La bastille des Sahraouis bordelais n'est pas à prendre !

Demain partout en France les drapeaux tricolores seront de sortie. Les flonflons républicains tenteront de mobiliser les nombreux indifférents à une date qui doit symboliser les principes fondateurs de la Révolution Française. « La liberté, l’égalité et la fraternité » seront de sortie officielle mais vous remarquerez que l’on ne les citera guère dans les propos ordinaires puisque le 14 juillet est devenu simplement la borne temporelle du départ en vacances. Le paradoxe c’est qu’une date religieuse marquera la fin de cette période des « congés payés » (pour celles et ceux qui travaillent) que plus grand monde sait devoir à la gauche. En fait en prenant la Bastille une faible minorité de Parisiens a permis en ces temps de déliquescence de la citoyenneté de lancer l’été de tous les plaisirs pour certain(e)s et celui de toutes les frustrations pour bien d’autres. Nous entrons demain dans la « haute saison touristique » mais plus du tout 216 ans plus tard, dans la célébration de la fin de l’injustice, des privilèges, de l’exclusion ou de la haine envers les plus démunis. Notre démocratie des mots superficiels mais plus des actes concrets ne cherche plus du tout à détruire les plus impénétrables des forteresses, celle esprits réfractaires à toute raison. Les lettres de cachet qui envoient dans les prisons de la pauvreté, de la souffrance, de la peur, de la douleur existent encore bien plus qu’au temps du pouvoir absolu !
Le 14 juillet français célébré sur tous les parcelles de la France à travers le monde n’a plus beaucoup de sens. Les réceptions dans les ambassades données aux frais de la République peuvent tourner à la caricature puisqu’elles occultent totalement le contenu de ce qui a fait la renommée de notre pays : la déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen. Elle a perdu de sa superbe la Révolution française issu du siècles des Lumières ! Même sur son territoire d’origine où pour des dizaines de milliers de sans abris, de sans papiers, de réfugiés, d’abandonnés elle n’a plus aucun sens. Si on prend un exemple concret sur Bordeaux on constate qu’à quelques encablures du défilé de « notre armée française » un campement fragile et hétéroclite de Sahraouis ne doivent ce minimum vital qu’est l’eau qu’aux élus dont le Président du conseil départemental dont je suis personnellement très fier ! Ces pauvres hères installés sous le pont Saint Jean vivent en effet dans des conditions sanitaires déplorables. En quelques heures la solidarité active a permis de mettre un tantinet de fraternité dans leur quotidienet c’était un minimum.
Ces Sahraouis ne défileront pas devant un parterre au garde à vous pour célébrer les vertus de notre Fête nationale ! D’abord ils ne sont pas présentables. Ensuite ils donneraient mauvaise conscience aux représentants de l’État républicain qui passe son temps à les pourchasser. Enfin il ne faut pas choquer celles et ceux de plus en plus nombreux qui prônent des principes totalement contraires à la quintessence républicaine.Ce serait donc bien si demain, 14 juillet, les gens chargés de mettre en œuvre le respect des libertés, de l’égalité et de la fraternité allaient justement rencontrer ces exilés sur la terre de France. Il vaudrait mieux que les Sahraouis ne revoient pas d’uniformes de policiers, de CRS, de gendarmes pouvant leur démontrer que le 14 juillet est devenu un jour « nationaliste » plus que « national ». Conformément aux engagements internationaux de la France, un hébergement doit être assuré aux demandeurs d’asile durant la phase de traitement de leur demande par l’OFPRA (office français pour les réfugiés et apatrides) et la CNDA or on assiste à la démission de l’État. La société civile (associations, citoyens de bonne volonté) tente de pallier cette défaillance en tentant de subvenir aux besoins sanitaires élémentaires à la dignité humaine. Il en est dans ce domaine comme d’en beaucoup d’autres. Et les indignés sauvent souvent les apparences par leur action courageuse.
Demain le pince-fesse sera à l’honneur. Demain le peuple ira voir et encourager l’Armée Française. Demain on entonnera la Marseillaise. Demain la route de la plage sera bondée. Demain débuteront enfin les vraies vacances. Demain rares seront les personnes qui feront le lien entre leur jour de congé et les valeurs qui le fondent ! Demain on se noiera dans le tricolore ! Demain on bronzera sur le sable chaud. Demain on boira l’apéro avec de l’eau fraîche.
La Bastille des Sahraouis restera facile à détruire car elle n’est constituée que de tentes protégées par la palissade immatérielle d’un idéal ! Un simple village de toile comme il y en a des milliers en France pour les vacanciers de ce 14 juillet n’ayant plus rien à voir avec ses origines.

