J’ai déjà entendu un membre de l’UMP vociférer, doigt pointé vers lui, envers le Préfet de la Gironde lors de la refonte de la carte des nouveaux cantons respectueuse de la loi et au prétexte qu’il n’aurait pas été consulté ; « C’est une affaire d’État ! » Ce qui est récurrent avec la Droite et avec grandiloquence ! Quand ses hommes liges sont en place, il n’y a que des complots ourdis par la presse de gauche afin de faire chuter ses mentors mais jamais de dossiers d’ampleur nationale. Il ne s’agit que de broutilles par rapport au dossier Tapie, à la mort horrible des ingénieurs et techniciens français à Karachi, aux sommes folles de sondages attribués hors de toutes règles, au dépassement des comptes de campagne par un Président sortant, aux fausses factures justifiant des escroqueries dans le cadre d’une campagne présidentielle, au financement libyen : toutes concernaient pourtant l’Élysée et le plus haut niveau de l’État Toutes sont instruites par la justice mais ce ne sont pas des « affaires d’État ». Exact dans le fond puisqu’il s’agit de tas d’affaires toutes plus nauséabondes les unes que les autres. Des dizaines de mis en examen, des heures et des heures de perquisition, des tonnes de documents saisis, des preuves détruites, des témoignages édulcorés, des chantages plus ou moins avérés… mais ce n’est rien, si on en croît les vierges effarouchées du Sarkozysme à coté d’une imprudence d’un haut fonctionnaire vendant la mèche d’une demande faite dans un repas privé, réputé confidentiel entre amis ! La société est devenue folle sous l’influence de médias qui ne cessent de triturer l’information pour la rendre polémique et vendeuse. La république est en lambeaux, sans rigueur, sans valeur, sans honneur et se complaît dans les sables mouvants de la démagogie.
Jean-Pierre Jouyet aurait rencontré deux journalistes du quotidien Le Monde le 20 septembre venus lui demander de confirmer une information que leur aurait donné antérieurement une personne travaillant à l’Elysée. Cet élément essentiel est déjà oublié : les visiteurs n’attendent pas de leur interlocuteur une « révélation » mais une « confirmation ». Ils font un vrai travail de journaliste voulant qu’il faille toujours croiser une info avant de la publier ou de la diffuser. L’intéressé leur aurait donc raconté son déjeuner avec François Fillon le 24 juin dernier. L’ex-Premier Ministre l’aurait pressé d’intervenir pour accélérer les procédures judiciaires à l’encontre de Nicolas Sarkozy. François Fillon aurait par ailleurs dénoncé le remboursement par l’UMP des pénalités liées au dépassement du plafond des dépenses de campagne de l’ex-Président en 2012. Le ministère de l’Economie avait pourtant donné en novembre 2013 son aval au paiement par l’UMP, à la place de Nicolas Sarkozy, de pénalités pour dépassement de ses comptes de campagne. Ce que l’on semble découvrir par le plus grand des hasards (fuite parfaitement ciblée et organisée venant de Bercy) 48 heures après la publication du livre!
En fait s’il y a de vraies questions à se poser ce n’est pas sur le fond mais sur la forme. Qui a informé le duo du journal Le Monde du repas et de ce qui s’était dit puisque les journalistes expliquent eux-mêmes que Jouyet ne leur a rien appris ? Par ailleurs comment les lettres du Ministère de l’Économie sont arrivées au JDD quelques heures après comme pour disculper par avance celui que Sarkozy pardonne avec magnanimité ? Ces deux dysfonctionnements constituent après tant d’autres la réalité morale de la caste des hauts fonctionnaires dont s’est entouré le gouvernement. C’est la vraie affaire d’État : il n’y a aucune fiabilité des serviteurs de la République ayant perdu par intérêt, par haine, par esprit revanchard toute loyauté dans l’exercice de leur fonction.
La naïveté de Jouyet est tellement incroyable qu’elle en paraît suspecte et elle offre un boulevard à Nicolas Sarkozy qui passe enfin du statut de coupable putatif à celui de martyr avéré. Il a immédiatement exploité le filon en dénonçant l’exécutif les méthodes de l’exécutif : « Les révélations du week-end dernier me renforcent dans cette certitude, dans la conviction qu’il nous faut tourner la page de ces feuilletons écœurants où l’on veut abattre un concurrent ou un adversaire en le salissant ; c’est le contraire de l’idéal républicain » ; Gonflé et inique mais efficace pour une opinion publique lassée de ces compromissions incroyables à un tel niveau mais qui sont quotidiennes ! Sarkozy a déployé sa morgue et son mépris de la plus élémentaire des retenues : « je ne céderai à aucune provocation et j’ai choisi, dans l’intérêt du pays, d’ignorer cette marée de boue que l’on voudrait répandre sur la République française. » Voici le Bonaparte de l’UMP opportunément transformé par un coup de baguette magique en moraliste et en défenseur d’un idéal républicain qu’il n’a jamais respecté et dont il se fout comme de sa première trahison. Mais peu importe dans le fond. Le pire c’est que ce sont des gens réputés servir l’idéal de gauche qui ont offert ce boulevard du succès au pire « affairiste » d’État irrémédiablement transformé en agneau martyrisé. Dans le fond si Fillon est mort et enterré c’est Juppé qui va devoir se planquer car maintenant plus personne ne peut enrayer le retour du messie.
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Excellent !
Comment doit-on conclure : Le bon Fillon ou le bon filon ?
Très amicalement,
Gilbert de Pertuis
Ce serait en effet une œuvre de Salut Public que d’accélérer les procédures judiciaires à l’encontre des mafiosi de la politique, car si par malheur ils revenaient au pouvoir c’en serait fini d’espérer voir triompher la justice.
Or depuis le temps que messieurs Balkany, Tiberi et autres individus de même farine et de tout bord politique, que certains qualifieraient de magouilleurs, noient le poisson, il devient urgent que les sanctions arrivent, sans faiblesse .
Nous sommes devant un spectacle du grandguignol mais joué par les branquignols de l’UMP . Les EDL pour chacun des défenseurs dans des camps différents : un scandale d’état un complot visant à abattre son seigneur le Main (pas le peintre) l’autre celui de la chanteuse . Des aboiements de bêtes à l’agonie mais qui ne respectent rien