Quand dans un pays où le « politique » se discrédite pour de multiples raisons chaque jour davantage apparaît inévitablement une nouvelle forme de populisme basé sur des oppositions ponctuelles. Le retour du « corporatisme » à la place du « syndicalisme » souvent exploité par des dirigeants en quête de reconnaissance ; le développement des revendications « matérialistes » face à des réformes « idéologiques » ; la cristallisation sur des faits « anecdotiques » afin de masquer l’absence de projet « alternatif » ; la disparition non assumée des « références historiques » remplacée par des prises de position « circonstancielles »… tout concourt à une déliquescence des campagnes électorales de 2014. Elles ne reposeront vraiment pas sur les sujets essentiels de la vie locale ou européenne mais de manière simpliste sur des « oppositions » à l’existant ou aux réformes destinées à le modifier. Au cours de l’année écoulé le phénomène n’a cessé de prendre de l’importance à travers de nombreuses manifestations hétéroclites n’ayant pas d’autres objectifs que ceux d’agglomérer sur un slogan des personnes sans aucun lien idéologique.
Désormais il suffit d’être « contre » pour exister quand on ne peut pas obtenir une reconnaissance par le suffrage universel. Ensuite il faut passer à une dimension « politique » et c’est là out l’intérêt de la situation actuelle avec les fameux scrutins de liste bloquée… S’installer en tête et trouver des « suivistes » alibis permet de se frayer un chemin vers un pouvoir local. En 2014 beaucoup de gens issus de ce nouveau dispositif vont simplement « s’installer » dans le paysage pour d’abord 2017 et ensuite pour 2020. Le mouvement au niveau local est parfaitement visible surtout dans les villes maillant les territoires où « l’apolitisme » gagne du terrain et où les combats « personnels » se multiplient comme c’est le cas au niveau national. Les meilleurs dans cette tactique demeure, et de loin, le Front national. Il va chercher dans les milieux extrémistes « socio-religieux » les renforts dont il a besoin pour faire élire de nouvelles têtes. Le soufflé du « mariage pour tous » est retombé et ne mobilise plus assez. Les « impôts » remplacent avantageusement ce thème avec un soupçon de « morale » passéiste et une « personnalisation » des mots d’ordre. On ne proteste plus contre une politique mais contre des « personnes » qu’elle soient maires, ministres ou… président de la République.
Quelque milliers de personnes ont donc défilé dans cet état d’esprit à l’appel du collectif « Jour de colère » aux cris de « Hollande démission », menaçant le président de « le poursuivre dans la rue avant de le chasser dans les urnes »… démontrant ainsi de manière indiscutable la nouvelle donne politique qui se met en place. La notion de « collectif » sert de couverture à une conjonction circonstancielle préparatoire aux échéances électorales. Celle de Paris appelle par exemple à « l’émergence d’un nouveau contrat social fondé sur les refus des partis de l’oligarchie, de droite comme de gauche » et donc par conséquent propage le discours lepéniste et de certains militants se réclamant de la Gauche sur la collusion « UMPS ». C’est le second volet de la stratégie !
On passe ensuite au ciblage personnalisé : « Hollande, il vaudrait mieux pour lui qu’il se retire tout de suite » démontrant ainsi que le suffrage universel n’a plus de légitimité ! On ajoute une grosse couche de « morale judéo-chrétienne avec l’affaire de la liaison entre le président de la République et l’actrice Julie Gayet est sur toutes les lèvres. « Y’en a assez des scandales du président, il déshonore la France ». Le mot d’ordre porte ses fruits. « Faut qu’il dégage »:le slogan revient en boucle ! Le vrai problème c’est que la morale dans le camp de la droite n’est tellement plus brillante et les épisodes des vies privées élyséennes tellement plus glorieux dans le passé. C’est d’ailleurs la raison qui poussait, selon l’AFP, un organisateur anonyme à s’égosiller en clamant : « Vous êtes ici pour crier votre ras-le-bol, ils sont plus préoccupés par leurs aventures (…) que par le chômage et la liberté du peuple de France ». Il faut récupérer « politiquement » ce mécontentement confus et l’orienter vers des votes « utiles ». « La France aux Français! », « Hollande démission! », criaient des jeunes gens. A la fin de la manifestation, des porte-parole ont demandé au Parlement d’entamer une procédure de destitution du président de la République. Rien que ça ! Le problème c’est que le gouvernement n’arrive plus à se faire entendre face à ces comportements et surtout face aux provocations incessantes qu’ils portent ! Les manifestations dégénèrent en violences volontaires. Un discrédit supplémentaire est à la clé afin d’arriver un jour ou l’autre à un incident grave ou à un aveu de faiblesse. La recette est toujours la même : contester la légitimité républicaine en excitant les esprits les plus faibles. On sait où ça mène !
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Et toujours des mots creux, rappelant un sinistre passé :Travail (quand il y en a…pour les esclaves, ),Famille (pour les célébres 200 et quelques autres) Patrie (savent-ils ce que c’est, n’ayant acquis aucune notion d’instruction et de sens civique ?)
Je pourrai souscrire à cette description mais ce n’est que l’écume, le visible. Mais qui est responsable? Qui a entamé la liquidation de la Sécurité sociale en commençant par les Allocations familiales, au nom de la compétitivité des entreprises, avec les félicitations du MEDEF et de l’UMP? Qui se vautre dans le nécessaire « abaissement du coût du travail »? Qui remet en cause la légalité républicaine avec la régionalisation, les métropoles, la disparition programmés des départements et des communes ? La fin des statuts nationaux et des conventions collectives? Ceux là sont responsables, Hollande, le PS, la « gauche » qui le soutient, PCF compris, ceux qui abandonnent les unes après les autres principes et valeurs au profit de la finance, des banques, du MEDEF et de l’Union européenne. Sais-tu que Hollande en allant voir le pape (!) avait dans ses bagages le maire de Quimper, tribun des bonnets rouges et des autonomes bretons les plus réactionnaires? C’est la confusion qui mène à la chienlit, qui fait le lit des démagogues de toutes sortes. Combattons, et le peuple ne sera pas abusé.