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Cet article a 6 commentaires

  1. J.J.

    Mais pourquoi diable, ce 14 juillet, jour symbolique de la prise de pouvoir par le Peuple de France est-elle l’occasion d’un défilé d’engins de guerre et de mort, le plus souvent sous le commandement de ci-devant, pratiquants selon leur tradition ancestrale et surannée, le « noble métier des armes ».

    Je ne voue pas une admiration sans bornes à madame Eva Joly, mais je pense que son idée de faire défiler le 14 juillet des citoyennes et citoyens utiles à la nation : infirmières, sapeurs pompiers, services des ex ponts et chaussée, personnel de l’ONF, etc…J’en oublie…ce qui n’exclurait pas à priori quelques bidasses qui malheureusement ont aussi leur rôle à jouer.

    On pourrait ainsi montrer aux badauds et autre bénis oui- oui toujours prêts à contester le nombre pléthorique des fonctionnaires et leur utilité, le peu de fondement de leurs allégations.

  2. François

    Bonjour !
    Encore un magnifique texte sur la signification et la mise en pratique de cette fête révolutionnaire.
    Toutefois, cette mise en pratique réveille en moi une vieille interrogation que ta volubile diatribe ne va pas manquer de combler.
    En effet, dans un département comme le nôtre c’est-à-dire géré depuis des décennies par La Gauche arborant fièrement au revers de son costume « Liberté, Egalité,Fraternité » ( auquels j’ajouterai Laïcité même si elle englobe les trois autres ) … comme si on était les seuls garants, comment n’a-t’on jamais encouragé ces peuples déracinés à être héberger dans l’Hôtel ( ! ) du Département ?
    En effet, cela présenterait de nombreux avantages dont la mise à disposition des sanitaires, un ravitaillement alimentaire équilibré, des locaux plus clos et climatisés pour un hébergement en toutes saisons, la proximité des Services pour diminuer les délais de leurs dossiers de régularisation ( que vous leur accordez dans 99,99% des cas ) etc, etc … Pardon, j’oubliais aussi la possibilité en cas de surnombre d’en prendre un, deux, trois le soir chez vous à votre domicile après les séances laborieuses.
    Je suis certain d’avoir ouvert dans ton esprit une réflexion utile pour te hisser sur le piédestal de la célébrité.
    Cordialement.

    1. Jean-Marie Darmian

      Position facile qui me donne raison… En fait le conseil départemental en son Hôtel à des gens qui oeuvrent chaque jour à l’hébergement de ces gens là mais ils se heurtent en permanence à l’égoïsme des gens qui refusent fraternité et solidarité au nom de principes que tu défends! Pour ma part j’ai maintes fois démontré discrètement que je pouvais mettre mes écrits, dans ce domaine comme d’en d’autres en accord avec mes actes… Au point que le personnel de la Mairie me surnommait Saint Vincent de Paul. Un surnom que j’assume !

      1. François

        Très belle esquive digne d’un avocat de renom mais qui, en cette période d’examens, ne mérite qu’un zéro pointé pour réponse hors sujet indigne d’un retraité de l’enseignement ! Car, ce n’est point de compassion écrite que ces gens-là ont besoin mais d’aide matérielle réelle comme la France a toujours divulgué cette image.
        Ah ! Nous ne sommes plus capables de … ? Alors, désolé, mais il faut déchirer l’image en fermant les portes et ( oui, Monsieur [ou Madame ! ] Trupin !) leur enseigner à pêcher …dans leur pays !
        Concernant les principes que je défend, sache qu’ils s’appuient sur Les Droits de l’Homme associés au proverbe  » Donne-moi un poisson et je n’aurais plus faim aujourd’hui mais apprends moi à pêcher et je n’aurai plus jamais faim « . Rassure-toi: ça ne nécessite pas de ligne budgétaire !
        Amicalement.

  3. Trupin

    le texte de J.M.D. traduit une bien triste réalité qui peu à peu submerge beaucoup de bonnes volontés, ces hommes, ces femmes et aussi ces enfants ont fuit la répression souvent et le misère presque toujours. Si comme l’a dit un de nos responsable politique:la France ne peu pas acceuillir toute la misère du monde, nous nous honorerions en leur apprenant à pécher…dans leur pays

  4. MOUNIC CLAUDE

    Vive notre Révolution

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