrogées dans ces six pays accepteraient de déménager. 28 % préféreraient un autre emploi près de chez eux, même si ce n’est pas le travail idéal. Et 23 % seraient prêts à faire plus de trois heures de trajet par jour… Diminuer les déplacements aurait un autre avantage : polluer moins. Un argument de poids pour 86 % des individus, qui trouvent la situation environnementale préoccupante. D’ailleurs, face à cela, les gens seraient prêts à modifier sérieusement d’autres pans de leur style de vie : 76 % seraient d’accord pour moins consommer, 85 % d’utiliser des objets plus longtemps et 75 % d’acheter des produits locaux. Bref une vision idéale du temps que toute le monde réclame mais que personne se résout à mettre en œuvre. Or le temps presse !
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– Bonjour, dit le petit prince.
– Bonjour, dit le marchand.
C’était un marchand de pilules perfectionnées qui apaisent la soif. On en avale une par semaine et l’on n’éprouve plus le besoin de boire.
– Pourquoi vends-tu ça ? dit le petit prince.
– C’est une grosse économie de temps, dit le marchand. Les experts ont fait des calculs. On épargne cinquante-trois minutes par semaine.
– Et que fait-on des cinquante-trois minutes ?
– On en fait ce que l’on veut…
« Moi, se dit le petit prince, si j’avais cinquante-trois minutes à dépenser, je marcherais tout doucement vers une fontaine… »
Antoine de Saint-Exupéry – Le Petit Prince
La difficulté ç’est l’aménagement du temps de travail quotidien. Il est permis selon des administrations de commencer à 7h du matin et terminer à 19h le soir. Au vu de l’horaire du matin,il faut trouver un moyen de transport pour le retour dans l’après midi. Je reconnais que l’aménagement du temps de travail demande un développement de moyens de transport supplémentaire.
L’existent de la Sncf n’est pas au top. Le service offert du guichet de la gare départ jusqu’à l’arrivée est globalement pas adaptée.
Si rentabilité oblige, il faut revoir tout.
Pour aller en Suède depuis la Gironde, 4h de train + 2 h d’avion total 6h de voyage.
Départ 7h du matin de la maison, arrivée à destination 20h… cherchez l’erreur.
Il y a 100 ans il aurait fallu au moins 3 jours alors…
A chacun son mode de vie, à chacun sa carte disait la pub d’une grande banque internationale.
Donc à chacun sa destination, à chacun sa vieille
A chacun sa vie