L’accord conclu à la COP 21 est désormais bien loin dans les esprits. Il ne représente pas grand chose dans le quotidien des humains et c’est là le pire de ses défauts. Rares sont en effet les consommateurs qui pensent un instant à l’impact de leurs choix sur l’avenir d’une planète qui va droit à sa perte. En 2015 la situation avait été inquiétante, elle deviendra angoissante en 2016. Un nom apparaît dans bon nombre d’articles. Ce n’est pas contrairement à ce que croit certains, celui d’un torero mais celui d’un courant qui va, selon les spécialistes bouleverser les équilibres naturels en réchauffant considérablement les continents. Généralement, El Niño car c’est de lui qu’il s’agit connaît son paroxysme à Noël – d’où son surnom d’ »enfant », en référence à la Nativité. Il semble que cette année cette période se poursuivra au-delà de cette date symbolique. D’après les prévisionnistes américains il y a 85 % de chances qu’El Niño perdure jusqu’au printemps 2016 ce qui constituerait une grande première.
Derrière ce tendre surnom se cache tout un lot de calamités. Les météorologues ont ainsi mesuré que les températures des eaux de surface du Pacifique oriental étaient supérieures de 1,2°C à la moyenne et pourraient atteindre +2°C à l’automne prochain. Ses eaux chaudes remontent vers les côtes américaines tandis que les eaux froides se dirigent vers l’Australie et l’Indonésie. Il s’en suit des phénomènes climatiques plus ou moins violents, tels que des pluies et des tempêtes en Amérique centrale, des cyclones plus fréquents et souvent une sécheresse en Australie. L’activité cyclonique serait déjà très forte cette année dans l’océan Pacifique en raison de la hausse de la température de l’eau. Le fait qu’El Niño soit désormais considéré comme un phénomène mondial, avec des répercussions dans les trois principaux océans tropicaux, devrait faciliter l’explication des perturbations du climat sur toute la planète. Les modifications de la température océanique peuvent donc, à l’échelle locale, modifier l’humidité absolue de la circulation atmosphérique, entraînant l’augmentation de la pluviométrie des régions environnantes.
Un terrain des effets de ce phénomène se trouve en Californie, sorte d’Eldorado qui prend des allures d’enfer en raison des températures et de la sécheresse constatées. Après un mois de décembre historiquement chaud, cet Etat US essuie depuis plusieurs jours des trombes d’eau. La première grosse tempête de la saison due au phénomène climatique a en effet frappé le sud de la Californie en début de semaine, provoquant de fortes averses et parfois des inondations et des coulées de boue à certains endroits. Ainsi, 3,6 cm de pluies se sont abattues sur l’aéroport de Los Angeles, dépassant l’ancien record de 3,4 cm en 1979. De fortes précipitations ont également été signalées dans d’autres parties de cette zone de l’ouest des Etats-Unis, provoquant des alertes aux crues éclair, des coupures de courant ainsi que la fermeture de plusieurs routes.
Bien que les pluies aient baissé d’intensité, les prévisionnistes ont indiqué que d’autres tempêtes étaient attendues. Dans certaines zones côtières il a été demandé aux habitants de régions de basse altitude de gagner des terres plus élevées. Ces phénomènes ont une importance croissante année après année transformant cet Etat en territoire le plus impacté par le courant chaud. Les Américains sceptiques sur le réchauffement climatique et ses conséquences commencent à comprendre les erreurs commises depuis des décennies. Au-delà de la Californie, qui est plutôt ravie de remplir ses nappes phréatiques, il a déjà provoqué des tornades meurtrières au Texas, et des inondations gigantesques en Angleterre. Il menace les récoles agricoles dans de nombreux pays, laissant craindre une hausse des prix du café, du chocolat et du sucre à l’échelle mondiale. Son impact sur le quotidien des populations sera considérable mais personne n’en a conscience. Ainsi le précédent « El Nino », qui avait eu lieu en 1998, s’était soldé par des pertes économiques de l’ordre de 34 milliards de dollars. On annonce des sommes supérieures en 2016 !
L’Europe ne sera pas épargnée. Il est question d’un automne continental très doux qui aurait aussi en 2016 sur les cultures et les comportements animaliers. Il faut bien admettre que la situation actuelle avec un hiver qui refuse de se déclarer va commencer à devenir préoccupante pour l’agriculture et la viticulture. La taille a en effet largement débuté et la sève sort des bois sectionnés. En Gironde, c’est un peu la course contre la montre pour récolter par exemple les salades qui n’ont jamais été aussi belles. Le cycle végétatif normal des plantes est totalement déboussolé. Elles poussent avec trois semaines d’avance et en abondance. Les entrepôts sont submergés de produits qu’on n’arrive pas à vendre.
En pleine terre, carottes, brocolis et choux-fleurs ont eux aussi plus d’un mois d’avance. Il n’y a pratiquement pas eu de gelée, mais surtout ce qu’il manque ce sont les consommateurs qui boudent les légumes d’hiver. En extérieur, dans les vergers, les bourgeons sont précoces et menacent les productions à venir si le froid ne revient pas… vite. En effet si comme c’est prévu la vague de gelées arrivait en février-mars la situation deviendrait vite par contre catastrophique. El Nino n’a pas fini de faire parler de lui.
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Ne pas oublier la reproduction des poissons. Les truites par exemple, ont besoin d’une eau froide dans les rivières, conséquence, 1 mois de retard sur les pontes. etc. etc.
Quant aux soldes, de vrais fausses soldes en provenance des pays émergents, des cartons entiers (des conteneurs) de vêtements arrivent au carrefour d’au champ, vers ces grandes surfaces pour y être vendus soit disant avec un rabais.
Café, chocolat, sucre, là aussi, ce ne sont pas les producteurs qui emportent la mise mais les quelques groupes industriels, boursicoteurs, négociants, autres esclavagistes autorisés, comme ceux des secteurs des vêtements et autres « biens » de surconsommation.
Monsieur Darmian,
Les carottes poussent toute l’année, les choux pommes aussi, les poireaux aussi,
Quant à la salade, il y a des salades d’hiver.
Quant aux endives, elles sont cultivées à l’intérieur sur couche.
Si la vigne gèle, il vaut mieux construire des maisons, il y a beaucoup trop de SDF qui vivent dehors.
Sacré El Nino !
Ce billet rappelle que l’agriculture devrait être une préoccupation urgente et serait peut-être et sans doute à envisager comme LA finalité primordiale de notre passage terrestre.
Nourrir, se nourrir, prendre soin…
Mais non ! L’appât du gain, du fric, il n’y a que ça qui compte, pas vrai ? De l’argent, de l’argent et toujours encore plus de rentabilité à rationnaliser au maximum ! … Et les « vaut rien », qui cherchent à dire qu’il y a d’autres manières avant tout de penser, de faire et de dire, ne valent toujours et encore rien.
Que j’aime ce rien ! et les « vaut rien » encore plus !
Je trouve que ce billet aide à combattre les « passions tristes » car que peut-il y avoir de plus grave que « ce ciel qui risque de nous tomber sur la tête » ? Pour ma part, cela permet de relativiser les petits soucis existentiels… pas vous ?
C’est pourquoi j’ose souhaiter quand même une bonne année El Nino !
Bien amicalement
Noëlle