L’été point le bout de son nez ou de son sein si on se trouve sur les plages discrètes. Qui n’a pas rêvé d’une belle soirée sous les étoiles quand un coulis d’air frais annule une part de la chaleur ne voulant pas quitter la place ? Qui n’a pas aimé ces rencontres avec ses amis, sa famille, ses voisins dans une ambiance particulièrement détendue ? Dès que la température remonte la vie prend une tournure nouvelle comme si elle faisait fondre la morosité en même temps que les glaçons dans un verre jaune d’or, rosé ou blanc. Il faut cependant reconnaître que la montée du thermomètre provoque aussi bien des soucis.
Si on a pris de l’âge et pas nécessairement de la bouteille… d’eau il arrive que l’on ne puisse plus vraiment retrouver un intérêt à la canicule. On en arrive même à ce que l’on comptabilise comme du temps de Chirac (le seul Président ayant fait admirer le paysage depuis le Fort de Brégançon à sa zézette) les innocentes victimes de la grande guerre au soleil. Le seul problème c’est que vous soyez mort ou vivant, passé la soixantaine, en ces périodes caniculaires, tout le monde vous conseille de vous conserver au frais. Ce danger réel ne remplace pas pourtant le pire des supplices infligés par le « monstre » de l’été.
Depuis peu il existe en effet des « tigres » menaçants dont personne ne sait encore vraiment se protéger dès que l’été est venu. Peu importe d’ailleurs qu’il soit affublés de la parure angoissante d’un fauve, les moustiques deviennent les cauchemars des hommes comme moi, qui bien qu’ayant l’âme sensible se croient protégés par leur peau tannée ! Et hier soir pour comble de malheur je me suis fait dans ma chambre austère de la clinique, sur l’écran noir de ma nuit blanche, du cinéma d’horreur. Un véritable cauchemar, une tension psychologique insoutenable, une affreuse épreuve de torture mentale. Ayant un fil à la « patte » supérieure gauche en raison d’une perfusion destinée à me préserver justement de la déshydratation, un énorme pansement compressif à l’aine droite, une batterie de pastilles avec fils reliés à un boîtier fugueur j’ai été conduit à me battre avec un couple insaisissable et agressif. Imaginez un peu la scène !
Harcelé par les attaques en piqué ou perturbé par les fins vrombissements de ces minuscules drones miniatures je n’avais aucun moyen réel de me défendre. Pas de fameux moulinet destiné à éloigner le danger surtout avec le bras gauche mal en point (c’est une évidence!) et une main droite contrainte à simplement gesticuler. Cloué au lit par ces divers instruments de torture médicale j’éprouvais un sentiment d’impuissance face à un mâle détournant par son bruit strident pour préparer les attaques de sa compagne muette (est-ce vraiment un bonheur dont il a conscience?) mais beaucoup plus incisive dans ses offensives. Il n’y a rien de plus agaçant, de plus déstabilisant que de ne pas voir ses ennemis mais de les entendre quand en plus ses moyens défensifs sont très limités ou muselés. L’impuissance à combattre des agresseurs invisibles devient douloureuse d’autant que tous les efforts accomplis sont voués à l’échec.
Diable pour quelles raisons ce duo aérien s’installe ce soir alors que la chaleur me contraint à rester sur les couvertures ? On en vient à souhaiter un coup de froid pour diminuer leur agressivité. Mais il ne vient pas. Ils n’appartiennent pourtant pas à la dangereuse tribu des « tigres » dont on dit qu’elle est parvenu en Gironde. N’empêche que la femelle veut me « dévorer », une fois fécondée en me piquant pour absorber mon sang dans lequel elle trouvera les protéines nécessaires à sa progéniture. S’en prendre à un « opéré » récent : une entorse grave aux conventions de Genève. Elle ne vient pas directement boire mon sang pour colporter ses défauts éventuels mais c’est sa salive qu’elle va injecter sous ma peau pour fluidifier sa boisson favorite, mon sang qui l’est depuis plus d’un mois. Madame moustique est insensible à ma faiblesse et, à peine l’ai-je éloignée, qu’elle revient à l’assaut des parties les plus exposées de mon corps comme si mon lard l’attirait davantage que le cochon qui sommeille en moi. en plus moi qui aussi en général à poil (plutôt plus que moins) je viens d’être rasé de frais pour la seconde fois en une semaine. A croire qu’ils le savent ! La bataille durera une bonne partie de la nuit sans que je parvienne malgré les claques que je m’inflige à détruire ce couple infernal.
J’ai toujours eu une profonde haine des moustiques. Je reste persuadé qu’ils m’en veulent et qu’entre mille peaux différentes ils choisissent tous et toujours la mienne. Ce sont des lâches puisqu’ils se précipitent inévitablement sur moi dans l’obscurité, en silence comme les commandos qui sen sont pris à Ben Laden. Leur férocité n’a d’égal que leur insistance. Je m’interroge pour savoir s’il n’y a pas un kamikaze ou des auteurs potentiels d’attentats suicide enfouis dans le microscopique cerveau de ces insectes lamentables pour lequel je souhaite que l’on mette en place un génocide. L’été sera celui des moustiques ou ne le sera pas. S’ils se mettent déjà à attaquer dans les cliniques où va-t-on ?
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j’adore!
Remets-toi vite, Jean Marie et demande à tes infirmières qu’elles te fournissent une « tapette » pour augmenter ta force de frappe, au moins en allongeant ton bras valide !
Et je te souhaite de pouvoir au plus vite recouvrer l’usage de tes deux bras et de tes jambes !
Enfin je constate que ta main droite, quand elle n’est pas en campagne contre les moustiques, est assez habile pour nous donner de tes nouvelles.
Tiens, pendant que j’écris, il y en a un qui s’est perfidement attaqué à mon talon d’Achille !
Sales bêtes.
Bonjour, et bon courage ; bon rétablissement Jean-Marie .En ce qui concerne les moustiques,nous avons les mème problémes visiblement ! si il y en à ne serait-ce qu’un seul ..! il est pour moi ! .Donc je compatis A BAS ! les MOUSTIQUES ….!
Je compatis d’autant plus que j’ai passé une nuit effroyable pour les mêmes raisons. Si cela peut te rassurer, avec deux bras et deux jambes valides je n’ai, pas plus que toi, pu venir à bout de ces diptères primitifs horripilants.
Je pense par ailleurs que l’éventualité de leur extermination est un argument de campagne à retenir car il est extrêmement fédérateur! …Ben quoi? ce n’est pas beaucoup plus débile que nombre de promesses…
Bises