Quand toutes les querelles se tournent sur le phénomène des migrants utilisés comme des repoussoirs ou des arguments populistes, on cache un phénomène beaucoup plus grave. La France moralisatrice, accusatrice, dévastée par des images et des slogans médiatiques est elle-même devenue un pays d’émigration. De plus en plus de jeunes et de moins jeunes quittent l’hexagone pour aller non pas chercher fortune ailleurs mais au moins pour aller y retrouver l’espoir. Et il faut absolument se préoccuper du niveau des gens qui partent vers d’autres horizons puisque souvent leur formation a été financée par la France à travers son système public d’éducation. L’Insee explique que près 80% des départs intervient en effet entre 18 et 29 ans. En fait on arrive à se réjouir de la faiblesse de l’enseignement de l’anglais dans notre système éducatif qui constitue un vrai obstacle par rapport à ce qu’il se passe ailleurs.
Le nombre de personnes (Français ou immigrés) nées en France quittant le territoire est ainsi passé de 189 000 en 2006 à 299 000 en 2013. Soit 110 000 de plus en sept ans. Un constat à rapprocher des 35 000 réfugiés prévus pour l’accueil. En fait A côté de cela, le retour de personnes nées en France sur le territoire reste quasiment stable : 78 000 en 2006 et 77 000 en 2013. En ce qui concerne les personnes nées en France, le solde migratoire est donc négatif, il est passé de – 60 000 en 2006 à – 20 000 en 2013. Ce phénomène devrait susciter un vrai débat.
Dans le détail, 204.000 Français ont choisi de s’expatrier en 2013, contre seulement 160.000 en 2006. Soit une progression de 27,5%. Les immigrés, eux, sont trois fois plus nombreux à sortir du pays qu’en 2006. C’est probablement un oubli dans le débat mais on laisse accroire que la France serait une sorte de paradis. Or en nous rabattant les oreilles avec l’immigration on fait oublier l’explosion des expatriations de diplômés expérimentés et de jeunes prometteurs. En fait la quête du premier emploi (ou du dernier passé un certain âge) reste tellement difficile que certain(e)s préfèrent aller tenter leur chance sur des marchés où on table sur le dynamisme des nouveaux diplômés français ou sur le recul pris par des presque seniors. Chez nous il faut être jeune, expérimenté, accepter d’être sous-payé pour débuter ! Ailleurs la confiance accordée ne dépend que de la capacité à faire ou à ne pas faire ! Un point c’est tout !
Les raisons de cette émigration sont de plusieurs ordres selon les partants : chômage de masse mais aussi de niches en déserrance ; pression fiscale multiformes, opportunités liées à la mondialisation (développement rapide de certains pays) , souci d’avoir une expérience internationale, retour aux pays de retraités ou même volonté de certains autres d’aller vivre au soleil, dans des contrées exotiques où la vie est moins onéreuse et plus libre. Ce qui est nouveau et encore plus inquiétant, c’est la part de ces « débutants dans la vie » qui s’installent durablement à l’étranger. D’après les estimations de l’INSEE, sur les 3,3 millions de Français vivant à l’étranger, 26% d’entre eux ont entre 30 et 40 ans. C’est davantage que ceux ayant moins de 30 ans (25%).
Les 55 ans et plus représentent quant à eux un peu moins d’un quart des Français de l’étranger ce qui dément tous les clichés voulant que ce soit des gens plutôt âgés et riches, qui quitteraient le territoire après avoir réussi pour profiter de cieux fiscaux plus cléments. Aujourd’hui, ce sont majoritairement des jeunes actifs qui composent la population expatriée et le coût de cette émigration est infiniment supérieur à celui de l’immigration !
Tous niveaux et tous types d’établissements confondus, la dépense moyenne par élève ou étudiant s’élevait à 8 330 euros en 2012 selon le ministère de l’éducation nationale. Alors qu’un étudiant à l’université (IUT compris) coûte 10 940 euros par an, la collectivité publique dépense 15 020 euros par élève de classe préparatoire aux grandes écoles, soit près de 1,4 fois plus. 4 080 euros de coût supplémentaire pour un étudiant en classe préparatoire aux grandes écoles par rapport à celui d’un étudiant à l’université (quel que soit le cycle poursuivi) ou, autrement dit, un étudiant de classe préparatoire coûte 37 % de plus qu’un étudiant à l’université. Et encore, la prise en compte des Instituts universitaires de technologie (IUT) gonfle les chiffres des dépenses par étudiant à l’université, de l’ordre de seulement 8 000 euros par an dans les filières générales. Les sections de techniciens supérieurs (BTS) sont mieux dotées avec 13 700 euros par élève. Faites le compte : un jeune qui aurait été formé comme seulement technicien supérieur a coûté à la puissance publique depuis l’école maternelle sans redoublement plus de 200 000 euros au contribuable… A mettre en rapport avec les débats déphasés sur l’immigration !
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