La stratégie de Nicolas Sarkozy pour revenir au premier plan semble avoir été singulièrement malmenée par la réalité de l’accueil que lui a réservé l’opinion dominante façonnée par les sondages. En fait, à ce jour, un joli coup de pouce lui a été donné par la partie de poker menteur engagée par Fillon et Jouyet. On doit reconnaître à « l’homme d’affaires » Sarkozy une promptitude exceptionnelle à retourner les événements imprévus à son avantage. Il est parfaitement conseillé et surtout il sait faire relayer des idées simples par ses sbires. C’est un artiste !
Il sait fort bien que même si c’est impossible à prouver sur le fond il est certain que l’ex-collaborateur n’est pas allé au déjeuner de cons pour parler de la pluie et du beau temps. Il va donc soutenir mordicus Fillon en public et se parer dans une indignation magnanime du genre : « je ne le crois pas capable d’une telle infamie ! » alors qu’il est certain du contraire. Cette technique discrédite encore plus fortement son concurrent plutôt que de le vilipender ou de le critiquer d’autant qu’elle permet de jeter opprobre sur l’occupant de l’Elysée qu’il sait aussi pas aussi blanc que son silence veut le dire. Bonaparte Sarkozy va instiller le doute sans jamais « tuer » celui qui a désormais l’allure d’un moribond condamné à moyen terme malgré tous ses efforts pour échapper au sort réservé aux traîtres. La marginalisation politique de Fillon devient inexorable ! Le « hasard » (provoqué?) a rendu un fier service à celui qui calcule tout et qui, encore plus que tout autre est un as du mensonge.
Il ne reste donc sur la route du come-back que le miraculé Alain Juppé. Pour le moment c’est l’extase à droite. Toute l’habileté de l’ex-Président consiste justement à laisser le Maire de Bordeaux s’enivrer du doux parfum d’une popularité jamais atteinte car ce n’est pas le moment de lui infliger un « ice bucket ». La tactique appliquée par Sarkozy est bien connue : celle des Horaces et Curiaces. L’UMP a désigné pour livrer la guerre ultérieure deux trios dont celui pour la présidence (Horaces : Sarkozy, Lemaire, Mariton) et l’autre pour les primaires (Curiaces : Juppé, Fillon… et Sarkozy). D’après la légende, les Curiaces furent tous les trois blessés rapidement et deux des Horaces tués. L’Horace survivant, Publius Horatius dit Sarkozius prit la fuite, poursuivi par les Curiaces blessés. Mais ceux-ci ne le rattrapèrent pas en même temps, ce qui permit à l’Horace de les tuer l’un après l’autre. Si l’on considère que Lemaire et Mariton seront rapidement occis que Sarkozy est pourchassé et qu’il a déjà commencé par expédier de la vie politique au trépas de l’oubli Fillon il attendra Juppé marqué par une ancienne blessure. Il restera de toutes les manières un seul combattant vainqueur : le Sarkozy candidat tuera très vite le Sarkozy ordinaire en 2016 et le tour sera joué. Il entrera en vainqueur à l’UMP ! Il reste à dénicher la tactique employée pour y parvenir .Facile !
Peu lui importe ce qu’il reste de ce parti. Il s’en moque car l’essentiel pour lui c’est d’abord de priver les autres des armes éventuelles qui seraient encore dans les lieux. Ensuite il va mettre en place un « rassemblement » à coups de promesses de telle manière qu’il parvienne à diluer les opposants internes dans un ensemble plus vaste. Il a pris les contacts nécessaires et il ne cesse de le répéter dans ses réunions : il va tout modifier de fond en comble ! Il est certain que Juppé aura ensuite bien du mal à se mettre en travers puisque le score obtenu à la présidence par Sarkozy lui donnera une large majorité dans les instances dirigeantes. Il lui faudra enfin éviter les fameuses primaires ouvertes, combat pouvant lui être fatal surtout s’il traîne avec lui des « affaires » peu reluisantes. Il y parviendra en imposant un système limitant les apports extérieurs. Celui qui a parfaitement cerné ce stratagème n’est autre que l’homme qui vient de perdre la course à la présidence de l’UDI, Hervé Morin.
L’ex-ministre de la Défense a affirmé sur BFMTV que la primaire ouverte à droite serait gagnée « par celui qui l’organise » et est donc « perdue d’avance » pour le centre. « Si on décide de participer à une primaire à droite et au centre, cela veut dire d’ores et déjà qu’on a décidé de ne pas porter notre projet politique », a-t-il dit. Parce qu’elle sera gagnée par l’UMP? « Elle ne sera même pas gagnée par l’UMP, il y a 99 chances sur 100 qu’elle soit gagnée par celui qui a organisé la primaire », a-t-il assuré. « Parce que c’est comme ça que cela se passe dans tous les partis politiques », a-t-il ajouté. Et comme l’organisateur des primaires ne sera autre que Nicolas Sarkozy, « propriétaire » de l’UMP il y a fort à parier que l’analyse (que je partage!) d’Hervé Morin se vérifie. Il ne l’a pas inventée mais elle découle tout simplement des faits en cours… que Fillon avait peut-être aussi décodés ce qui justifierait ce que l’on sait…mais bien entendu on le saura jamais !
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La tragédie, pas grecque pour une fois, écrite ici, n’a de commun avec le vulgum pecus, que les horreurs que subissent les membres d’une famille dominée par un tyran ordinaire.
Toutes et tous sous la coupe n’ont plus alors d’autre alternative que la bassesse d’esprit… ou la fuite !
Ce qui risque bien d’être ce qui va se passer dans les années à venir, les électeurs s’enfuyant, petit à petit , un par un, mais surement..
On ne choisit pas sa famille, mais ses amis.
La nation va surement mourir seule et oubliée, ses enfants occupés ce jour là, simplement à survivre…